Un méga-piratage n’impacte guère la valeur marchande de Yahoo!

Yahoo! victime d'un crime organisé ? Ou d'une cyberguerre froide ? © Reuters
Els Bellens

Yahoo! s’est certes fait dérober les données d’une majorité de ses utilisateurs, mais cela n’a que peu d’effet sur l’entreprise même et sur sa valeur marchande. On dirait que même les méga-piratages n’intéressent plus grand-monde.

Yahoo a en 2013 perdu un milliard de données d’utilisateurs, et en 2014 encore un demi-milliard. C’est ce qui avait été annoncé plus tôt cette année. On a un moment pensé que cette information mettrait des bâtons dans la roue du processus de rachat de Yahoo par le géant télécom américain Verizon. Mais tel ne semble pas être le cas: c’est comme si les piratages, même de grande ampleur, n’exercaient guère d’influence sur les grandes entreprises.

“Je n’ai pas le sentiment que ces piratages constituent un gros problème dans le contexte plus large de l’accord”, déclare Michael Mahoney, senior managing director de Falcon Point Capital, une société d’investissement, à l’agence de presse Bloomberg. “Ils peuvent certes causer des dommages, mais les gens oublient assez vite.”

Il faut dire qu’on apprend quasiment chaque mois que des entreprises sont piratées, alors que les experts en sécurité nous bassinent les oreilles sur les dangers des maliciels (malware), pirates (hackers), virus, IoT botnets, etc. Bref, on en a assez. Le risque est donc limité que cela représente un problème à long terme pour Yahoo!. Surtout eu égard au reste du marché.

Le coût d’un piratage

C’est surtout aux Etats-Unis qu’il y a eu d’importants cas de fuites de données, entre autres au sein de la chaîne de supermarchés Target, où un piratage a permis en 2014 le vol de quarante millions de numéros de cartes de crédit. “Les gens savent ce qu’est une fuite de données, mais comme cela revient systématiquement dans les conversations, c’est un peu l’apathie”, explique Eva Casey Velasquez, chief executive officer of the Identity Theft Resource Center.

Rayon chiffres, le coût d’une fuite de données pour l’entreprise piratée n’est en outre pas gigantesque. La chaîne commerciale Target l’a par exemple évalué à 200 millions de dollars non couverts par l’assurance. Cela peut nous paraître beaucoup, mais ce n’est pas un montant qui va déstabiliser une énorme chaîne américaine de ce genre. Dans une étude d’IBM, le coût mondial moyen d’une fuite de données a été estimé à quelque quatre millions de dollars. Dans cette étude, IBM indique que le coût moyen de chaque document volé ou perdu oscille entre 154 et 157 dollars (soit entre 147 et 151 euros).

Verizon a conclu un accord de rachat de Yahoo! pour un montant de 4,83 milliards de dollars et tentera peut-être de le revoir à la baisse, mais le deal ne sera probablement pas remis en question. Yahoo! n’est en outre pas rachetée pour ses capacités technologiques ou sa crédibilité, mais pour son trafic internet. Verizon a entre-temps déjà repris toute une série d’entreprises internet et de médias, dont dans les années nonante la populaire AOL, dans le but de vendre de la publicité. Yahoo! est donc en grande partie rachetée pour le trafic que des sites tels Yahoo! News et Flickr génèrent. Et ce trafic ne fléchira pas à cause d’un piratage. Selon le suiveur du web Alexa Internet, Yahoo.com se classe à la sixième place au classement des destinations internet les plus populaires au monde.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire