Un chaos informatique à la base du crash de l’AF447?

Stefan Grommen Stefan Grommen est rédacteur de Data News.

Des turbulences, une indication de vitesse de vol erronée, une série de problèmes informatiques et des pilotes dépassés par les événements auraient causé conjointement le crash de l’Airbus 330 français.

Des turbulences, une indication de vitesse de vol erronée, une série de problèmes informatiques et des pilotes dépassés par les événements auraient causé conjointement le crash de l’Airbus 330 français.

Nous écrivons bien ‘auraient’ car les boîtes noires n’ont toujours pas été retrouvées, de sorte que les éventuelles supputations quant aux causes ne sont soutenues que par les messages de maintenance automatiques émis par l’avion, par les débris retrouvés et par d’autres cas quelque peu similaires d’avions Airbus 330.

C’est ainsi que le mardi 23 juin dernier, un Airbus 330 de Northwest Airlines est entré dans une zone pluvieuse lors d’un vol reliant Hong Kong à Tokyo (à une hauteur inhabituellement élevée), à la suite de quoi l’indicateur de vitesse indiqua une chute soudaine de la vitesse et que plusieurs alarmes se déclenchèrent. Le capitaine s’efforça alors de sortir le plus rapidement possible l’appareil de la zone pluvieuse et trois minutes plus tard, les systèmes de bord se remirent à fonctionner normalement.

Scénario catastropheDes experts semblent actuellement privilégier un scénario qui a débuté par l’entrée du vol AF447 dans une zone de très mauvais temps. Si une erreur s’était manifestée dans le capteur de l’indicateur de vitesse entraînant par exemple l’affichage d’une brusque modification de vitesse, cela aurait pu, comme c’est prévu, désactiver aussitôt le pilote automatique et le contrôle des gaz.

Ensuite, une série de systèmes auraient commencé à émettre des alarmes et des messages d’erreur (ce qui semble notamment émaner des messages de maintenance automatiques), ce qui aurait provoqué une cacophonie déroutante qui pourrait avoir décontenancé les pilotes. Ils auraient dû alors en effet simultanément prendre les commandes manuelles, évaluer le degré de gravité des alarmes et prendre les mesures nécessaires (par exemple en redémarrant les systèmes).

Tout cela aurait pu avoir tellement focalisé leur attention qu’ils auraient pu avoir mal estimé par exemple l’état réel et la vitesse de l’avion. Peut-être ont-ils alors accéléré (pour corriger une éventuelle vitesse basse indiquée) et/ou n’ont-ils pas remarqué que l’avion descendait en piqué (parce qu’aucun horizon réel n’était visible). Cela aurait pu alors faire en sorte que l’avion aurait atteint une telle vitesse qu’en combinaison avec les turbulences, les tensions exercées sur la structure auraient été trop fortes et auraient provoqué des dégâts fatals à la carlingue (ce qui correspondrait aux messages de perte de pression en cabine et aux traces de décompression sur les débris). La catastrophe était alors irrémédiable.

ConseilUn point important à rappeler ici, c’est qu’Airbus avait déjà publié en 2007 un conseil (et non pas une obligation impérieuse) d’effectuer une mise à niveau des capteurs de vitesse dans l’Airbus 330 – un travail qu’Air France était en train d’exécuter, mais pas encore sur l’appareil incriminé.

L’European Aviation Safety Agency (EASA, responsable du certificat de navigabilité de l’Airbus 330) a publié le 9 juin un [‘safety information bulletin’ (SIB n° 2009-17)], recommandant la prudence aux équipages des avions, parce qu’un mauvais fonctionnement des systèmes de vitesse peut avoir pas mal de causes différentes. L’EASA invitait à suivre strictement les procédures exigées et à s’entraîner suffisamment pour pouvoir prendre les mesures qui s’imposent en cas de nécessité. Ce bulletin n’a pas été publié spécifiquement pour l’Airbus 330, mais pour “tous les avions qui sont utilisés à des fins de transport aérien commercial”. L’EASA “confirme que l’Airbus A330 et tous les autres types d’avion Airbus sont en état de navigation et d’utilisation sûre”.

Enfin, il s’agit de continuer à rechercher les boîtes noires qui contiennent tant des informations sur le fonctionnement des systèmes de bord, le comportement de l’avion et, entre autres, les conversations des membres de l’équipage dans le cockpit.

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