Une ancienne tour militaire du Westhoek sert à présent au ‘high-frequency trading’ américain
Un ancien pylône d’antennes de l’OTAN qui était utilisé pour transmettre des messages durant la Guerre Froide, est aujourd’hui devenu un maillon important dans la guerre financière entre ce qu’on appelle les high- frequency traders.
Un ancien pylône d’antennes de l’OTAN qui était utilisé pour transmettre des messages durant la Guerre Froide, est aujourd’hui devenu un maillon important dans la guerre financière entre ce qu’on appelle les high- frequency traders.
Une ancienne tour de transmission installée dans le petit village d’Houtem en Flandre Occidentale s’est vue insuffler une nouvelle vie, il y a quelques mois. Si ce pylône était autrefois exploité par les alliés de l’OTAN pour pouvoir communiquer rapidement, il transfère à présent instantanément des infos boursières pour le compte du spécialiste américain en ‘high-frequency trading’ Jump Trading.
En 2006 déjà, la force aérienne américaine décidait d’adopter le réseau à fibre optique pour sa communication, après quoi l’armée belge céda la tour inutilisée au Ministère des Finances qui, à son tour, décida de la vendre aux enchères.
Jump Trading, un spécialiste en high-frequency trading installé à Chicago, se montra intéressé et racheta la petite parcelle de terrain pour cinq millions d’euros, un montant qui était nettement supérieur à la valeur estimée du bien (la première offre approuvée était du reste de 255.000 euros). L’on sut très vite pourquoi.
“Il semble que la tour d’Houtem se trouve sur le trajet le plus court entre les Bourses de Londres et de Francfort”, explique Peter Roose (Veurne Plus), le bourgmestre de Furnes (Veurne). “La communication entre les 2 principales Bourses européennes serait jusqu’à quelques secondes plus rapide via le Westhoek qu’en utilisant Calais.”
Il va de soi que la vitesse est essentielle pour des entreprises telles Jump Trading. Et si la fibre était jusqu’il y a peu le choix préféré des traders en données électroniques, ils se tournent à présent explicitement vers la technologie de la micro-onde, qui serait de moitié plus rapide et qui permettrait ainsi de réagir plus vite sur les mini-évolutions de prix d’actions et d’autres actifs.
Les entreprises qui se livrent à du high-frequency trading, doivent évidemment défendre leur position. Si l’une d’elles bascule de la fibre vers la micro-onde, le reste est quasiment forcé de suivre. Car si un acteur est capable de détecter plus rapidement l’information ad hoc, les autres s’en trouvent nettement pénalisés.
Flash Boys
L’utilisation du pylône installé au Westhoek arrive au moment précis où le ‘high-frequency trading’ provoque pas mal de remous dans le monte entier. La cause en est le livre Flash Boys de l’ancien trader en obligations Michael Lewis.
L’Américain y affirme que les high-frequency traders manipulent massivement le commerce des actions. Ils recourraient à de la technologie perfectionnée et à des algorithmes sophistiqués pour prendre de vitesse les investisseurs traditionnels. En exploitant des ordinateurs extrêmement puissants et des connexions ultrarapides, ils sont capables de traiter des milliers d’ordres en quelques microsecondes. Cela leur confère un avantage vis-à-vis des investisseurs traditionnels.
Jump Trading est l’un des premiers high-frequency traders cités à comparaître. Alors que nous écrivons ces lignes, le procureur général Eric Schneiderman de New York est en train d’examiner si les high-frequency traders profitent en effet d’informations non publiques et s’ils prennent ainsi de vitesse les investisseurs traditionnels.
“Nous sommes déjà contents que le nouveau propriétaire ait veillé à une meilleure sécurité”, ajoute encore Roose. “Les lumières autour de la tour ont été remplacées, de même que les antennes et tout le câblage. L’on y a aussi installé deux nouvelles paraboles à micro-onde. La grande différence, c’est qu’au lieu de données militaires, ce sont à présent des messages boursiers qui sont transmis.”
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