3. ” Le bitcoin devient un moyen de paiement à part entière “
Aujourd’hui, le bitcoin fait surtout la une des médias pour la volatilité de son cours. Cette cryptomonnaie a-t-elle usurpé ses ambitions ou s’imposera-t-elle finalement comme outil de paiement décentralisé ?
D’ACCORD Stefan Taubert, CryptoTaub
Stefan Taubert est actif depuis 25 ans dans le monde financier et est connu pour ses exposés et présentations sous l’étiquette CryptoTaub. A l’en croire, le bitcoin répond pleinement à la définition d’un moyen de paiement. ” Le fait que le bitcoin n’ait aucune valeur réelle n’est pas vraiment particulier. La convertibilité entre une devise comme l’euro ou le dollar et l’or n’existe plus depuis 1971. Un Etat peut donc émettre autant d’argent qu’il le souhaite. L’euro et le dollar n’ont donc aucune valeur spécifique. La politique monétaire du bitcoin est intégrée dans son programme, contrairement à de nombreux dispositifs publics qui prônent l’assouplissement quantitatif. ”
En réponse aux risques de cours pour les entrepreneurs, Stefan Taubert fait référence à des solutions de paiement comme BitKassa où l’entrepreneur choisit lui-même le type de risque qu’il veut prendre. Taubert estime qu’en ce qui concerne le temps de transaction, les gens confondent volontiers la transaction proprement dite et l’enregistrement de la transaction dans la chaîne de blocs. Du fait de son caractère ‘open source’ décentralisé, il considère le bitcoin comme le moyen de paiement le plus stable et le plus sécurisé au monde. ” Un nombre croissant d’entreprises paient d’ores et déjà en bitcoins. Je m’attends à voir cette cryptomonnaie s’imposer d’ici 5 ans comme un mode de paiement à part entière. Parmi les catalyseurs, il faut citer un cadre légal plus clair, un modèle plus clair et une convivialité accrue pour le consommateur ainsi qu’une évolution permanente dans le respect de la vie privée et de la rapidité de paiement. ”
PAS D’ACCORD Ivan Van de Cloot, économiste en chef au ‘think tank’ Itinera
” L’intérêt croissant porté au bitcoin s’explique par la crainte face à la domination du système financier, analyse Ivan Van de Cloot, économiste en chef au ‘think tank’ Itinera. Ce n’est toutefois pas parce que ce système connaît des problèmes que la moindre alternative devient forcément meilleure. Tout d’abord, il existe de très nombreuses cryptomonnaies. Pourquoi préférer telle à telle autre ? Désormais, on recense en outre un millier environ de monnaies virtuelles. ”
Selon Ivan Van de Cloot, le bitcoin tire sa valeur du fait que d’autres personnes veulent l’acheter. Il parle d’ailleurs aujourd’hui surtout de spéculation pure et simple. Dans le même temps, il s’inquiète de la consommation énergétique phénoménale associée à chaque transaction bitcoin.
Ivan Van de Cloot considère qu’il est de son devoir en tant qu’économiste monétaire d’insister sur la contradiction inhérente au bitcoin. ” Soit l’ambition est d’en faire une monnaie que l’on utilise comme moyen de paiement et d’unité de compte pour le trafic de paiement normal, soit c’est surtout un objet spéculatif. Le fait que ce soient surtout les variations de cours qui retiennent l’attention tend à cautionner la seconde approche. ”
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici