Raf Weverbergh

“Le choix du média approprié peut faire la différence”

Raf Weverbergh Raf Weverbergh est managing partner et co-fondateur de FINN (www.finn.be), où il accompagne les multinationales et les startups au niveau de leur PR et content marketing.

Il va de soi que l’on ne peut assimiler le succès d’une entreprise à l’attention médiatique ou inversement. D’autre part, je trouve les conseils PR pour fondateurs assez unilatéraux, parce qu’ils s’en tiennent souvent aux clichés.

J’ai eu sur Twitter la discussion suivante avec Alexander Osterwalder, le co-initiateur du Business Model Canvas aujourd’hui omniprésent:

@AlexOsterwalder

Too easy to forget 🙂 media visibility ≠ success of your venture… #bmgen

Ce n’est pas que je ne sois pas d’accord avec son point de vue: il va de soi que l’on ne peut assimiler le succès d’une entreprise à l’attention médiatique ou inversement. Figurer dans TechCrunch (ou dans TheNextWeb ou Data News) ne va pas faire en sorte que votre start-up va pour autant percer.

D’autre part, je trouve maints conseils PR pour fondateurs assez unilatéraux, parce qu’ils s’en tiennent souvent au cliché suivant: “Etre dans TechCrunch ne va pas forcément faire réussir une entreprise”. (Je ne connais du reste personne du côté PR ou marketing qui l’affirme.)

Voyons brièvement pourquoi figurer dans TC n’est pas une garantie de succès:

– Primo, parce que tout le monde peut se retrouver un jour ou l’autre dans les médias, et le public ne s’y trompe pas. Vous pouvez tromper certaines personnes à tous les coups et au moins 1 fois tous les chefs de rédaction de TechCrunch.

– Secundo, parce que si vos collègues-fondateurs lisent peut-être chaque post sur TechCrunch, cela ne signifie pas pour autant que vos clients ont déjà entendu parler de TechCrunch.

Et pourtant, figurer dans TechCrunch ou Data News, c’est encore et toujours bon à prendre pour votre start-up car cela peut joliment booster votre crédibilité et votre réputation. Peut-être cela vous voudra-t-il même quelques ‘quick wins’ dont vous aviez fermement besoin – vous attirerez, qui sait, un top-développeur ou un designer, voire un investisseur.

Cela confirme bien que le fondateur que vous êtes voit (de manière réellement ‘lean’) au moins une partie de son histoire bien accueillie par les médias, ce qui est toujours utile à savoir.

Indépendamment de ces ‘quick wins’, vous devez considérer le PR à long terme surtout comme un fondateur. Si vous appliquez et exécutez correctement les principes du PR, je suis en effet convaincu que cela peut faire la différence entre le succès et l’échec et ce, pour 4 raisons:

1. En racontant correctement votre histoire – d’une manière convaincante et pertinente pour votre public-cible -, vous persuadez vos clients que vous êtes vous-mêmes pertinent. Vous avez peut-être déjà entendu dire que “the medium is the message”. Cela signifie notamment que si votre message est pertinent, vous (en tant que fondateur ou entreprise) êtes aussi pertinent par extension. L’on pourrait le résumer aussi ainsi: “Si vous interviewez suffisamment de leaders d’opinion, vous devenez vous-même à la longue un leader d’opinion.” Et c’est bien ce dont est question. Il s’agit d’un mécanisme simple, mais qui est rarement bien exécuté.

2. En identifiant les tendances correctes. Vous devez considérer une tendance comme une vague sociale sur laquelle vous pouvez surfer: votre histoire dépasse simplement de beaucoup ce que l’on peut caser dans une tendance sociale ou économique. Ici aussi, rares sont les start-ups qui y parviennent, ce qui est navrant.

3. En apparaissant tour à tour dans les médias en tant qu’expert dans votre domaine, en lieu et place de vos concurrents (qui disposent peut-être de plus d’argent que vous). Ce genre d’impact ou de rayonnement facilite grandement l’établissement de relations et d’amitiés dans votre secteur, ce qui fait que vous amplifiez encore votre influence et que vous faites encore plus la une des médias en tant qu’expert.

4. Ou mieux encore: peut-être tenez-vous une chronique fixe dans un support crucial pour votre secteur, qui est mondialement diffusé. Cette chronique vous offre de la visibilité, de l’autorité et, finalement, des clients.

(Alexander Osterwalder en personne tient par exemple une chronique très lue dans le Wall Street Journal. Il l’a obtenue en racontant une histoire très convaincante et pertinente sur un ‘sujet tendance’, à savoir l’entreprenariat et l’innovation).

@rafweverbergh

Visibility in the right media (=! TechCrunch) might make a difference between success and failure, though Alex Osterwalder

@AlexOsterwalder

Or kill you 😉

(Note: par ce tweet, je voulais donc dire: “figurer dans le support correct – pas nécessairement TechCrunch – peut faire la différence”).

Conclusion: lorsque les gens pensent PR, ils pensent trop souvent à un article paru dans TechCrunch ou The Next Web ou Data News, de préférence sur une nouvelle fonction de leur produit. Il s’agit à coup sûr d’une partie du travail, mais d’une partie seulement.

Bill Gates a dit autrefois que les gens surestiment la façon radicale dont notre vie va changer dans les deux années à venir, mais qu’ils sous-estiment terriblement les changements qui nous attendent dans les quinze prochaines années.

Il en est de même avec le PR, selon moi: les gens surestiment énormément l’impact d’un simple article dans les médias sur le résultat de leur entreprise. Figurer une fois dans les médias ne va pas rapporter des centaines de nouveaux clients. Par ailleurs, ils sous-estiment systématiquement l’impact d’une approche PR consistante sur leur réputation de fondateur.

(Comprenez: si vous travaillez bien et longtemps, vous pouvez grâce à un bon PR et ‘content marketing’ gagner des milliers de clients).

A cause de cette confusion, les fondateurs ratent malheureusement les innombrables connexions, relations et opportunités professionnelles intéressantes qui font une bonne réputation.

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