Un outil d’Uber permet aux chauffeurs d’éviter des contrôles des pouvoirs publics

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Pieterjan Van Leemputten

Uber utilise depuis des années déjà un outil permettant d’éviter les contrôles des autorités dans les régions, où le service de taxi controversé est interdit. L’entreprise elle-même affirme qu’elle veut surtout se protéger contre les abus.

Greyball, voilà comment s’appelle le programme avec lequel Uber se soustrait aux autorités depuis 2014, selon le New York Times. Il exploite pour ce faire les données de l’appli Uber, mais aussi des méthodes moins reluisantes pour identifier les services publics. L’entreprise réduit ainsi le risque que ses chauffeurs puissent être contrôlés.

L’outil s’avérerait par exemple tout spécialement sensible pour les déplacements proches des bâtiments publics, où des contrôleurs pourraient être potentiellement actifs. Les chauffeurs sont alors à même d’annuler ou d’ignorer des courses. Et le client reçoit le message, selon lequel aucun chauffeur n’est disponible.

Selon le New York Times, Greyball intégrerait une série de tactiques. C’est ainsi que sur Facebook, il serait possible de rechercher des profils de contrôleurs potentiels en vue de connaître leur numéro de téléphone. Un filtre s’appliquerait aussi à certains smartphones bon marché que les contrôleurs seraient susceptibles d’utiliser.

Uber même ne conteste pas l’existence de Greyball et ajoute que l’outil est encore et toujours exploité. Mais un porte-parole de l’entreprise précise à l’agence de presse Reuters que la portée du logiciel s’est aujourd’hui réduite au fur et à mesure que l’entreprise est devenue légalement active dans davantage de régions. L’outil serait en outre essentiellement utilisé pour protéger Uber contre les abus des concurrents, voire contre les abus des chauffeurs par des utilisateurs. Les autorités ne seraient abusées que dans une moindre mesure.

L’outil serait exploité notamment à Paris, en Italie, en Corée du Sud, à Boston et à Las Vegas. On ignore si ce fut le cas également en Belgique, où le service opéra quelque temps, avant d’être explicitement interdit.

La nouvelle du logiciel d’évitement des contrôles est une nouvelle preuve que l’appli Uber est aux abois. La semaine dernière encore, son CEO Travis Kalanick défraya négativement la chronique, après avoir réagi vertement, lorsqu’un de ses chauffeurs se plaignit d’être trop peu payé. L’entreprise est aussi la cible d’accusations d’intimidation sexuelle en son sein et est impliquée dans un procès intenté par Waymo de Google à propos du supposé vol d’une technologie relative aux voitures autonomes.

En même temps que l’annonce de Greyball, on a aussi appris que le chercheur en sécurité Charlie Miller et le vice-président Product & Growth Ed Baker démissionnaient. On ne sait cependant pas s’il y a une relation de cause à effet entre les deux affaires. Miller est surtout connu par le grand public comme le hacker qui était parvenu à pirater une Jeep en train de rouler.

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