37. ” D’ici 5 ans, l’interface cerveau-ordinateur sera réalité “

Mannes Poel

Une technologie capable de mesurer et d’interpréter les signaux de notre cerveau pour nous permettre de commander des processus ou des appareils par notre seule pensée ? L’idée est moins futuriste qu’il n’y paraît. Notre cerveau sera-t-il relié demain à un ordinateur ? Et s’agit-il là d’un progrès pour la société ?

D’ACCORD Mannes Poel, professeur à l’université de Twente

” Le concept est en fait déjà dépassé puisqu’il est d’ores et déjà possible de connecter un cerveau à un ordinateur “, souligne Mannes Poel, professeur à l’université de Twente et chercheur en matière d’interfaces cerveau-ordinateur. ” L’ordinateur analyse déjà notre comportement non verbal, nos attitudes, l’intonation de notre voix et les expressions de notre visage. Ce faisant, il parvient à estimer de manière relativement précise si deux personnes entretiennent une relation amoureuse ou à évaluer comment une personne se sent sur la base de ses tweets. ”

” Dans les exemples évoqués ci-dessus, l’ordinateur analyse les signaux envoyés par notre corps. Le corps fait en somme office d’intermédiaire. Or les plus récents développements technologiques permettent de mesurer et d’analyser directement les signaux du cerveau. Dès lors, des personnes handicapées peuvent faire bouger leur prothèse à l’aide de leur cerveau, tandis qu’il est possible de mesurer l’état mental d’une personne sans que son corps agisse comme un intermédiaire. ”

” Tant des universités que des entreprises technologiques planchent sur des programmes de recherche visant à mettre au point une BCI ou brain-computer interface. Des innovations technologiques comme les capteurs portables, les algorithmes intelligents et la miniaturisation vont permettre de relier directement l’ordinateur à notre cerveau. La BCI nous permet de commander ces équipements de manière plus efficace. Elle améliore l’autonomie des personnes souffrant d’un handicap, permet aux personnes âgées de rester plus longtemps chez elles et fait en sorte que les patients puissent être davantage indépendantes, de même qu’il est possible de vérifier l’état mental d’opérateurs réalisant des tâches complexes et délicates. ”

Yoeri van de Burgt
Yoeri van de Burgt

PLUTÔT D’ACCORD Yoeri van de Burgt, professeur assistant à l’Université Technique d’Eindhoven

Avant d’en arriver là, il faudra encore, selon Yoeri van de Burgt, professeur assistant à l’Université Technique d’Eindhoven, lever différentes barrières. ” Au niveau des électrodes à implanter dans le cerveau, la stabilité à long terme est l’une de ces barrières. Certaines électrodes à base de silicium se dissolvent au fil du temps du fait de l’humidité du cerveau. Par ailleurs, connecter quelque chose de rigide, comme des électrodes, à une matière plutôt molle comme le cerveau se révèle très compliqué. Sans oublier que le cerveau bouge énormément, de sorte que les zones de connectivité peuvent changer. Dès lors, mesurer et contrôler avec précision des fonctions associées à une zone précise constitue un défi majeur. A quoi il faut ajouter que les connexions de ces électrodes doivent sortir quelque part du cerveau ; or cette zone est statique alors que le cerveau est dynamique. ”

” Heureusement, l’on enregistre d’ores et déjà des résultats encourageants, notamment avec des électrodes de précision que l’on colle sur les méninges. Sur des souris et des rats, des chercheurs sont ainsi parvenus à contrôler des signaux du cerveau de manière relativement stable sur le long terme. ”

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