Le gouvernement vole le talent ICT

En Flandre, les quelque 70.000 professionnels du secteur ICT réaliseraient conjointement un chiffre d’affaires annuel de 12 milliards d’euros environ. Si l’on considère les chiffres au niveau national, plus de 140.000 informaticiens représenteraient plus ou moins 4% du chiffre d’affaires total du domaine ICT européen. Le secteur ICT belge croîtrait cette année de 5%, malgré la période de crise que l’on connaît. Soyons clairs: l’ICT est l’un des principaux piliers de la croissance potentielle de notre économie.

En Flandre, les quelque 70.000 professionnels du secteur ICT réaliseraient conjointement un chiffre d’affaires annuel de 12 milliards d’euros environ. Si l’on considère les chiffres au niveau national, plus de 140.000 informaticiens représenteraient plus ou moins 4% du chiffre d’affaires total du domaine ICT européen. Le secteur ICT belge croîtrait cette année de 5%, malgré la période de crise que l’on connaît. Soyons clairs: l’ICT est l’un des principaux piliers de la croissance potentielle de notre économie.

Notre secteur est cependant aux prises avec un problème structurel qui traîne en longueur. La lutte pour s’attirer des professionnels ICT qualifiés reste – même en ces temps difficiles – un champ de bataille où personne ne semble pouvoir l’emporter. Alors que les plus grandes sociétés compensent le manque de capital humain par du nearshoring, de l’offshoring ou de l’outsourcing, les plus petites entreprises continuent de mitonner des projets prometteurs en attendant de trouver un bon… cuisinier. Il ne me surprendrait donc guère que la Belgique recule de trois places entre 2009 et 2011 au classement mondial de la compétitivité de son industrie IT (http://gloablindex11.bsa.org).

Encore loin du compte Puisque l’on ne peut provisoirement pas encore cloner du personnel de qualité, nos autorités tentent de trouver des échappatoires. Mesures de support, formations, trajets d’investissements, … Si tout cela part d’une bonne intention, c’est surtout très coûteux et complètement hors norme: les mesures de support de projets sans… pilote sont soit vaines, soit très lucratives pour les pays, où nous devons transférer par la force des choses des budgets de soutien. Non merci donc, c’est l’humain qui importe. Donnez-nous du personnel de qualité, et le secteur ICT se financera bien lui-même. Et par voie de conséquence les autorités.

Mais nous sommes encore loin du compte. Car pour corser le tout, ce sont les gouvernements eux-mêmes qui sont dans une grande mesure responsables de la pénurie de bons informaticiens sur le marché. Rien que le gouvernement fédéral occupe 4.500 informaticiens et est ainsi l’un des principaux employeurs de personnel ICT qualifié. Et un employeur qui, à tous les niveaux, fait en sorte d’attirer des personnes de valeur: un propre institut pour la sélection du personnel IT, des campagnes multimédias, des budgets de sélection et de communication, dont l’entreprise ICT moyenne ne peut que rêver,… La liste est longue et les coûts élevés.

Lutte inégale Notre gouvernement mène ainsi une véritable lutte concurrentielle contre sa propre économie. Une lutte inégale du reste, car non seulement le salaire initial semble dans le secteur public sensiblement supérieur à celui dans le secteur privé (source: Vacature), mais le personnel public reçoit en outre un ensemble d’avantages que même de grands groupes internationaux ne peuvent souvent pas offrir (subventions de fonctionnement pouvant atteindre 15% du salaire annuel brut, déplacements domicile-lieu de travail gratuits avec les transports publics et allocation vélo, chèques repas, assurance hospitalisation avec tarifs avantageux pour les membres de la famille, indemnité funéraire, connexion et abonnement internet pour le travail à domicile, assurance omnium du véhicule personnel en cas de déplacements pour le service, gardes d’enfant abordables pendant les vacances, réductions pour parcs d’attractions et événements culturels, cadeaux de Saint-Nicolas pour les enfants, aide financière, assistance psychosociale, assistance juridique, check-up médical pour les plus de 45 ans, vaccination antigrippe gratuite, intervention pour les lunettes (verres et montures), 35 jours de congé minimum, paiement du salaire complet en cas de maladie (statutaires), possibilité de télétravail, vastes possibilités de recyclage, de formation,…). Une petite entreprise ICT ne peut réellement pas rivaliser sur ce plan.

Soyons clairs, je n’envie pas du tout les fonctionnaires publics. Je suis ravi pour eux. Le problème, c’est notre société. L’actuelle façon de faire de notre gouvernement met en branle une réaction en chaîne qui devient toujours plus néfaste pour notre économie ICT:

1) le gouvernement dérobe du talent productif sur le marché du travail;

2) le secteur privé perd en compétitivité;

3) les bénéfices du secteur privé diminuent;

4) les rentrées publiques diminuent;

5) le gouvernement doit faire des économies;

6) le gouvernement sous-traite encore moins de projets ICT au secteur privé.

Et l’on en revient au tout début…

Investir pour des rentrées moindres

Suis-je trop intransigeant? Très certainement. Mais le fait est que quasiment chaque semaine, l’un de nos clients nous fait le même récit qu’après avoir enfin trouvé un informaticien, il a vu in extremis ce dernier choisir un emploi dans le secteur public. Il s’agit d’un combat déloyal qui n’aurait en fait jamais dû avoir lieu.

L’actuelle stratégie gouvernementale perturbe le fonctionnement naturel de notre économie. Toute la Belgique recherche désespérément des sous, alors que dans le même temps, le secteur ICT mène une quête tout aussi désespérée de personnel qualifié pour pouvoir les gagner, ces sous. Et c’est précisément à ce moment que nos autorités soustraient consciemment du capital humain indispensable de l’un des principaux secteurs en croissance de leur propre économie. Cela revient en quelque sorte à investir fortement avec une garantie absolue de rentrées moindres. Bravo!

Bart Van der Leenen Managing Director d’Out of the Crowd et de Whizpr, deux bureaux de communication en IT et technologie. Cette opinion est déjà parue in extenso sur deredactie.be

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