Un chercheur viré d’une cellule de réflexion pour avoir critiqué Google

Eric Schmidt © Reuters
Els Bellens

Un chercheur américain a été licencié d’une cellule de réflexion probablement parce qu’il avait exprimé de trop vives critiques à l’égard de Google. Il faut dire que le géant internet est l’un des principaux sponsors de cette cellule de réflexion.

The New America Foundation, une cellule de réflexion qui rédige des rapports sur la manière dont les Etats-Unis doivent oeuvrer en cette ère numérique, a remercié l’un de ses membres éminents, Barry Lynn. Selon le New York Times, ce licenciement est dû au fait que Lynn ait critiqué Google. D’après le journal, la goutte qui a fait déborder le vase, a été un message posté sur un blog dans lequel Lynn complimentait la commissaire européenne Margrethe Vestager pour sa récente victoire sur Google.

Lynn dirige le groupe de recherche Open Markets, qui milite pour endiguer la puissance des grandes plates-formes monopolistiques telles Google, Facebook et Amazon. Dans un message posté sur un blog, il salue la Commission européenne pour son combat contre l’abus de position dominante en Europe, et incite les autorités américaines à faire pareil.

Ce message a entre-temps été supprimé du net, puis reposté pour des raisons inconnues, mais le fait est que quelques jours après ce communiqué, Lynn, ainsi que dix autres membres du staff d’Open Market, ont été virés. La cellule de réflexion même dément que cela soit dû aux critiques émises sur Google et signale que Lynn a été licencié, parce qu’il ne respectait pas les règles de transparence et de ‘collégialité institutionnelle’. Google indique pour sa part n’avoir rien à voir avec ce licenciement.

Lobbys influents

Toute cette affaire se résume essentiellement à un petit jeu de parlottes mal perçues, mais elle attire néanmoins une fois encore l’attention sur l’influence que les géants technologiques peuvent avoir grâce à la masse d’argent qu’ils injectent dans divers groupes de lobbying et de chercheurs. Google, et spécifiquement son directeur Eric Schmidt, est l’un des principaux sponsors de The New America Foundation. Et ce n’est pas le seul. Les ‘cinq grands’, à savoir Amazon, Google, Facebook, Microsoft et Apple, ont beau avoir ignoré la politique pendant longtemps, ils sont néanmoins devenus ces dernières années les sponsors de toute une série de cellules de réflexion et de politiciens tant à Washington qu’à Bruxelles. Et ils disposent de moyens financiers largement suffisants que pour faire preuve de prodigalité et s’assurer ainsi une ‘certaine influence’.

Il se pourrait certes que Schmidt n’ait pas appelé personnellement New America pour faire part de ses récriminations, mais si le géant paie la… tartine de New America, il y a quand même des choses à ne pas faire!

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