IBM PC: réflexions nostalgiques

Le 12 août 1981 est mondialement connu comme la date de lancement officielle de l’IBM 5150. J’ai été moi-même l’heureux et fier propriétaire de cette “armoire à glace”. Cet anniversaire mémorable représente cependant aussi une pénible confrontation avec le fait que j’ai pris entre-temps 30 ans de plus.

Le 12 août 1981 est mondialement connu comme la date de lancement officielle de l’IBM PC G (IBM 5150). J’ai été moi-même l’heureux et fier propriétaire de cette “armoire à glace”. Cet anniversaire mémorable représente cependant aussi une pénible confrontation avec le fait que j’ai pris entre-temps 30 ans de plus.

Je suppose que beaucoup de lecteurs ne savent plus quelles étaient les caractéristiques de cette machine. “Mon” appareil disposait d’un processeur “ultrarapide” Intel 8088 (4,77 MHz!), d’une “immense” mémoire de 64 Ko (Kilo-octets) et d’une capacité de stockage quasiment “illimitée” sur deux disquettes de 5OE pouces de 160 Ko chacune. Je ne me rappelle plus très bien de son prix. Trois ans plus tard, j’ai acheté un IBM AT (Intel 80286, 640 Ko, disque dur de 20 Mo, une disquette de 5 OE pouces) pour pas moins de 250.000 anciens francs belges (6.250 euros). Vous remarquerez que je connais encore par coeur les caractéristiques de ces machines. Avec de tels chiffres, l’on était un peu le roi dans son quartier. A présent, tel n’est plus cas: sur mon bureau traînent à présent un “vieux” Dell XPS, un Apple MacBook Air et d’autres gadgets d’Apple. Je ne sais vraiment plus quel processeur les équipe, de combien de RAM ils disposent, quelle capacité de disque (ou est-ce de SSD?) y est disponible,… C’est en outre le cadet de mes soucis, et mon proche environnement ne s’y intéresse plus non plus.

Au beau milieu de mes congés, je dois quand même penser à un peu travailler. Que faisait-on avec ce genre d’appareil? Moi-même, je l’utilisais surtout avec deux programmes “fantastiques”: EasyWriter (traitement de texte) et VisiCalc (tableur). Et l’on pouvait développer soi-même son propre software dans le langage de programmation Basic. Pour débutants donc…

Le lancement du PC constitua aussi le début d’un champ de bataille légendaire et indécise entre le “centre de calcul” et les utilisateurs. L’enthousiasme des utilisateurs individuels pour le traitement de texte et le tableur sur leur propre ordinateur n’a pu que très temporairement être freiné par les “vrais” informaticiens. C’est surtout par d’obscures portes dérobées et par manipulation de divers budgets que les PC ont fait leur entrée dans les entreprises.

Les “vrais” informaticiens menaçaient de n’offrir aucun support pour les problèmes rencontrés avec les ‘personal computers’. Cette menace a été très rapidement atténuée par la direction qui imposa toutes sortes de “petites règles” apaisantes. C’est surtout le terme “standardisation” qui apparut sur toutes les lèvres: les PC furent autorisés, mais devaient à tout le moins être “compatibles IBM”. L’ordinateur d’Apple fut ainsi banni de nombreuses organisations.

Les premiers PC étaient autonomes (stand alone). L’invasion des PC au début des années 90 ne put plus être endiguée. Pour garder néanmoins cette croissance sous contrôle, le département informatique lança un nouveau slogan: “Le parc de PC doit être géré”. Le hardware et le software des PC furent enregistrés à l’achat, installés par défaut, tracés, amortis et remplacés après une certaine durée de vie. La maintenance du software et le support des utilisateurs ont également été centralisés. Pour pouvoir réaliser tout cela, des réseaux d’ordinateurs locaux (LAN) ont été mis en oeuvre à partir du milieu des années 90. Des systèmes d’exploitation “client-serveur” (Novell NetWare, Microsoft Windows NT,…) se sont alors livrés une lutte sans merci pour décrocher la meilleure position de départ. Et le gagnant est entre-temps bien connu.

Où en sommes-nous maintenant? Tournons-nous d’abord du côté de l’utilisateur. Les principales applications (en plus de l’e-mail et du WWW) sur PC se situent encore et toujours dans la sphère du “Personal Productivity Software”. Les progiciels se sont vu cependant attribuer de nouvelles appellations: Word, Excel, Access,… La capacité et les possibilités de ces progiciels, nombre d’utilisateurs ne les connaissent pas. Ils y ont recours de la même manière dont je travaillais avec EasyWriter et VisiCalc.

La notion de “standardisation” s’affaiblit lentement mais sûrement. Le département informatique a finalement remarqué que la lettre “P” renvoie au terme “Personal”. Il y a encore parfois quelques frictions, mais la diversité des appareils supportés s’accroît toujours plus. Les Apple iPad et iPhone reprennent du poil de la bête et reçoivent en fin de compte la place qu’ils méritent.

Et les informaticiens? La mobilité de la nouvelle génération de PC tablettes et de smartphones représente une nouvelle préoccupation pour le département informatique. La maintenance, le support et la sécurisation de ces appareils mobiles sont comparables à l’état “stand-alone” des premiers PC.

Le principe “client-serveur” lui cause également des soucis. Comment augmenter le degré d’occupation des différents serveurs? Ne convient-il pas de privilégier la fiabilité, la disponibilité et la maintenabilité d’une seule machine centrale par rapport au lourd parc de serveurs?

Le Personal Computer a bien le droit de souffler ses 30 bougies. Il est aujourd’hui devenu un jeune homme en pleine forme qui revendique lentement mais sûrement une place d’adulte dans les entreprises…

Prof. dr. Carlos De Backer

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