La jeune entreprise belge iBeezi veut réapprendre aux Chinois à écrire

© iBeezi
Frederik Tibau est rédacteur chez Data News.

La jeune entreprise belge iBeezi a mis au point un clavier électronique pour écrans tactiles, permettant de saisir pratiquement tous les signes chinois en maximum quatre ‘étapes’. “Nous apprenons aux Chinois à écrire d’une manière plus efficiente”, suggère son inventeur Pierre-Henry De Bruyn.

Comment reproduire les plus de 10.000 signes chinois de manière aisée et efficiente sur un petit écran tactile? Enormément de Chinois se sont penchés sur ce problème ces dernières années, mais personne n’est encore parvenu à proposer une réponse satisfaisante.

Aujourd’hui, les Chinois utilisent le ‘pinyin’ pour saisir leurs caractères sur un écran d’ordinateur ou sur un smartphone. Il s’agit là d’un modèle de transcription permettant la saisie de lettres latines, que l’ordinateur transforme ensuite en signes chinois.

La startup belge iBeezi a à présent vraiment développé un système rendant superflue la saisie de ces lettres et permettant l’entrée d’un signe chinois en un maximum de quatre étapes logiques successives (sur un écran tactile, voire au moyen d’un pavé tactile). Le clavier numérique conçu dans ce but comprend six ’boutons’ dissimulant chacun un ‘trait de plume’ numérique.

“Avec ces six ‘traits de plume’, il est possible de reproduire pratiquement tous les signes chinois”, explique le sinologue et co-fondateur d’iBeezi, Pierre-Henry De Bruyn. “Et seuls quatre étapes maximum sont nécessaires par signe. Pensez aux claviers des anciens GSM de Nokia, où l’on pouvait également saisir trois à quatre lettres par touche et où l’on pouvait au moyen de neuf petits boutons reproduire tout l’alphabet. Nous avons à présent aussi inventé ce genre de système, mais pour les plus de 10.000 signes chinois.”

Ce clavier numérique assez révolutionnaire d’iBeezi est depuis peu disponible pour les appareils iOS et Android, mais la jeune entreprise entend déployer son système à grande échelle en Asie et négocie à cette fin avec les plus grands fabricants de smartphones et de wearables en Chine, en Corée du Sud et au Japon.

“Depuis quasiment un siècle, l’on estime que la manière phonétique (donc avec les lettres latines converties en signes chinois) est la meilleure façon d’écrire le chinois”, ajoute De Bruyn. “Avec iBeezi, nous changeons ce paradigme et partons de l’idée que quelques mouvements sur un écran tactile suffisent.”

Algorithme

“En Chine, le géant des recherches Sogou (Tencent) est actuellement le plus important fournisseur de logiciels de transcription”, intervient Alexis Van Gestel, le CEO d’iBeezi. “Sogou part elle aussi d’un clavier qwerty numérique pour convertir les lettres latines en signes chinois. Cette manière de travailler convient certes pour les grands écrans, mais notre méthode s’avère nettement plus pratique pour la saisie sur les smartphones et les montres intelligentes.”

“Ce genre de montre intelligente est à présent surtout un gadget de notifications. Avec iBeezi, nous voulons en faire un nouvel instrument de communication”, suggère Van Getsel. “Chez Sogou, l’on a déjà compris le potentiel de notre concept.”

Le clavier numérique d’iBeezi intègre un algorithme que Pierre-Henry De Bruyn en personne a inventé et qui est à présent protégé par 2 brevets internationaux. A l’entendre, le professeur a eu besoin de quasiment 20 années de travail pour mettre au point son système qui convient également pour d’autres langues tels le japonais ou le coréen.

iBeezi a été fondée en 2013. Elle occupe 10 personnes et possède des filiales à Bruxelles et à Hong Kong. Jusqu’à présent, le starter a réussi à récolter quelque 300.000 euros auprès de business angels belges, mais l’agence de consultance Asia-Euro Consultancy de Patrice Thys, ex-directeur d’AB Inbev, a également apporté son soutien au projet. “Asia-Euro Consultancy connaît très bien le marché chinois et est un partenaire incontournable”, déclare encoreVan Gestel.

Norme

Le but ultime de Van Gestel et de De Bruyn, c’est que leur oeuvre devienne une norme pour écrire le chinois rapidement sur les écrans tactiles, mais avant d’y arriver, pas mal d’eau s’écoulera encore sous les ponts. C’est ainsi qu’il faut par exemple que les Chinois eux-mêmes l’accueillent favorablement car ils devront finalement adopter ainsi une nouvelle manière d’écrire.

“C’est pourquoi nous aimerions que notre clavier soit installé automatiquement sur les nouvelles montres intelligentes”, prétend Van Gestel. “Nous négocions dans ce but actuellement avec tous les acteurs en vue.”

Ces ‘acteurs en vue’ voient-ils d’un bon oeil les deux petits Belges? “Il va de soi qu’ils nous regardent au début bizarrement, lorsqu’ils observent que nous venons présenter notre propre produit plutôt qu’acheter quelque chose, mais les Asiatiques sont très pragmatiques. S’ils voient que cela fonctionne et que cela va leur rendre service, la glace est vite rompue.”

“En Chine, tout se passe par le biais de partenariats. Il convient d’apprendre à connaître les partenaires possibles et de créer avec eux un lien de confiance. Une fois ces premières étapes franchies, cela peut aller vite.”

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire