La sauvegarde n’est pas – seulement – ce que vous croyez

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Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

La sauvegarde est une opération indispensable que l’on espère ne jamais devoir utiliser. A moins de l’utiliser pour d’autres processus organisationnels. Telle est la voie empruntée par l’éditeur de logiciels Veeam.

Aqui s’adresser, en tant que spécialiste de la sauvegarde, pour vendre son produit alors que toute entreprise utilise déjà cette solution sous une forme ou une autre ? La question peut sembler rhétorique, mais plusieurs fournisseurs continuent néanmoins à se développer dans ce domaine. Ainsi, le spécialiste de la sauvegarde Veeam Software vient de franchir la barre de 1 milliard $ de chiffre d’affaires, une étape certes symbolique, mais que son cofondateur Ratmir Timashev annonçait déjà en 2013. Sur ce marché de la sauvegarde, Veeam occupe la 3e position, derrière Dell EMC, alors que le leader du marché est Veritas. ” Mais leur part de marché régresse depuis 13 années consécutives “, insiste Dave Russell, ex-analyste chez Gartner et désormais actif chez Veeam. Data News l’a rencontré à l’occasion de la récente conférence VeeamON. ” Le logiciel de sauvegarde est souvent qualifié de ‘commodité’ et associé au matériel de stockage. Ce qui est totalement erroné à mon sens. C’est une ‘commodité’ dans le sens qu’il y a désormais un vaste choix de fournisseurs de qualité. Mais ce segment reste caractérisé par l’innovation. C’est ainsi que la sauvegarde est le meilleur remède contre les infections de type rançongiciel. Et les sauvegardes peuvent même contribuer à faciliter ou à accélérer la transformation numérique d’une entreprise “, estime ainsi Dave Russell.

La véritable valeur se situe dans la reprise, pas dans la sauvegarde. Mais les sauvegardes permettent de faire désormais d’autres choses que la simple restauration.

” Nous avons commencé par la fonctionnalité ‘instant recovery’ qui tournait littéralement sur le stockage de sauvegarde, explique Mike Resseler, ‘product strategy specialist’ chez Veeam. Puis avec Datalabs, nous avons ajouté une fonction supplémentaire. Et voici quelques mois, nous avons notamment lancé la possibilité de faire tourner un antivirus sur les sauvegardes. Et c’est plus important que cela ne semble paraître dans la mesure où les définitions de virus d’aujourd’hui peuvent permettre de retrouver des infections sur des sauvegardes faites plusieurs mois auparavant. Dans le cas d’une infection par virus ou rançongiciel, vous pouvez ainsi être assuré que vous ne restaurez pas des données compromises. ”

” De même, nous proposons une solution au niveau du RGPD : lorsque vous restaurez des données, vous pouvez vérifier s’il y a des données que vous ne pouvez effectivement pas restaurer. Il est alors possible de les supprimer avant de procéder à la restauration, poursuit Resseler. Et entre-temps, certaines entreprises ont découvert qu’elles pouvaient encore faire d’autres choses avec leurs sauvegardes. Nettoyer leurs données par exemple, avant de les transmettre aux développeurs. De sorte qu’il n’y ait plus de données sensibles. Ou y appliquer des outils de ‘business intelligence’. Nous allons à l’avenir encore davantage explorer cette voie qu’est la création de fonctionnalités supplémentaires et de valeur ajoutée autour des sauvegardes. ”

Une question de budget

De plus en plus avec des partenaires, d’ailleurs. Veeam a commencé par le ‘stockage primaire’ pour s’intéresser désormais aussi au stockage secondaire, d’abord avec Nutanix puis avec ExaGrid. ” Avec DataLabs, nous pouvons maintenant proposer des API à des tiers afin que ceux-ci puissent avoir accès à certaines sauvegardes. Ce qui leur permettra par exemple de faire du décisionnel ou de l’analyse de données directement sur les fichiers de sauvegarde. La production s’en trouve ainsi déchargée et l’investissement est mieux rentabilisé puisque l’entreprise se dote d’outils supplémentaires pour extraire des informations intéressantes “, ajoute Resseler. Cette approche permet donc de proposer au client final de nouveaux cas d’utilisation puisque la sauvegarde ne sert plus uniquement à la restauration de données. ” C’est exact, confirment Mike Resseler et Dave Russell. La rentabilité des opérations de sauvegarde s’en trouvera sensiblement améliorée. Certes, chaque client dispose d’un budget de sauvegarde. Car chaque entreprise a un jour perdu des données et entend l’éviter à l’avenir. Mais il y a toujours une marge d’amélioration. De nombreuses organisations disposent certes d’un plan de reprise après sinistre, mais décident par exemple pour des raisons budgétaires de ne l’appliquer qu’au courrier électronique et pas aux fichiers individuels des collaborateurs. Non pas qu’elles ne veulent pas, mais que leur budget ne le permet pas. ” La reprise après sinistre s’apparente à une assurance : les gens ont conscience qu’ils en ont besoin, mais ne savent pas combien investir. Et surtout, ils espèrent ne jamais devoir y recourir. Nous les y aidons en innovant dans de nouveaux cas d’utilisation des données de sauvegarde “, ajoute Resseler.

Les exemples qu’il évoque à cet égard sont typiquement applicables sur site, sans pour autant que Veeam se limite à cet environnement. ” Nous avons notamment lancé la sauvegarde et la réplication pour AWS et Azure, et nos nouveaux développements sont toujours plus axés sur cette évolution. L’intégration se fait désormais aussi avec le cloud dans un modèle hybride. De même, nous faisons en sorte que les sauvegardes de données puissent également servir réellement à des fins de productivité, où la restauration reste certes très importante, mais ne se limite plus uniquement à cette restauration. Sur site et/ou dans le cloud : l’avenir de Veeam se situe clairement dans le modèle hybride “, conclut Resseler.

La sauvegarde est et reste au coeur de notre Plateforme, mais les clients disposent toujours plus d’environnement cloud hybrides avec Azure, AWS, IBM et Google, et ne demandent plus uniquement de la sauvegarde “, a insisté Ratmir Timashev, cofondateur, dans son discours inaugural de la conférence VeeamON de Miami. En janvier, la société avait déjà lancé une mise à jour de son Availability Suite dotée surtout de fonctions nouvelles et enrichies en matière de migration et de déplacement de charges de travail dans le cloud, de sauvegarde ‘cloud native’ et de gouvernance de données. Et à Miami, Veeam a dévoilé plusieurs améliorations au niveau de la couche d’orchestration. La version 2 de l’Availability Orchestrator offre davantage d’automatisation dans la reprise après sinistre et la migration de données. ” Cette version 2 offre des plans de restauration permettant un ‘restore’ instantané de VM. Mais elle permet aussi la restauration sur un autre site, précise Danny Allan, ‘vp product strategy’ chez Veeam. Ce faisant, la véritable force de notre solution réside certes dans la reprise, mais celle-ci n’est possible qu’avec des sauvegardes de qualité. ” Comme quoi vos sauvegardes ont plus de valeur que vous ne le pensez…

La moitié des entreprises envisagent de renouveler leur sauvegarde

Environ 1 entreprise sur 2 à l’échelle mondiale entend, d’ici 2021, continuer à enrichir ou renouveler son/ses application(s) de sauvegarde : telle est la conclusion de l’analyste de marché Gartner qui a publié fin 2018 une étude sur ce thème. Un avis que Gartner partage puisque le bureau d’études ESG constate un bouleversement majeur sur le marché, les acteurs traditionnels étant mis sous pression. Dans son rapport publié fin 2018 également, ESG précise que 23% des entreprises répondent ‘très probablement’ à la question de savoir si elles envisagent de changer leur solution de sauvegarde existante, tandis que 33% s’en tiennent à un ‘probablement’. Ce même rapport indique que les jours de la solution de sauvegarde ‘unifiée’ sont comptés, sachant que la plupart des organisations utilisent 2 à 3 solutions de sauvegarde, tant sur site que dans le cloud.

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