Une scale-up gantoise lance la plate-forme DataOps
La scale-up gantoise Tengu lance sur le marché sa plate-forme de gestion des données. Un marché qu’elle espère du reste partiellement créer.
Tengu a débuté son existence sous la forme d’une application que Thomas Vanhove a développée pour faciliter sa recherche pour sa thèse de doctorat. L’application cible les ‘data scientists’ et doit pouvoir traiter spécifiquement les données massives (‘big data’) et gérer l’environnement data des analystes de données.
Selon Vanhove, cette application n’est pas un énième tableau de bord. Le focus de la plate-forme consiste en la création conviviale de données massives et en l’amélioration de la collaboration. “La visualisation est certes importante, mais il faut considérer notre produit comme une plate-forme de gestion des architectures de données. On pourrait la comparer à l’égouttage et à la robinetterie d’une maison”, déclare Vanhove à Data News. “Nous allons installer et gérer les robinets et la tuyauterie pour les données d’une organisation. L’ensemble de la gestion de mesurage et de filtrage du débit de l’eau ou des données, c’est Tengu qui s’en occupera. Il ne faudra dès lors pas payer bien cher un plombier ou recruter toute une série de professionnels dans ce but.”
Une analytique des données plus rapide
Sur un marché du travail caractérisé par un manque criant de ‘data scientists’, Vanhove observe le besoin d’un logiciel qui rende l’analytique des données plus efficiente: “Il y a une pénurie non seulement de spécialistes en données, mais aussi d’ingénieurs et d’architectes data. Sur tous ces plans, on se retrouve donc avec des profils très coûteux, et on veut alors que ces profils soient utilisés de manière aussi efficiente que possible pour l’organisation. Mais en réalité, ces gens sont chargés de très nombreuses tâches variées. C’est ce que nous voulons automatiser avec Tengu, afin qu’ils puissent réagir plus vite à des situations, à des erreurs ou à des demandes du métier.”
En principe, la plate-forme absorbera et automatisera quelques travaux manuels des ‘data scientists’. Plus tôt cette semaine, une enquête a démontré que les ‘data scientists’ consacrent par exemple 45 pour cent de leur temps à charger et à nettoyer des données. Des tâches telles que la recherche des banques de données ad hoc pour une mission spécifique, la mise en oeuvre d’un environnement de test et la recherche de l’information requise se déroulent nettement plus rapidement via la plate-forme, selon Vanhove: “Avec Tengu, il est possible de créer dynamiquement un environnement de test, qui soit automatiquement relié aux bases de données voulues, avec la configuration adéquate, afin de pouvoir travailler immédiatement. Ce sont là des choses qui prennent à présent des semaines, alors qu’avec Tengu, il ne faut que quelques minutes.” Il a calculé que la plate-forme est capable d’absorber trente pour cent des tâches d’un ingénieur data. “C’est là trente pour cent de temps qui se libère pour effectuer des choses plus complexes et plus ciblées pour l’organisation.”
Feuille de route
Initialement, Vanhove a conçu la plate-forme pour lui-même, afin de faciliter la recherche pour sa thèse de doctorat. Conjointement avec l’un de ses promoteurs, Gregory Van Seghbroeck, il a en 2016 créé une entreprise autour de la plate-forme. Ces dernières années, Tengu a été proposée avant tout comme un service. “En tant que spin-off, on arrive de manière assez naïve sur le marché avec un arrière-plan académique”, explique Vanhove. “S’ensuit alors la recherche d’une adéquation entre le produit et le marché. L’idée était d’abord de le lancer à l’époque en tant que plate-forme sur le marché, mais il apparut bien vite que ce dernier n’y était pas préparé à ce moment-là.”
Tengu décida donc de proposer sa plate-forme en tant que service et d’aider ainsi à faire démarrer ce qui s’avéra finalement un nouveau marché, qui fut entre-temps appelé DataOps. Aujourd’hui, le moment est venu d’après Vanhove: “Depuis le début de cette année, nous sommes en train d’effectuer la migration. Les contrats existants conclus avec les clients portent sur des licences, alors que les nouveaux contrats sont directement basés sur une licence. Nous proposons évidemment ici et là encore un support aux clients, s’ils en ont besoin. Nous savons que tout le monde ne dispose pas de toute la connaissance en interne et nous la partageons donc volontiers avec eux.”
Vous avez dit DataOps?
Le fait que Tengu s’oriente à présent vers les licences, est donc partiellement dû à la naissance d’un marché qui n’existait pas au début. Ce marché a même un nom: DataOps. “Ce terme circule depuis un petit temps déjà”, prétend Vanhove. “Gartner l’a officiellement reconnu en 2018 et l’a placé dans un cycle tendance, ce qui fait que ce marché est depuis lors devenu davantage une définition.”
Et DataOps n’est pas pareil à DevOps, selon Vanhove: “DataOps va plus loin que DevOps. Il envisage non seulement le côté technologique, mais porte aussi sur le regroupement de personnes autour des données. Bref, il est question de générer des données au sein d’une organisation.”
Tengu existe donc depuis plus longtemps que le terme même, mais Vanhove adhère sans problème au concept. “Nous y travaillons depuis sept ans déjà dans une perspective académique. Nous existions donc avant l’appellation proprement dite, mais nous l’avons adoptée, parce que nous croyons dans ce mode d’approche, par lequel on n’envisage pas que la technologie en tant que telle, mais on implique aussi des personnes non-techniques”, explique Vanhove. “Avec Tengu, nous ne pouvons actuellement pas encore couvrir tout, mais il s’agit bien d’une vision en laquelle nous croyons, à savoir que tout un chacun dans l’exercice de son travail devienne un ‘data scientist’. Avec Tengu, nous devons supporter tout cela tantôt plus tantôt moins et confier des outils adéquats aux personnes. Nous n’en sommes pas encore arrivés au point de pouvoir desservir des personnes non-techniques avec notre plate-forme, puisqu’il convient encore et toujours d’avoir une certaine connaissance technique, mais notre objectif et notre vision, c’est d’y arriver.”
Nouveau marché
Via son offre de services, la jeune pousse voulait participer à la formation de personnes et générer partiellement un marché. Tel est bien le cas avec le modèle de licence, selon Vanhove: “Nous constituons une communauté, nous avons créé DataOps Gent Meetups, conjointement avec Teamleader, où nous nous réunissons une fois par trimestre. Et à notre grande satisfaction, nous y attirons des personnes tant techniques que non-techniques. Nous voulons y investir pour stimuler ce marché.”
Mais cela n’en reste pas moins un nouveau marché, auquel Tengu veut donner forme, ce qui se traduit par des défis à relever. “Heureusement, il y a à Gand plusieurs entreprises qui nous ont précédés sur d’autres marchés”, affirme Vanhove. “Showpad l’a fait par exemple en matière d’activation des ventes (‘sales enablement’). Nous avons beaucoup appris de leur façon de faire. Les trajets que nous avons parcourus avec iStart et Birdhouse, ce sont des moments, où on a accès à des notions et à des informations supplémentaires.”
Hors des frontières
En plus de Vanhove et de Van Seghbroek, Tengu compte désormais neuf collaborateurs à temps plein et une co-fondatrice: la CMO Daphné de Troch, qui débarqua en 2019. “Gregory et moi interagissons. Nous sommes deux profils complémentaires”, précise Vanhove. “Mais nous avons tous deux une formation académique technique. Du point de vue de la croissance pure, il convient de se montrer critique vis-à-vis de la connaissance qu’on n’a pas. Daphné était notre experte en marketing de croissance et elle voulait réfléchir avec nous à la stratégie à suivre. Nous l’avons donc intégrée à l’actionnariat en septembre 2019, car nous avons jugé qu’il était important qu’elle soit présente à ce niveau en raison de son bagage dans les domaines de la vente et du marketing, ainsi que de son expérience en la matière.”
A présent que Tengu n’opère plus sur la base de services, elle lorgne aussi l’étranger, selon Vanhove: “Personne en Europe n’a une plate-forme similaire.” Mais les projets envisagés conduisent aussi à de possibles phases de capitalisation, à l’entendre: “Nous nous sommes toujours montrés économes avec les fonds dont nous disposions. Nous jouissons en outre d’apports récurrents, ce qui nous permet de payer notre personnel et de soutenir la poursuite de notre croissance. Mais nous sommes à présent en train de négocier avec des acteurs en vue d’organiser une phase d’investissement pour notre première internationalisation. Il pourrait s’agir d’une combinaison de business angels, mais nous dialoguons également avec quelques fonds de capital risque. Nous nous attendons à conclure d’ici la fin de l’année.”
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