Martine Tempels

Chaque enfant doit apprendre le langage numérique

Martine Tempels Martine Tempels est sr. vp Telenet for Business et présidente de CoderDojo Belgium.

” Disposer de compétences numériques s’avère indispensable pour pouvoir fonctionner au sein de la société de demain. Tous les enfants doivent dès lors avoir l’opportunité de développer de telles aptitudes, mais gratuitement et de préférence à l’école “, déclare Martine Tempels, présidente de CoderDojo Belgium et de la plate-forme flamande STEM, également Senior Vice President de Telenet Business.

Data News l’annonçait cette semaine : à partir de septembre, les enfants de 7 à 12 ans pourront suivre des cours de programmation dans différentes villes flamandes. Je suis toujours ravie de découvrir de telles initiatives. Car plus les jeunes ont l’occasion d’apprendre les rudiments de la programmation, et mieux c’est.

Il est nécessaire que les enfants acquièrent certaines aptitudes numériques afin de pouvoir fonctionner au sein de la société de demain. Savoir programmer est en effet une compétence essentielle du 21e siècle.

Un droit fondamental ou un privilège réservé à une élite ?

C’est précisément parce qu’il s’agit d’une compétence essentielle que ces cours devraient être gratuits. Or, chez CodeFever, il vous en coûtera 240 euros pour inscrire votre enfant à dix leçons d’une heure et demie. Résultat, ces cours deviennent presque un privilège pour une élite, ce qui ne fera que creuser un fossé numérique dès la plus tendre enfance. Les enfants dont les parents ne peuvent pas payer ces cours rateront l’occasion de développer des compétences numériques.

C’est précisément parce qu’il s’agit d’une compétence essentielle que ces cours devraient être gratuits.

Voilà pourquoi CoderDojo a décidé de proposer gratuitement des séances de programmation. Le projet est né il y a quatre ans en Irlande. Depuis 2013, près de 1 200 jeunes de 7 à 17 ans participent chaque mois à une session de codage en Flandre. Dans ce cadre, nous travaillons avec plus de 200 bénévoles, dont le métier les amène au quotidien à s’occuper de TIC au sein d’entreprises. Les enfants sont répartis en groupes de cinq et encadrés par un coach qui les aide lors des sessions de codage. Il arrive aussi, lors de projets plus complexes, que le coaching soit individuel. Lorsqu’un enfant est prêt à passer à l’étape suivante, il est guidé par les coaches.

Nous mettons un ordinateur à disposition des enfants qui n’en possèdent pas. Ainsi, les enfants ne doivent rien payer du tout. Nous le faisons sciemment car nous voulons offrir les mêmes chances à tous les enfants, de tous les âges et de tous les milieux.

Bien sûr, CoderDojo n’est pas l’unique solution pour apprendre la programmation à tous nos enfants. C’est ce vers quoi nous tendons et la vision qui nous anime, mais les sessions sont organisées en-dehors du cadre scolaire. Il s’agit d’un groupe d’amis partant à la découverte du monde de la programmation.

Enseigner à nos enfants : cela doit être et rester l’une des tâches principales des écoles. Or, à l’heure actuelle, les enfants ont fort peu l’occasion d’apprendre en classe comment ils peuvent créer des applications numériques. C’est bien dommage vu l’importance de ces compétences. Les parents sont donc contraints de trouver leur salut via des solutions alternatives.

Allo, Hilde ?

Actuellement, CoderDojo fait face à une demande plus grande que son offre. Les sessions de codage sont rapidement complètes et les listes d’attente ne cessent de s’allonger. Beaucoup d’enfants n’ont pas l’occasion de développer leurs compétences numériques, même s’ils le désirent ardemment. Nous faisons tout notre possible pour que davantage d’enfants puissent s’inscrire à nos sessions et sommes en permanence à la recherche de coaches. Rien que cette année, sept clubs se sont ajoutés. Et la demande ne fait que s’accroître.

Voilà pourquoi, en attendant que l’enseignement puisse offrir le soutien nécessaire, je me réjouis de chaque nouvelle initiative en la matière. Mais ce doit être gratuit, car les compétences numériques sont un droit fondamental du 21e siècle.

Que se passera-t-il une fois que la Ministre de l’Enseignement aura pris les mesures nécessaires ? Eh bien dans ce cas, les sessions de codage ne seront plus une activité extrascolaire nécessaire, mais bien un hobby. Un peu comme un club de sport ou une école de musique. Toute personne talentueuse et passionnée cherchera de toute façon à s’instruire. Nous devons unir nos forces pour découvrir et stimuler de manière précoce les talents numériques de nos enfants. Le reste suivra de lui-même.

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