L’alcôve numérique

Luc Blyaert était rédacteur en chef de Data News

Mes parents sont âgés de 75 ans et ne disposent ni d’internet, ni même d’un ordinateur. J’ai tenté en vain de les y amener, sur un ton parfois badin, parfois sérieux. Mais c’est peine perdue.

Mes parents sont âgés de 75 ans et ne disposent ni d’internet, ni même d’un ordinateur. J’ai tenté en vain de les y amener, sur un ton parfois badin, parfois sérieux. Mais c’est peine perdue.

“Je suis trop vieux pour cela”, me répond mon père qui s’intéresse davantage aux gens qu’au traitement de texte. A les voir, cela ne les rend pas plus malheureux. Il leur arrive de lire en haussant les épaules ce que mon fils cadet poste sur sa page Facebook, mais se demandent, stupéfaits, combien de temps les jeunes peuvent bien consacrer comme temps à ce genre d’activité. Combien d’idioties ils peuvent bien écrire. Rien que des mesquineries qui sont oubliées avant même d’être envoyées.

Ils font partie des 27 pour cent de foyers belges sans internet. Une grande partie de ce groupe cible arriéré ne surfera jamais sur internet par simple manque d’intérêt. L’on dit d’eux qu’ils ne pourront pas réduire la fracture numérique. C’est faux. Ils ne le veulent tout simplement pas. Mais se trouvent-ils pour autant dans une alcôve? Une niche obscure sans fenêtres? Bientôt peut-être. Nombre de services ne peuvent déjà plus être consultés que via internet. Les fonctionnaires sont devenus hors de prix. Et que dire alors des postes d’assistance (helpdesks)!

En 1999, le ministre ICT de l’époque, Rik Daems, souhaitait que tout un chacun ait une adresse e-mail en Belgique. Une noble initiative, certes, mais qui ne fut pas prise au sérieux. Douze années plus tard, un ménage sur quatre ne dispose toujours pas d’internet. Nous sommes donc encore loin du compte, même si son successeur du VLD Quick et parfois Dirty utilise Twitter à tout va. Il nous faut reconnaître que tout un chacun ne veut pas et ne doit pas surfer sur le net, ce qui ne signifie pas qu’il ne faille pas prendre des initiatives en vue d’y amener le plus de monde possible. C’est à cela que nous devons continuer à nous appliquer. Sans cesse. A chaque fête de famille, même si c’est parfois peine perdue. Quand on voit qu’aux Pays-Bas par exemple, notre pays voisin, l’on atteint un taux de pénétration d’internet de 91 pour cent des familles, l’on peut se dire que cela est possible aussi chez nous. Je vais d’ailleurs encore tenter de convaincre mes parents.

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