Giselle Vercauteren

‘Un système d’enseignement non adapté aux possibilités et besoins de la numérisation actuelle’

Giselle Vercauteren Head of Delivery chez TUI Benelux

‘Lorsqu’il y a deux ans, ma fille eut droit à un cours d’informatique, mais qu’ensuite, elle savait à peine ce qu’était un bureau ou un réseau, j’en eus le coeur net: notre système scolaire n’est pas adapté à la numérisation actuelle’, écrit Giselle Vercauteren de TUI Benelux, qui est à présent ravie que les ministres Crevits et De Croo vont collaborer sur le plan de la numérisation dans l’enseignement.

Il y a deux ans donc, j’ai pris conscience que je pouvais à tout le moins être accusée de négligence coupable, avec même un sens plutôt dramatique de négligence quant à l’avenir de nos jeunes. Et je n’étais pas la seule car des centaines, voire des milliers de professionnels de l’IT en Flandre étaient d’accord avec moi.

Voici comment cette autoréflexion m’est venue.

Ni jeux programmatiques ni bricolage avec fils et boutons

Ma fille a suivi à l’école ses premières leçons d’informatique à l’âge de 11 ans. En tant que maman qui se targue de se passionner professionnellement pour l’innovation et les sciences IT, j’étais à l’époque incroyablement intéressée et surtout curieuse de suivre son parcours découverte de l’informatique. Je voulais y participer activement. Les possibilités amusantes ne manquaient pas: les écoliers allaient-ils apprendre à créer un robot avec Dwengo, ou allait-on aiguiser leur capacité à résoudre des problèmes avec des programmes comme Scratch, connu par Coderdojo? Ou allait-on aborder la pensée computationnelle avec Unplugged?

Une année scolaire plus loin, elle ne sembla pas avoir abordé toutes ces choses et n’avait trouvé aucun plaisir dans ses premières leçons d’informatique. Ni jeux programmatiques, ni notions intéressantes d’automatisation, ni bricolage avec fils et boutons. Elle ne savait pas encore ce qu’était un bureau ou un réseau, et encore moins un système d’exploitation. Elle avait appris comment ‘cliquer sur un lien’ qui la menait vers des calculs et des exercices linguistiques en ligne. Elle avait aussi appris à utiliser Word et à préparer un exposé.

‘L’insupportable ennui de l’IT’

Elle était entre-temps convaincue de l’insupportable ennui que représente l’IT. Elle ne se sentait en outre pas du tout attirée par cette branche sous prétexte que ‘le lien ne fonctionnait pas toujours’ et qu’elle ne savait pas comment résoudre le problème.

Moi, j’avais confiance dans le niveau d’enseignement flamand hautement loué. Je pensai donc que j’étais trop impatiente et que ma fille allait découvrir ce qu’était réellement l’informatique ultérieurement.

Mais cela ne fit qu’empirer: en première année de l’enseignement secondaire, les cours d’IT se résumaient à… taper en aveugle sur le clavier. Pour l’école, le fait de pouvoir taper vite était une condition nécessaire à l’utilisation d’un ordinateur, et les cours d’IT convenaient parfaitement dans ce but.

Cela m’a ouvert les yeux: nous étions en situation d’échec. Le système d’enseignement n’était pas adapté aux besoins et aux possibilités de la numérisation en cours. L’école ne proposait pas assez de capacités de découverte captivantes et surtout techniquement enrichissantes.

Notre système scolaire n’est pas adapté aux besoins et possibilités de la numérisation actuelle

Il est temps d’agir

Les responsables IT ne pourraient-ils pas jouer le rôle qui leur est dévolu et ne devraient-ils pas même faire toute la transparence sur l’importance des utilisateurs numériques pour notre société de demain? En tant que responsable IT, je suis plongée dans la révolution numérique au travail. Je suis consciente de la force de la pensée computationnelle en vue de comprendre notre société informatisée et de lui donner une forme. N’est-il pas temps d’agir?

Je crois que nos enfants doivent recevoir les notions et les compétences, afin qu’ils deviennent des personnes conscientes du phénomène numérique. Ils vivent dans un monde connecté et piloté par l’information, auquel certains contribueront professionnellement. Ils sont nos utilisateurs, travailleurs et collègues de demain. Mais aussi les consommateurs de nos produits.

En développant leur créativité, en les initiant et en leur apprenant le mode de pensée computationnelle, les enfants prendront conscience des possibilités et des dangers du monde informatisé.

Les ados veulent en toute intimité poster des photos sur les médias sociaux, partager leurs sentiments avec des amis connus et inconnus, découvrir quelles informations non censurées ils peuvent trouver. Tout en expliquant à leurs grands-parents comment visionner des films légalement ou… moins légalement, en en connaissant plus sur les médias sociaux que maints directeurs IT, ils n’obtiennent que des informations d’utilisateurs. Ils sont sur le plan numérique abandonnés à un internet commercial, où le marketing a trouvé une nouvelle existence, et nos enfants en sont un segment cible.

De la nécessité du recyclage et de la formation adaptée

L’initiative de la KVAB (Koninklijke Vlaamse Academie van België voor Wetenschappen en Kunsten) et de la Jonge Academie était une opportunité idéale pour le Digital Championship d’expliquer l’importance des sciences informatiques dans l’enseignement.

En tant que représentante de l’Agenda Numérique en Belgique et conjointement avec quelques responsables IT, j’étais ravie de pouvoir collaborer à la publication de Informaticawetenschappen in het leerplichtonderwijs.

Tous ensemble réunis dans un groupe de travail, nous avons adopté un point de vue qui a été soutenu par toutes les disciplines: l’informatique dans l’enseignement obligatoire est fondamental pour atteindre la pensée computationnelle, afin de rendre les jeunes compétents dans l’IT.

Pour y arriver, les enseignants doivent se recycler, et la formation des candidats professeurs doit être adaptée, afin que l’informatique fasse l’objet de la reconnaissance et du contenu nécessaires.

La publication a été remise les 30 et 31 mars 2015 à la ministre flamande de l’enseignement Hilde Crevits et au ministre fédéral de la numérisation Alexander De Croo. Une journée d’étude est organisée ce 29 avril 2015 dans la Troonzaal de la KVAB. En soutenant activement ces initiatives, les professionnels de l’IT peuvent démontrer que l’informatique dans l’enseignement constitue l’une des réponses à un besoin croissant d’e-compétences.

Notre enseignement représente la base même de notre bien-être économique, de l’innovation et de l’avenir. Pour notre croissance et notre compétitivité en Europe, nous aurons toujours davantage besoin de personnes compétentes en IT.

Tout un chacun qui a conscience de la place que prend le numérique dans notre monde et dans notre société, sait toute l’importance d’en connaître tous les rouages, un apprentissage qui doit être accessible à tous: filles et garçons, pauvres et riches, avec plus ou moins de talent scientifique.

La collaboration Crevits – De Croo permet d’espérer

Je crois fermement qu’ensemble – professionnels de l’IT, universités, personnel enseignant et surtout enfants enthousiastes – nous pouvons faire la différence. Des initiatives comme Digital Championship, KVAB et Jonge Academie, Coderdojo, écoles STEM collaborent fondamentalement à un avenir numérique florissant basée sur une utilisation plus volontaire de l’IT et sur une sécurité numérique plus grande. La collaboration entre les ministres Crevits et De Croo permet d’espérer.

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