Google récompense le copiage

Le rédacteur en chef du site web technologique ZDnet.be/nl arrête les frais. “Au diable la domination du click-through”, écrit-il sur son blog. Il va dorénavant travailler dans le secteur des soins. Quel virage dans sa carrière!

Le rédacteur en chef du site web technologique ZDnet.be/nl arrête les frais. “Au diable la domination du click-through”, écrit-il sur son blog. Il va dorénavant travailler dans le secteur des soins. Quel virage dans sa carrière!

Les clics, CTR de page, RPM de page et autres CPC (coûts par clic) sont devenus pour les journalistes en ligne plus importants que le contenu pertinent, les analyses fouillées ou l’originalité. Le Persgroep l’a bien compris. Le modèle belge d’une rédaction internet commune séparée pour tous les titres de journaux du groupe, l’entreprise de médias flamande l’a appliqué le 1er mars aux Pays-Bas également. Ce regroupement et ce déménagement des rédactions internet sapent la puissance des rédacteurs en chef et contournent la stature rédactionnelle, quelque chose que les journaux belges ne connaissent du reste pas.

Si l’on compare les versions internet des journaux belges Het Laatste Nieuws et De Morgen avec leurs versions papier, l’on a une idée de ce qui attend désormais aussi les journaux néerlandais AD, Parool, Trouw et Volkskrant. Ces versions internet reprennent arbitrairement les articles de bureaux PR et d’agences de presse, traduisent les histoires originales de sites étrangers et les présentent comme si elles étaient les leurs, copient des textes originaux de sites web locaux, sans aucune mention de source, etc. Tout cela doit aller vite et être aussi bon marché que possible. La seule chose qui compte, ce sont les clics, les visites et les rentrées publicitaires. Et cela a toujours moins à faire avec le travail de journaliste. Les titres et l’introduction sont importants, le contenu moins, car il regorge de fautes de frappe et de langue.

Le Persgroep a bien compris comment il est encore possible de gagner un peu d’argent en mettant du contenu sur internet. Pour lui, le clic sur des liens externes (click-through) est vital. Il sait que Google détermine combien rapporte une histoire en ligne. Même si Google affirme qu’elle récompense le contenu original, qu’elle punit le copiage et combat la manipulation des résultats de recherche “organiques”, c’est le contraire qui apparaît souvent dans la pratique.

Essayez par exemple de… Googler sur un test ou sur les commentaires d’un produit. Tous les sites de vente affirment avoir aussi leurs commentaires, ce qui fait que les véritables critiques de produits se retrouvent souvent sur la troisième, voire la quatrième page des résultats de recherche. Bien que Bing ait récemment gagné un peu de terrain sur Google, le moteur de recherche de Microsoft ne fait pas mieux. Au contraire. Récemment, il s’est avéré que Bing copiait même les résultats de recherche de Google! Le copiage paie, merci Google!

Autre exemple: Snooth a copié des années durant les notes de dégustation de vins écrites par 35.000 utilisateurs bénévoles de son concurrent, le site web vinicole américain bien connu Cellartracker et les a présentées comme étant les siennes. Google a récompensé cet acte de copiage. Et Snooth est apparu souvent à une place supérieure à celle de Cellartracker dans ce qu’on appelle les résultats de recherche organiques. Il y a des tas d’autres exemples similaires. Obtenir un bon score dans Google est vital, si l’on veut survivre sur internet. Mais cela transforme par la force des choses des journalistes et blogueurs en des voleurs, qui présentent comme étant les leurs des récits surtout de violence, d’érotisme, de superstition et de méfaits dans un langage bourré de slogans et bâclé.

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