La boule de pétanque de Big Brother

Luc Blyaert était rédacteur en chef de Data News

Il était midi cette journée torride d’été là dans un camping tranquille du sud de la France, lorsqu’une voiture passa à toute vitesse en pétaradant. Le moteur vrombissait, la poussière soulevée était énorme, à la grande indignation générale.

Il était midi cette journée torride d’été là dans un camping tranquille du sud de la France, lorsqu’une voiture passa à toute vitesse en pétaradant. Le moteur vrombissait, la poussière soulevée était énorme, à la grande indignation générale. Ne fallait-il pas avoir perdu l’esprit pour rouler ainsi à tombeau ouvert sur un chemin de camping? C’est après que l’on avait appris que le fils de 4 ans de cet homme avait malencontreusement reçu une boule de pétanque sur la tête. L’indignation fit alors place à l’effroi. Tout le monde espérait que tout irait bien pour le petit.

Ce souvenir m’est revenu en mémoire, lorsque j’ai lu le tweet de Jo Caudron sur une voiture qui roulait trop vite dans une zone de travaux. Le ministre Van Quickenborne réagit ‘quick’ comme à son habitude et se dit scandalisé. Et il en fit aussitôt un ‘case’ pour les contrôleurs du respect de notre vie privée.

Les villes belges sont aujourd’hui bourrées de caméras. Au nom de la sécurité du citoyen. Chaque mouvement est filmé. Le syndrome de Big Brother, comme l’avait si bien qualifié George Orwell en 1984 déjà, se rapproche à grands pas. Et tout le monde de hausser les épaules. “Si l’on n’a rien à cacher, cela ne peut pas faire de mal”, déclarent les adeptes. Mais moi, j’ai peut-être bien quelque chose à protéger: ma vie privée.

Via le réseau GSM, l’on peut vous suivre partout. Chaque communication, e-mail, message Facebook peut être vérifié. Si tout un chacun prend désormais à tort à travers des photos avec son GSM pour les partager ensuite via Twitter, où va-t-on ? Place à la dénonciation anonyme. Je me souviens qu’à l’occasion d’une petite fête exubérante organisée par un fournisseur IT, l’on avait demandé le lendemain matin d’effacer toutes les photos prises par les GSM. C’était une belle fête, mais il ne fallait pas qu’elle dépasse les limites de la mémoire des participants. Le droit à l’oubli sera toujours davantage admis, pas dans 20 ans, mais maintenant.

Et la prochaine fois que quelqu’un passera trop vite près de vous, pensez au petit garçon et à la boule de pétanque. Cela ne s’était pas bien terminé à l’époque.

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