AG a fait que ce bon nombre d’autres assureurs et banques ont souvent imaginé sans franchir le cap: décommissionner le mainframe. Même si les circonstances ne laissaient guère le choix.
D’ici deux ans, AG fêtera son 200e anniversaire. Avec 3 millions de clients, l’entreprise est le premier assureur du pays. L’histoire de son mainframe remonte à l’époque de l’éclatement de la crise bancaire. Fortis – dont appartenait l’assureur – s’est alors scindée en deux branches, les pouvoirs publics reprenant les activités bancaires belges de Fortis dont 75% étaient ensuite cédées à BNP Paribas. Dans le même temps, BNP Paribas entrait au capital de la branche d’assurance, alors active sous le nom Fortis Insurance, rebaptisée ensuite AG Insurance.
Exit le mainframe
A l’époque, un accord de partenariat avait été conclu entre AG et la nouvelle BNP Paribas Fortis, lequel venait désormais à expiration. “Même avec la nouvelle entité, nos systèmes critiques ont continué à tourner sur le mainframe IBM de l’ancienne Fortis”, précise Philippe Van Belle, Chief Information & Technology Officer d’AG. Voici 4 ans, l’assureur apprenait que le contrat d’externalisation de la plateforme z/OS d’AG arriverait à échéance fin 2022. “Nous venions tout juste de rénover l’ensemble des fonctionnalités. Il n’était donc pas question pour nous de répéter une nouvelle fois cet exercice – en l’occurrence 80 millions de lignes de code. Cela n’aurait tout simplement pas été possible dans un délai de 4 ans.”
Par ailleurs, AG n’était pas non plus enthousiaste à l’idée d’un basculement pur et simple des fonctionnalités existantes sur une autre plateforme mainframe. “A nos yeux, le re-platforming était la meilleure option, poursuit Philippe Van Belle. Entre-temps, nous assurions déjà la gestion de quelque 2.000 serveurs Windows. La meilleure solution selon nous consistait à migrer sur Windows l’ensemble des fonctionnalités du mainframe. Nous avons dès lors transformé cette échéance stricte de fin 2022 en véritable opportunité.” Du coup, AG pouvait couper les derniers ponts existants avec l’ancienne Fortis sur le plan de l’infrastructure IT.
Micro Focus a supporté la migration de l’IBM z/OS vers Microsoft Windows avec ses solutions Enterprise Developer et Enterprise Server. De son côté, HPE est intervenu comme intégrateur de systèmes et Capgemini comme partenaire de test. Avec comme résultat deux centres de données – à Diegem et Gembloux – hébergeant chacun 30 serveurs pour les applications critiques. L’infrastructure dessert 10.000 utilisateurs et traite 14 millions de transactions par jour. “L’économie que nous réalisons est énorme, confie encore Philippe Van Belle. La nouvelle plateforme Micro Focus Enterprise Server for Windows est tout aussi stable que le mainframe, tout en étant 75% meilleur marché. Le retour sur investissement est ainsi réalisé en 4 ans.”
L’avantage majeur pour AG est que l’assureur dispose désormais d’une infrastructure tournée vers l’avenir. “Il s’agit surtout d’une évolution progressive”, estime encore Philippe Van Belle. Dans le sillage de la migration du mainframe vers Windows, AG a également porté son environnement analytique et de rapportage vers Azure Synaps. “Nous avons ainsi pu offrir au métier un dorsal de données totalement renouvelé. Pour la première fois, deux mondes fusionnent alors qu’ils étaient jusque – là séparés, à savoir les données opérationnelles et l’analytique. Pour AG, il s’agit ni plus ni moins d’une révolution.”
Coup d’accélérateur
Le bilan du projet mené par AG suscite une question logique: pourquoi les autres assureurs et banques sont-ils à ce point dépendants de leur mainframe? Simplement parce que la migration est un exercice périlleux, explique-t-on. “Nous avons tout bonnement sous-estimé l’ampleur du projet, reconnaît Philippe Van Belle. Un mainframe offre une architecture de performances totalement différente de celle de Windows. Nous avons dû analyser la situation dans ses moindres détails avec Micro Focus et HPE.”
Finalement, le projet mené par AG s’est terminé en 3 ans, soit plus rapidement que prévu. “Mais jusqu’à 2 mois avant la mise en production définitive, le ciel n’était pas vraiment dégagé, admet Philippe Van Belle. Nous avons prévu en quelque sorte un plan B et même un plan C.” Ceux-ci n’ont finalement pas été nécessaires.
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