Les Belges à l’étranger

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Selon une étude du SPF Affaires étrangères, quelque 442.000 Belges travaillaient en 2017 à l’étranger. Dont certainement une grande partie dans le secteur informatique.

Parmi les Belges qui travaillent à l’étranger, il y a Jappe Pollentier, cofondateur et COO de la start-up Octotrip, et Bram Spiessens, spécialiste en recrutement chez Google, respectivement basés à Bangkok et à New York. Selon ses propres dires, Bram Spiessens est arrivé chez Google de manière organique – on pourrait presque parler de hasard. ” J’ai d’abord travaillé chez Google Irlande, explique-t-il. C’est fortuitement que je suis tombé sur cette année, alors que je n’avais aucun plan précis de partir à l’étranger. Mais j’ai posé ma candidature et ils ont été particulièrement séduits par mes connaissances en langues. Par la suite, j’ai répondu au départ de l’Irlande à une annonce pour un emploi chez Google aux Etats-Unis. A l’époque, je n’étais pas depuis très longtemps avec ma femme, une Américaine, et nous envisagions d’émigrer vers les USA. Je dois avouer que les choses ont été compliquées. Si vous n’avez pas d’adresse aux Etats-Unis au moment où vous sollicitez, vous pouvez l’oublier. Finalement, j’ai décidé de me lancer ailleurs aux Etats-Unis comme recruteur. Par la suite, je suis revenu chez Google parce que j’apprécie vraiment le cadre de travail. En outre, vous êtes à tout moment entouré de talents. ”

Le talent n’était pas vraiment la raison qui a poussé Jappe Pollentier à s’installer à Singapore, puis à déménager à Bangkok dans la capitale thaïlandaise. Le facteur déterminant a surtout été le fait qu’aucun des 3 cofondateurs n’est parvenu à s’identifier à la mentalité belge des start-up. ” Voici 2 ans environ, nous avons commencé le développement d’une plate-forme de voyage, explique-t-il. Dès le premier jour, notre optique était l’international dans la mesure où nous offrons une couverture mondiale. Mais ce n’était pas du goût des conseillers belges. Ceux-ci nous ont recommandé de nous concentrer sur Gand, Anvers et Bruxelles. Or très vite, nous avons constaté qu’Octotrip devait surtout se tourner vers le marché asiatique. Là-bas, contrairement à la Belgique, notre concept suscitait un enthousiasme débordant. ”

Mentalité

Pollentier considère la mentalité asiatique du ‘tout est possible’ comme une plus-value. ” En Belgique, il y a encore beaucoup à faire en termes d’ambition, considère-t-il. Les entrepreneurs affirmés ne reçoivent pas toujours le soutien nécessaire, ce qui peut être décourageant. Alors qu’ici, à Bangkok, ‘the sky is the limit’.

En outre, j’ai l’impression de pouvoir m’identifier toujours plus à la culture locale à mesure que je réside sur place. Si vous nouez en Thaïlande un partenariat – avec un client ou fournisseur -, le contact est basé sur les relations. En fait, vous nouez des amitiés avec d’autres entreprises. Un dîner au restaurant, un verre au bureau : c’est dans l’ordre des choses. Attention : ce n’est pas toujours un avantage. Il s’agit d’une frontière très mince et difficilement tangible, ce qui fait que l’on n’est jamais sûr à 100 % de décrocher le contrat. Lorsque je rentre en Belgique, je suis toujours surpris par la culture classique du meeting qui y règne. Les gens s’enferment dans une salle de réunion pour en ressortir 1 heure après. ”

Pour sa part également, Spiessens considère son environnement de travail actuel, le ‘Google spirit’, comme fantastique. Il apprécie surtout la recherche de résultats, et la flexibilité qui y est associée. ” En fait, la mentalité 9-5 n’existe pas ici, insiste-t-il. J’ai une famille et il est donc pratique de savoir que peu importe l’heure à laquelle j’arrive au bureau. Attention : ce n’est pas typique de Google, mais de l’ensemble des Etats-Unis. Si c’est mieux qu’en Belgique ? Pas vraiment. J’ai travaillé chez Accenture et il y régnait déjà cette même mentalité. Ce qui me frappe surtout, c’est qu’en tant que recruteur chez Google, je suis considéré comme un partenaire, alors qu’en Belgique, cette fonction est plutôt de type transactionnel. ”

Diversité

L’un des thèmes récurrents abordés par nos interlocuteurs est la diversité. ” Chez Google en particulier et aux Etats-Unis en général, il s’agit là vraiment d’un élément important dans le processus de recrutement, précise Spiessens. Ce n’est pas vraiment nouveau – c’est depuis des années déjà un thème majeur. Du coup, il faut veiller en tant que recruteur à la manière d’aborder certains sujets. C’est pourquoi de nombreuses formations sont données sur ce sujet outre-Atlantique. Question de ne pas être poursuivi pour des questions d’éthique ou de conformité. ”

” Comme nous avons migré assez rapidement en Asie, c’était pour Octotrip un must de bâtir une équipe internationale, note Pollentier à ce propos. Nous avons certes une petite équipe, mais nous avons un Thaïlandais. Vous avez besoin de collaborateurs locaux pour entrer dans une entreprise thaïlandaise. Ce n’est pas uniquement pour une question de différence de culture, mais parce que le monde économique thaïlandais ne parle pratiquement pas l’anglais. Comme nous ciblons surtout les PME, il est relativement compliqué de maîtriser la langue locale. ”

Octotrip

Année de création: 2016

Lieu: Singapore

Activités: travel software

CEO: Jens Oreel

Fondateurs: Jappe Pollentier, Jens Oreel, Jarrich Van De Voorde

Collaborateurs: 8

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