Saskia Van Uffelen

Les frontières ont atteint leur limite

Saskia Van Uffelen Saskia Van Uffelen est CEO de la filiale BeLux d'Ericsson et a été élue en 2012 'Digital Champion' pour la Belgique.

Je me méfie des frontières. Elles obstruent la communication, la vitesse et l’efficience. Elles ont un effet ravageur sur l’intelligence. Dans les milieux IT – un monde à la vision numérique -, l’on plaide depuis des années déjà en faveur de l’abolition des frontières. L’on y évoque les dangers des silos clos et délimités. Des silos de bases de données ou d’applications non reliés les uns aux autres et veillant à ce que l’on ne puisse pas tirer des notions suffisantes de notre potentiel de données très, très riches. Ou des silos de départements business ou IT qui ne collaborent pas de manière efficace. La recherche en vue de créer des ponts en IT – entre parcs de serveurs, gisements de données, solutions, le CEO et le CIO,… – est en cours depuis très longtemps déjà.

Je me méfie des frontières. Elles obstruent la communication, la vitesse et l’efficience. Elles ont un effet ravageur sur l’intelligence. Dans les milieux IT – un monde à la vision numérique -, l’on plaide depuis des années déjà en faveur de l’abolition des frontières. L’on y évoque les dangers des silos clos et délimités. Des silos de bases de données ou d’applications non reliés les uns aux autres et veillant à ce que l’on ne puisse pas tirer des notions suffisantes de notre potentiel de données très, très riches. Ou des silos de départements business ou IT qui ne collaborent pas de manière efficace. La recherche en vue de créer des ponts en IT – entre parcs de serveurs, gisements de données, solutions, le CEO et le CIO,… – est en cours depuis très longtemps déjà.
En technologie, tout tourne en effet autour des connexions. Et je ne parle pas uniquement des environnements IT professionnels – où tout doit être relié et bien intégré pour fonctionner de manière optimale -, mais aussi de notre environnement social. Internet et la percée des médias sociaux et des communautés allant de pair constituent en effet des catalyseurs de connexions par excellence. Rien d’étonnant donc qu’ils aient influencé toute une génération jusqu’à pénétrer dans l’ADN de leur réflexion.

Cette évidence connectée est la raison pour laquelle la génération Z ne fait pas grand cas des délimitations, structures et autres hiérarchies. La génération Z (née après 1993) est en effet une génération ouverte qui n’établit plus de distinction stricte entre le physique et l’online, le professionnel et le privé, le directeur et l’employé, le local et l’international, le bureau et la maison,… Quoi de plus logique, puisque dans leurs réseaux online et au sein de leurs communautés, il n’y a pas de véritable patron. Internet est une méritocratie. Quiconque dispose des meilleures connexions et procure les notions les plus utiles, acquiert le plus de respect. Le respect ne tient pas dans un titre pour eux. Il faut le mériter. Comme c’est leur habitude d’être continuellement connecté, peu importe pour eux qu’ils ‘skypent’ avec un ami ou qu’ils se rencontrent dans un café. C’est différent, évidemment, mais non moins valorisant, comme semblent le trouver souvent d’autres générations. Estompage des frontières et fraternité sont leur état naturel.

Aujourd’hui, cette connectabilité estompant les frontières a même “contaminé” nos organisations. Cela va plus loin que notre simple architecture numérique et concerne la manière dont nous aménageons nos bureaux physiques: aussi ouverts que possible. Cela se traduit dans la façon dont les heures de travail ne doivent plus se résumer au rigide 9H – 17H30, mais devenir un horaire flexible. Dans le fait aussi que le travail régulier à la maison représente une alternative valable à l’affrontement des embouteillages journaliers sur le trajet vers le bureau. Dans la manière encore dont les mouvements au sein de nos organisations seront toujours moins descendants, voire ascendants, mais s’effectueront toujours plus horizontalement. Et je ne parle pas ici uniquement de notre façon de collaborer et de partager l’information, mais tout autant des évolutions de carrière. “Plus” n’est à présent plus synonyme de “supérieur”. Plus, c’est avoir davantage de meilleures connexions, d’autres expériences, davantage de visions et un meilleur partage.

Il y a donc une raison très valable à ma méfiance des frontières. Et au fait que je défends l’idée “Le pouvoir pour tous!” et que j’en fais des présentations aux managers. Comme notre environnement change si incroyablement vite ces dernières années, quiconque s’accroche encore et toujours convulsivement à ce qu’on appelle l’esprit de clocher, va inévitablement connaître des problèmes. Parce que la génération Z – qui est fortement allergique aux frontières et, sur certains points cruciaux, pense tout à fait différemment des babyboomers des générations X et Y – arrivera en 2016 sur le marché du travail (certains de ses représentants, qui ont interrompu leurs études, y sont déjà). Et que ceux qui n’y sont pas préparés, risquent de les voir partir à la concurrence ou, pire encore, étoufferont dans l’oeuf leurs talents complémentaires et leur énergie au travail.

Tout porte aujourd’hui sur la réalisation de connexions intelligentes. Sur la création de réseaux aussi connectés, horizontaux et adaptatifs que notre monde extérieur. Ce n’est pas comme si nous avions le choix. C’est simplement une question de nous adapter à ce qui se passe autour de nous. Darwin, cela vous rappelle quelque chose?

Cette opinion était initialement parue sur Blogit.be

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire