Un demi-milliard pour accrocher la Wallonie au 1er wagon de la révolution numérique

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Le gouvernement wallon a approuvé jeudi sa stratégie numérique “Digital Wallonia”, qui mobilisera sur quatre ans un demi-milliard d’euros afin d’accrocher la Wallonie “au premier wagon de l’industrie 4.0” et de la révolution numérique, selon le ministre de l’Economie Jean-Claude Marcourt.

Ces 500 millions d’euros, mobilisés via les fonds européens, les moyens du Plan Marshall 4.0 et des réaffectations de crédits ministériels, sont destinés à irriguer les écoles, les administrations, le monde de l’entreprise, les associations, le secteur de la santé, etc.

La part du lion (44%) ira au développement du secteur technologique – croissance et recherche – en mettant l’accent sur la dimension internationale, a détaillé M. Marcourt (PS).

Suit le monde de l’enseignement, avec l’ambition de renforcer l’équipement informatique de 500 écoles par an, y compris wi-fi et cloud sécurisé, ou encore des “school labs” pour la formation initiale et continue des enseignants au numérique.

“La Région wallonne se substitue ici à la Communauté française, confrontée à un manque de moyens”, a fait observer le vice-président PS des deux gouvernements du sud du pays. M. Marcourt y voit avant tout une synergie, de même qu’il juge le plan wallon cohérent par rapport au plan “Digital Belgium” développé au fédéral par le ministre Alexander De Croo.

Avec Digital Wallonia, les services publics, villes et régions rurales, l’e-commerce et l’économie par le numérique (imprimantes 3D, par exemple) feront l’objet de mesures largement inspirées du rapport du Conseil du numérique wallon qui avait formulé ses propositions à la mi-septembre.

Tous ces moyens publics doivent être vus comme des leviers pour susciter l’intérêt des entreprises, appelées à apporter elles aussi leur contribution, selon le ministre Marcourt.

Parmi les exemples-phares de Digital Wallonia, on notera la création d’un Digital Wallonia Hub (80 millions d’euros) destiné à mieux adapter la recherche et l’innovation aux besoins du secteur, à son évolution, et mieux connecter les équipes de recherche entre elles et vers l’international.

Un fonds numérique (80 millions) verra aussi le jour, pour favoriser les start-ups et développer les petites entreprises. Les communes bénéficieront d’une centaine d’espaces publics numériques supplémentaires – pour arriver à 250 – tandis que d’autres moyens seront affectés au développement des “smart cities” via un appel à projets.

L’administration ira vers plus de dématérialisation (permis d’environnement, guichets uniques virtuels, dossier fiscal personnel, facturation électronique), a illustré le ministre de la fonction publique Christophe Lacroix.

Le plan favorisera l’échange de données entre administrations, l’analyse du “big data” (grandes masses de données) permettra des stratégies affinées – par exemple pour asapter le futur prélèvement kilométrique des poids lourds -, les fonctionnaires seront mieux formés aux réflexes numériques, a-t-il ajouté.

Le ministre des Travaux publics Maxime Prévot a lui insisté sur le raccordement des zones d’activités économiques au très haut débit via la fibre optique, l’extension au monde rural des espaces de co-working, la transition numérique du secteur du tourisme et les projets d’e-santé.

Actuellement, le secteur numérique wallon ne capte que 10% de la valeur ajoutée totale numérique produite en Belgique, et représente un poids trop faible dans l’économie wallonne (1,4% du PIB, contre 2,6% en Flandre et 7,6% à Bruxelles), avait constaté le Conseil du numérique wallon.

“La Wallonie n’est pas en retard, mais elle n’est pas en avance non plus”, a reconnu le ministre-président wallon Paul Magnette. Le volet numérique du Plan Marshall “a pris des dimensions qui ont dépassé ce qu’on avait imaginé”, s’est-il réjoui.

La mise en oeuvre de l’entièreté des mesures préconisées en septembre par le Conseil du numérique aurait nécessité quelque 600 millions d’euros, avait estimé son président Pierre Rion, alors que M. Marcourt avait évoqué à cette occasion la possibilité de mobiliser 300 millions.

Pour élaborer son plan à 500 millions d’euros, le gouvernement avait parié sur la consultation du terrain, via les Assises du numérique, la plate-forme collaborative printempsdunumerique.be, le tout piloté par le Conseil du numérique. Cet organe sera institutionnalisé, dans une composition plus restreinte, toujours sous la présidence de l’homme d’affaires Pierre Rion.

M. Marcourt a confirmé qu’il reprendrait contact en janvier avec les trois principaux opérateurs d’internet mobile en Wallonie, qui ont rejeté mardi une proposition gouvernementale sur l’avenir de la taxe pylônes au regard de la couverture du territoire wallon par le très haut débit (5G). “On a sous-estimé l’asymétrie du poids économique des opérateurs, qui n’étaient pas d’accord pour une mutualisation, mais on perçoit la taxe tant qu’il n’y a pas d’accord”, a commenté le ministre.

“N’oublions pas que le plan numérique restitue en soutiens publics plus de six fois ce que rapporte la taxe pylônes”, a glissé Paul Magnette

(Belga, FT)

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