Wilfried Martens et Bistel

Guy Kindermans Rédacteur de Data News

En tant que premier ministre, feu Wilfried Martens créa avec Bistel un premier internet propre au gouvernement belge.

Même si le système avait été traité de haut, il n’empêche que Wilfried Martens avait en son temps avec Bistel – le Belgian Information System by Telephone – fourni aux membres des pouvoirs publics belges un instrument qui constituait en fait un mini-internet. Dans ses mémoires, il le qualifie de “révolutionnaire” et déclare qu’il en faisait lui-même avec enthousiasme la démonstration à des tiers.

Source d’informations

Dans le cadre du programme ‘Houtekiet’ sur Radio 1, Siegfried Bracke a fait observer que Wilfried Martens voulait continuellement rester informé des événements importants et qu’à l’époque pré-internet, il écoutait fidèlement chaque heure les infos à la radio. Il ne faut donc guère s’étonner qu’après un entretien avec des spécialistes d’IBM à propos d’échange de données lors d’une visite de travail aux Etats-Unis en 1982, Wilfried Martens se lança à corps perdu dans le projet Bistel” (Mémoires, p. 806). Wilfried Martens cite Dirk Mangeleer et Sophie Dutordoir (aujourd’hui CEO d’Electrabel) comme les fondateurs de ce projet, lequel “fut amené à maturité par Frank Robben”.

Grâce à Bistel, les quelques 573 utilisateurs pouvaient consulter les télex des agences de presse, les données statistiques du NIS et de toute une série de banques de données (comme celle de l’OCDE), mais le système offrait aussi une fonction postale électronique (en ce compris les envois urgents et les recommandés). Bistel assuma vraiment une fonction internet pour Wilfried Martens, comme en témoigne l’exemple de l’incursion de rebelles au Rwanda en octobre 1990. Dans ses mémoires, Martens mentionne comment “il consultait selon une bonne vieille habitude les messages sur l’ordinateur gouvernemental Bistel” et y trouva précisément un télex de Belga sur l’incursion. “J’ai aussitôt alerté mon cabinet par ces mots: ‘Etes-vous tous en train de dormir!’ Même mon collaborateur diplomatique n’était pas au courant.”

Critique et le ‘hacking’

Bistel se caractérisa aussi par un scandale, lorsqu’en octobre 1988, il apparut que l’on s’était introduit dans le système. Un restaurateur, Luc Panckoucke, avait réussi à accéder par intrusion à l’échange de courriers entre les ministres dans Bistel. Wilfried Martens a toujours prétendu qu’il ne s’agissait pas d’un piratage (hacking) du système, mais “d’un abus de confiance d’un ex-collaborateur”. Et de faire référence à Bart Halewyck, qui avait effectué son service militaire au cabinet. Martens déposa plainte, mais lorsqu’il s’avéra que la code pénal belge affichait des lacunes en matière d’intrusion dans les ordinateurs, les auteurs furent dans un premier temps condamnés (un jugement annulé plus tard en appel) pour ‘vol d’électricité’. Le code pénal fut ensuite adapté dans l’optique des nouvelles évolutions informatiques et télécoms.

L’on critiqua aussi Bistel du fait qu’il était trop coûteux et peu efficient. Martens rejeta cette critique en faisant observer qu’avec Bistel, nombre de données avaient été dévoilées et que si le coût était assurément plus élevé, c’était dû au fait que l’on avait sciemment opté pour des produits belges (notamment de chez Barco et Etap). Du reste, l’investissement total était “inférieur à un kilomètre d’autoroute”.

Bistel évolua ensuite en Fedenet. Aujourd’hui, sa fonction est assumée par Belnet, le fournisseur internet des services publics, ainsi que des institutions de recherche et d’enseignement belges.

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