4. ” La chaîne de blocs bouleversera l’ensemble de l’économie “

Klara Paardenkooper © Marco De Swart

Rares sont les technologies qui suscitent tant d’intérêt – ouvertement ou non – de la part d’entreprises, organisations et administrations publiques. Alors que d’aucuns y voient ‘the next big thing’, d’autres considèrent plutôt qu’il s’agit de la ‘next big hype’. Qui a raison ou tort, ou la vérité se situe-t-elle au milieu ?

D’ACCORD Klara Paardenkooper, régisseure de chaîne en matière de chaîne de blocs à la Haute Ecole de Rotterdam

Klara Paardenkooper est régisseure de chaîne en matière de chaîne de blocs à la Haute Ecole de Rotterdam. Elle sonde les champs d’application presque infinis de la technologie, mais estime que sa définition est trop complexe et préfère s’en tenir à une base de données distribuée, avec stockage décentralisé. Le spécialiste français de l’informatique Jean-Paul Delahaye compare la chaîne de blocs plutôt à un vaste livre que tous les utilisateurs peuvent lire et dont ils définissent eux-mêmes les personnes qui peuvent ajouter du texte nouveau, chaque mot écrit devenant alors ineffaçable.

Selon la chercheuse, la chaîne de blocs rend superflu le rôle de nombreux intermédiaires classiques. ” Un nombre bien plus grand d’employés que vous ne le pensez font office d’intermédiaire. Ainsi, la chaîne de blocs remet en question la raison d’être des courtiers, notaires, banquiers et avocats, fait-elle remarquer. Nous pouvons même nous demander si l’administration est bien la mieux placée pour gérer certaines transactions. ” Klara Paardenkooper réfute la comparaison spontanée avec le bitcoin. ” Il s’agit là d’un exemple de chaîne de blocs publique. Avec les ‘smart contracts’ ou les chaînes de blocs fermées, seuls les acteurs participants peuvent avoir accès. Les exigences sur le plan de la puissance de calcul et de l’infrastructure sont en outre nettement plus réduites. ”

4.

Avec ses étudiants, Klara Kaardenkooper a analysé 52 cas d’utilisation. La plupart des projets se situent dans le monde du transport, suivi du secteur financier et de l’industrie alimentaire. La plupart des applications connues sont déployées dans les supermarchés. Ainsi, le client d’Albert Heijn peut lire via un code QR sur l’emballage le trajet suivi par sa bouteille de jus d’orange jusque dans le magasin. Cette route a été tracée dans une chaîne de blocs.

PAS D’ACCORD

Si de nombreux experts voient dans la chaîne de blocs un avenir des plus prometteurs, de nombreuses expériences ne dépassent pas le stade du projet. Un phénomène qui n’a pas échappé à Gartner. Cet analyste a en effet mis en garde voici quelques mois contre la lassitude face à la chaîne de blocs, se basant pour ce faire sur une enquête mondiale auprès d’entreprises. Ainsi, les répondants précisent que l’échec de la mise en production de projets s’explique par un manque de maturité de la technologie, l’absence de standards, des objectifs trop ambitieux et un malentendu à propos de l’utilité de la chaîne de blocs pour les sous-traitants. Le rapport cite comme handicap supplémentaire le fait que la technologie oblige les entreprises à collaborer.

Gartner recommande aux organisations de rester vigilantes et de ne pas implémenter la technologie trop précipitamment. ” La priorité doit être donnée au projet pilote, à l’expérience sur un périmètre réduit, ce qui permettra aux utilisateurs d’en tirer les leçons. ”

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