Une artiste de performance traînée hors de la scène à TEDxBrussels
Durant sa performance à TEDxBrussels, l’artiste luxembourgeoise Deborah De Robertis a été traînée de force en dehors de la scène ce lundi soir, alors qu’elle s’opposait à la censure.
Précédemment déjà, De Robertis avait provoqué l’émoi de par son interprétation personnelle de diverses peintures. C’est ainsi qu’il y a quatre ans, elle imita elle-même en direct l’oeuvre intitulée ‘L’Origine du Monde’ de Gustave Courbet. A cette occasion, elle s’était assise face à la toile qui se trouve au Musée d’Orsay, seulement vêtue d’une petite robe dorée et les jambes largement écartées. Comme l’artiste ne voulait pas cesser d’exposer son vagin, le musée fit évacuer la salle. Elle avait fait de même par la suite devant Olympia de Manet toujours au Musée d’Orsay, et l’année dernière devant Mona Lisa au Louvre.
‘Ouvrir mon vagin, c’est comme ouvrir ma bouche’
‘Ouvrir mon vagin, c’est comme ouvrir ma bouche’, expliqua la féministe lors de sa performance à TEDxBrussels, ce lundi soir au BOZAR. Et de montrer des images de ses précédents agissements, mais à Bruxelles, elle ne se déshabilla pas. Il n’empêche que sa performance, qui consistait en une chorégraphie et en une opposition féministe à la censure, fut interrompue précocement par l’organisation de TEDxBrussels. De Robertis fut traînée par la force en dehors de la scène, une opération durant laquelle, assez ironiquement, ses seins furent dévoilés.
Cela provoqua pas mal de tumulte dans la salle: ‘Cela faisait-il partie de la performance?’ Un représentant de TEDxBrussels est ensuite venu présenter ses excuses pour ce que le public venait de voir. ‘Ce n’était pas une blague’, a-t-il affirmé devant les 1.500 personnes présentes.
Puis la police est venue sur place. Un porte-parole de celle-ci a confirmé au journal flamand De Morgen qu’il y avait eu un désaccord entre les organisateurs et l’artiste, que la police avait dû séparer les deux parties, qu’un PV avait été dressé et que des blessures avaient été constatées.
Liberté d’expression
Durant et après l’événement, l’organisation de TEDxBrussels n’a pas souhaité faire de commentaires sur les raisons ayant mené à pareille intervention. Selon des sources sur Twitter, De Robertis aurait convenu avec l’organisation de ne pas montrer des images de ses précédentes performances, et elle aurait donc été traînée hors de la scène pour ne pas avoir tenu parole.
Ketchum, l’agence PR qui sponsorise l’événement et en assure la communication, prend ses distances: “TEDxBrussels est par définition un événement où la liberté d’expression doit être une top-priorité. En invitant De Robertis, la scène a été offerte à une artiste qui s’est souvent déjà exprimée contre la censure. Qu’il y ait eu ou non rupture de contrat, cela n’excuse pas le fait d’avoir usé de violence pour traîner quelqu’un hors de la scène, sauf si la personne en question représentait une menace. Tel n’était manifestement pas le cas ici.”
Le Meilleur des mondes
L’édition de TEDxBrussels, un événement où des orateurs viennent parler de technologie et d’innovations, était cette année entièrement placée sous le slogan ‘Brave New World’ (Le Meilleur des mondes). Dans ce roman d’anticipation dystopique, les enfants sont élevés dans des tubes à essai, les gens n’ont des expériences sexuelles que dans un but commercial et ‘l’accouchement’ est considéré comme tabou. L’exposé de De Robertis, qui abordait la censure et la façon dont notre société traite le corps de la femme, s’y inscrivait parfaitement. La manière dont elle fut empêchée d’ouvrir la bouche par l’organisation de TEDxBrussels, le fut aussi assez ironiquement.
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