Mission économique dans la Silicon Valley : le debriefing

Une bonne trentaine de start-ups technologiques étaient représentées parmi les plus de 300 participants à la mission économique princière en Californie. Que vont-elles en retenir?

Une bonne trentaine de start-ups technologiques étaient représentées parmi les plus de 300 participants “business” à la mission économique princière en Californie qui s’est terminée ce 9 juin. Un record. Que vont-elles en retenir ? Petit debriefing avec cinq d’entre elles.

Les moments les plus enrichissants de cette semaine en Californie, la plupart des patrons de start-ups interrogés ne les ont pas vécus lors des visites ‘officielles’ avec l’imposante délégation princière de près de 400 personnes, mais bien lors d’événements en petits groupes concoctés à la marge.

Pour une start-up technologique, le ‘retour sur investissement’ d’un tel voyage vient surtout de la combinaison entre le ‘prestige’ d’une mission parfois trop solennelle et un agenda parallèle plus ‘informel’. La présence du Prince a visiblement des bons et des moins bons côtés.

“La présence princière et le décorum aident à attirer des leaders d’opinion. On a beau dire, mais cela donne quand même une certaine stature à l’invitation. Même aux Etats-Unis, ce côté VIP impressionne toujours,” pense David Boulanger, le fondateur de Now.be, un spécialiste de l’apprentissage interactif et l’e-learning.

“J’ai notamment pu rencontrer Craig Weiss, un des experts les plus influents en matière d’e-learning dans le monde. Il a publié un “tweet” positif sur l’un de nos produits, ce qui nous a valu une bonne vingtaine d’inscriptions pour tester notre produit, dont déjà une commande ferme. Rien qu’avec cela, mon voyage est rentabilisé !”

Relative déception chez les ‘grands’

La taille de la mission autant que son caractère princier ont permis d’ouvrir des portes, celles de Microsoft, HP, Cisco et Google, mais elles en ont aussi fermé, ne fût-ce que pour des raisons logistiques. Facebook, eBay ou Apple auraient décliné les sollicitations belges pour ces raisons.

Sans doute est-ce l’ampleur de la délégation autant que sa diversité qui explique aussi que la plupart des visites chez les ‘géants ICT’ ont laissé un goût de trop peu. “Les présentations étaient plutôt moyennes. Chez HP, elles ont été sauvées par le charisme de la CEO (ndlr Meg Whitman). Le mot ‘cloud’ était partout. Mais pour le reste, on se demandait parfois où était réellement l’innovation,” poursuit David Boulanger.

“Les présentations étaient bien ficelées, mais sans surprise,” confirme Geert Coppens, cofondateur de Moovly, une toute jeune entreprise qui développe une plateforme SaaS de création de contenu multimédia.

Avec tout de même une exception pour Google : “Leur vision de l’internet des objets, à travers des innovations comme les Google Glasses, la Driveless Car ou Google Fiber, est réellement imposante.” Il regrette juste, comme nombre de ses collègues, que les visites chez les grands n’aient pas été accompagnées de possibilités d’interactions “one to one” avec des responsables, par exemple via du speed dating.

Parmi le programme ‘officiel’, la soirée-débat avec un certain nombre de ‘venture capitalists’ a été largement appréciée par les start-ups belges, en particulier les possibilités de contacts ‘informels’ qui ont suivi. “Je suis heureux d’y avoir rencontré des investisseurs, dont certains siègent dans de grosses sociétés américaines de ‘marketing software’, souligne Toon Deleeck, le CEO belge de MetaMarketing, une start-up spécialisée dans le logiciel marketing, qui a déjà un pied à New York.

“Mon but était de faire la connaissance d’investisseurs que je pourrai ensuite revoir à New York,” explique l’entrepreneur belgo-américain, qui comme beaucoup, a aussi profité de la mission pour faire du networking “entre Belges”. Les contacts ne sont jamais aussi bons qu’à plusieurs milliers de kilomètres de la maison.

‘Boostant’

Les ‘starters’ belges sont le plus enthousiastes lorsqu’il s’agit d’évoquer les moments de networking ou visites d’entreprises ‘en parallèle’.

“Le plus impressionnant pour moi restera les visites en petits groupes organisées notamment par l’ABE et l’AWT, en particulier la soirée chez LinkedIn. Les responsables ont vraiment pris le temps de bavarder avec nous. On ne rencontre pas tous les jours une entreprise dont chaque employé génère 250.000 dollars par an,” fait remarquer Patrick Eischen, le CEO de Selinko, spécialisée dans l’authentification de produits de luxe au moyen de la technologie NFC.

“Le gros avantage de ce genre de voyage, c’est de sortir du cocon belge et de voir comment les Américains fonctionnent : comment ils définissent un objectif et se donnent les moyens d’y arriver. C’est très ‘boostant’.” Certaines start-ups belges ont ainsi pu visiter des entreprises de la Valley en plein boom comme Square, Stripe, Websense ou Apigee.

La “Belgian Tech Pitch Night” organisée à San Francisco a également été un moment fort et une belle occasion d’échanger des cartes de visites avec des investisseurs locaux. Pour la petite histoire, les quatre “gagnants” ont été dans l’ordre 2Houses, Additionly, Selinko et Knowledge Plaza.

Webmission chez les ‘Belges’

Antoine Perdaens, le fondateur de Knowledge Plaza, spécialiste belge des réseaux sociaux appliqués au monde de l’entreprise, était du voyage en tant qu’entrepreneur mais aussi comme guide d’une Webmission qui a permis à une trentaine de ‘starters’ de rencontrer des entrepreneurs belges de la Silicon Valley.

Ils ont pu visiter Storify et Twitspark, les ‘succes stories’ de Xavier Damman et Davy Kestens. Soit deux beaux exemples de comment intégrer les médias sociaux dans un ‘business model’.

La délégation a également pu faire la connaissance de Belges qui occupent des positions importantes, notamment chez Instagram (et donc Facebook) et chez Google.

“Nous avons visité une entreprise ‘belge’ pratiquement chaque jour. Cette multiplication de la colonie belge dans la Silicon Valley est sans doute l’évolution la plus marquante par rapport aux Webmissions précédentes déjà organisées sur San Francisco,” observe Antoine Perdaens.

Une présence belge grandissante qui va sans doute jouer un rôle d’aimant pour d’autres entrepreneurs ICT. Car si les retombées concrètes du voyage varient fortement d’une start-up à l’autre, une chose est certaine : la Valley n’a rien perdu de son pouvoir d’inspiration et d’attraction.

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