” La RPA pour faciliter la numérisation “

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La robotisation est en marche. Même Gartner l’affirme. Le cabinet d’études considère la RPA (robotic process automation) comme l’un des segments en plus forte croissance des logiciels d’entreprise.

Ce n’est en général pas par hasard que Gartner lance une nouvelle catégorie de logiciels. Ainsi, la définition par le cabinet d’une nouvelle catégorie sous l’étiquette RPA – tout en la décrivant d’emblée comme un segment en forte croissance des logiciels d’entreprise – a dopé les attentes du marché face à cette technologie. ” Nous estimons qu’en 2021, le marché devrait connaître des bouleversements majeurs, précise Vargha Moayerd, ‘chief strategy officer’ d’UiPath, l’entreprise qui domine le marché selon le quadrant magique de Gartner. Des ‘pure players’ comme UiPath, Automation Anywhere et Blue Prism – soit le top 3 en RPA – devraient poursuivre leur croissance en 2021. Pour la grande majorité des autres acteurs, un rachat par un géant apparaît comme le scénario le plus probable, une tendance qui ne fait que se confirmer. C’est ainsi que Microsoft a racheté Solftomotive, SAP a mis la main sur Contextor et IBM a repris WDG Automation.

Même les entreprises ‘digital native’ doivent faire face à un héritage. Preuve de la rapidité d’évolution du marché !

De la fonction au processus

UiPath risque-t-elle également d’être absorbée ? ” Tel ne sera pas le cas, estime un Vargha Moayed catégorique. Nous sommes leader du marché et progressons de 100% par an. Nous avons récolté suffisamment de capitaux pour continuer sur notre voie. ” Cela dit, Moayed confirme que le marché des rachats est en pleine ébullition et que l’intérêt pour la RPA ne fait que croître. ” Cette évolution prouve d’ailleurs que la RPA n’est pas tant un outil tactique qu’une approche stratégique. ” Ah bon ! La RPA n’était-elle pas une solution permettant en fait d’automatiser les opérations gérées par un logiciel comptable ? ” Pas du tout, rétorque Moyaed. La numérisation telle qu’on la connaît désormais ne date pas d’aujourd’hui. ” Reste que cette numérisation a toujours été associée à une seule fonction : SAP pour la production, Workday pour les RH, Salesforce pour le CRM, etc. Ces solutions créent inévitablement des silos, à moins de parvenir à les intégrer au sein d’un processus.

” Les ‘pure players’ comme UiPath poursuivent leur croissance, alors que les plus petits fournisseurs RPA sont rachétés par de grands éditeurs. ” Vargha Moayed, ‘chief strategy officer’ de UiPath :

” Cette intégration peut être réalisée de différentes manières, poursuit Moayed. Ainsi, on peut faire recopier par l’homme les données d’un système à un autre. C’est d’ailleurs le marché qui a fait le succès de l’externalisation de processus métier. ” Mais il existe d’autres alternatives. ” On peut connecter les applications à l’aide d’API ou, plus simple encore, opter pour un ‘stack’ complet, soit l’ensemble des solutions chez un seul et même fournisseur. ” Moayed précise que si toutes ces solutions fonctionnent, ” la réalité veut que le métier s’accélère. Or avec un tel ‘stack’, vous êtes toujours en retard sur les faits. ” Ce qui est dangereux dans la mesure où les utilisateurs risquent alors de prendre l’initiative et de rechercher une solution différente. ” Et donc, il est plus malin de choisir une autre approche de l’IT qui ne soit plus axée sur la fonction, mais sur le processus, pas sur l’IT pure et dure, mais l’IT en collaboration avec le métier. ”

Domaine stratégique

Ainsi, Uber et Facebook sont clients d’UiPath. ” Il s’agit d’entreprises ‘digital native’, note Vargha Moayed. Mais elles aussi doivent faire face à un héritage. Preuve de la rapidité d’évolution du marché ! ” Bref, le besoin d’un nouveau type de logiciel se fait sentir pour permettre une numérisation orientée processus, ultra-rapide et touchant toutes les couches de la plateforme héritée. ServiceNow ne permet-elle pas de résoudre ce problème, peut-on se demander ? ” Pas vraiment, note Moayed. Car ces entreprises ont besoin d’un jeu d’outils capable de découvrir ces processus, puis construire rapidement de nouveaux processus, automatiser les tâches dans ce contexte, etc. Il s’agit d’une automatisation de bout en bout au sein d’une même Plateforme. Nous utilisons pour ce faire l’IA et le ML pour aller au-delà du domaine de l’automatisation classique. C’est le segment dans lequel nous sommes spécialisés et il s’agit clairement d’un domaine stratégique. ”

” La RPA fait le pont entre la numérisation et l’automatisation. ” Jeroen Baetens, directeur des ventes et du marketing de Dynatos

Gardant le cap strict qu’elle s’est fixé, UiPath poursuit sa croissance. Daniel Dines (ex-Microsoft) a fondé l’entreprise sous le nom DeskOver à Bucarest en 2005. ” Jusqu’en 2012, l’entreprise était aux mains d’une poignée de ‘geeks’ qui développaient des applications de bureautique, notamment en reconnaissance d’écran, explique encore Vargha Moayed. Or si une technologie est en mesure de reconnaître ce qui se passe à l’écran, il est également possible de reproduire les actions que les utilisateurs font sur cet écran. ” C’est ainsi qu’UiPath est arrivée un peu par hasard dans le domaine de la RPA. Entre-temps, le siège central de l’entreprise a été transféré à New York et l’entreprise affiche une capitalisation boursière de 10 milliards $. Au départ de ses bureaux de Bruxelles, l’entreprise assiste notamment l’agence flamande Vlaio. Durant la crise du Covid-19, la solution de RPA a traité 600.000 demandes de droit-passerelle pour indépendants.

Meilleure accessibilité

Pour sa part, la société flamande FlinQ Automation s’est forgé une solide expérience dans la RPA. Créée au sein de Dynatos, une société du groupe Cronos spécialisée dans l’automatisation de processus financiers, FlinQ Automation se positionne comme un acteur indépendant des fournisseurs. En pratique, l’entreprise développe des projets sur la base de technologies d’UiPath, Automation Anywhere ou Kofax RPA. ” Depuis 2 à 3 ans, nous avons constaté un effet de mode pour la RPA, précise Jeroen Baetens, directeur des ventes et du marketing de Dynatos. C’est surtout le CFO qui manifeste un vif intérêt. Il espère ainsi automatiser un maximum d’opérations sans l’aide du département IT. Sur le terrain cependant, nous constatons que l’IT doit être impliquée, mais que le seuil technologique est désormais nettement plus bas. Du coup, le métier peut s’impliquer lui-même dans l’automatisation des processus. ”

” La RPA fait le pont entre la numérisation et l’automatisation. ” Jeroen Baetens, directeur des ventes et du marketing de Dynatos

La plupart des entreprises belges sont en phase de reconnaissance, même si plusieurs grandes organisations – dont des banques et des fournisseurs d’énergie – utilisent désormais déjà la RPA dans leur pratique courante. ” Investir dans la RPA est clairement une décision stratégique, précise Elizaveta De Muynck, RPA Team Lead chez FlinQ Automation. La RPA fait office de colle entre différentes technologies et constitue incontestablement un facilitateur de l’intelligence artificielle. ” Certes, l’IA permet d’analyser les données, mais la RPA se charge d’automatiser la collecte de ces données, le transfert des résultats vers d’autres applications, etc. ” Je considère la RPA comme un pont entre la numérisation et l’automatisation, poursuit Elizaveta De Muynck. Les employés comprennent toujours mieux qu’un robot peut exécuter des tâches répétitives, ce qui dégage du temps pour des tâches à valeur ajoutée. ”

Rapide et flexible

Ce dernier aspect est important dans la mesure où de nombreux articles relatifs aux robots ont une connotation négative auprès du grand public. Cependant, la RPA ne vise pas par priorité à réduire les coûts par une suppression des tâches confiées à l’être humain, mais à apporter de la valeur ajoutée. ” Autrefois, les entreprises optaient pour l’externalisation ou l”offshoring’, note encore De Muynck. A l’époque, les processus n’étaient que peu impliqués. Mais comme le métier évolue désormais très rapidement, il se révèle précisément utile de suivre de très près ces processus. Il faut pouvoir agir rapidement de manière flexible. C’est exactement ce que promet la RPA. ”

Quoi qu’il en soit, l’entreprise se doit évidemment de savoir quels objectifs elle cible. ” La stratégie numérique doit constituer un point de départ, considère De Muynck. Dans la plupart des entreprises, des opportunités existent dans le domaine de la RPA, encore faut-il savoir précisément par où commencer. Via une session de découverte, nous leur expliquons les possibilités. Après un premier projet, certes limité mais réussi, autour de la RPA, la pompe est rapidement amorcée. Ce faisant, l’entreprise peut aborder ses processus pas à pas et relever à chaque fois la barre un peu plus haut en termes de RPA. ”

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