Copernic et comment nos autorités peuvent gagner de l’argent

Ce jeudi 23 juin est la Journée internationale de la fonction publique. Les Nations unies entendent ainsi mettre à l’honneur les services publics, les projets eGov et leur rôle pour la collectivité.

Ce jeudi 23 juin est la Journée internationale de la fonction publique. Les Nations unies entendent ainsi mettre à l’honneur les services publics, les projets eGov et leur rôle pour la collectivité. Et cette mise à l’honneur s’accompagne bien évidemment de prix. Notre pays ne sera malheureusement pas de la partie lors de la remise des Awards. Pourtant, moyennant quelques investissements intelligents dans l’administration en ligne (eGov), la Belgique pourrait briller à l’échelle internationale et ramener de l’argent dans les caisses de l’État.

Depuis 1948 déjà, les Nations unies développent des actions visant à améliorer les services publics à la population et aux entreprises, dans le cadre du “United Nations Public Administration Programme” (www.unpan.org). Ces dix dernières années, une très grande attention a en outre été accordée à l’e-gouvernement. Ainsi les Nations unies ont-elles déjà établi à cinq reprises un classement relatif à l’eGov. Notre pays y figure depuis quelques années aux alentours de la 16e place. Cela signifie que nous avons fait du bon travail, mais aussi que nous nous reposons trop sur nos lauriers. Et surtout, que nous avons encore beaucoup à apprendre des pays qui nous devancent, comme le Danemark, la Suède, la Norvège, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne, le Canada, les États-Unis, Singapour, la Corée du Sud… Que tel soit justement l’objectif de cette Journée de la fonction publique !

eGov = plus efficace ET meilleur marché Sous l’impulsion du défunt programme Copernic, beaucoup de changements positifs sont entre-temps intervenus dans l’administration belge aussi. De nombreux projets eGov et opérations de simplification administrative ont amélioré l’offre de services publics, tout en rendant ces derniers moins coûteux et plus efficaces.

Agoria, la fédération de l’industrie technologique, a analysé en 2010 l’utilisation des TIC par les autorités. Cette analyse a révélé que les TIC sont souvent considérées comme un coût, et non comme une source de services publics – aux citoyens et aux entreprises – améliorés, plus efficaces et meilleur marché. Si le coût d’un projet est encore généralement calculé, le rendement, par contre, ne l’est quasi jamais. Curieux, car les TIC et l’eGov peuvent rapporter de l’argent.

Quelques exemples montrent que cette question n’est pas qu’une considération théorique. L’année dernière, notre pays a économisé 30 millions d’euros grâce à la déclaration en ligne Tax-on-Web. Si tous les Belges introduisaient leur déclaration en ligne, le gain pourrait atteindre 60 millions d’euros par an. Agoria a calculé d’autres économies possibles : notre pays économise annuellement jusqu’à 10 millions d’euros grâce aux déclarations TVA en ligne. Autre exemple : au Danemark, tous les fournisseurs des pouvoirs publics sont obligés de recourir à la facturation électronique ; si la Belgique faisait de même, elle pourrait économiser jusqu’à 250 millions d’euros chaque année. À cet égard, Agoria lance un appel pour que tout le processus des marchés publics se déroule par voie électronique : nous pourrions ainsi encore économiser 500 millions d’euros supplémentaires par an.

Les merles blancs montrent la voie à suivre L’eGov, impossible en Belgique ? Bien sûr que non, et quelques projets le prouvent déjà, mais ils sont encore trop rares. Les principales avancées sont pour l’instant réalisées par le biais de projets individuels. Citons l’exemple du Service public fédéral Sécurité sociale, où Frank Van Massenhove (président du Comité de direction) et Tom Auwers (directeur général Appui stratégique) ainsi que leurs collègues ont résolument placé les citoyens et les entreprises au coeur de leur mission.

Mais pour trouver d’autres bons exemples, il faut donc se tourner vers l’étranger. Quelles tâches nos autorités doivent-elles accomplir elles-mêmes ? Dans les pays scandinaves et anglo-saxons, de nombreuses missions publiques sont déjà exécutées par des tiers, dans le cadre ou non d’un partenariat public-privé. Cela peut aller de la perception des impôts et taxes à la délivrance des permis et cartes d’identité.

Et la collaboration aide aussi, bien sûr. Les différents services publics peuvent et doivent collaborer davantage entre eux, tant au niveau de l’infrastructure, de la gestion des données que du traitement de celles-ci. Alors, notre pays fera-t-il une belle remontée dans le classement eGov des Nations unies l’an prochain ?

Christian Vanhuffel, directeur Agoria ICT

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