Un assureur américain veut imposer un traceur de fitness à tout un chacun
Un assureur américain ne conclura désormais plus que des polices d’assurance ‘interactives’. Ce faisant, les clients pourront obtenir des ristournes, s’ils lui transfèrent des données stockées par leur ‘fitness tracker’ et d’autres instruments de suivi de santé.
L’assureur John Hancock, l’une des compagnies d’assurance vie les plus anciennes et importantes d’Amérique du Nord, ne va plus conclure des polices traditionnelles, mais uniquement des assurances vie ‘interactives’, pour lesquelles les clients recevront des remises, s’ils peuvent démontrer qu’ils sont en bonne santé au moyen de preuves données par leur ‘fitness tracker’ (traceur de santé).
Le concept de l’assurance-vie interactive a été plus ou moins imaginé par Vitality Group, un partenaire de John Hancock, et des polices du genre ont déjà été conclues en Afrique du Sud, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Les titulaires d’une telle police peuvent obtenir des ristournes, lorsqu’ils remettent les informations de santé enregistrées par leurs ‘wearables’ (montres intelligentes, fitness trackers, smartphones). De plus, ils peuvent aussi recevoir des bons de ristourne dans des magasins, s’ils évoquent leur amour pour le vélo ou pour une saine diète dans l’appli de leur assureur.
‘Plus longtemps les gens vivront, plus nous gagnerons de l’argent’
Les premières polices interactives ont été conclues en 2015 déjà, mais à présent, John Hancock a décidé d’utiliser le système pour toutes ses assurances. En théorie, c’est une bonne chose. Les gens ne seront provisoirement pas obligés d’envoyer leurs données. Mais s’ils acceptent de le faire, cela devrait les motiver à vivre sainement. Pour l’assureur, il est aussi préférable que leurs clients vivent plus sainement ou du moins plus longtemps: il pourra ainsi encaisser davantage de primes, avant de devoir verser le montant prévu par l’assurance vie au partenaire ou aux enfants du client.
Ou comme le dit Brooks Tingle, directeur de John Hancock, dans une interview accordée au New York Times: “Plus longtemps les gens vivront, plus nous gagnerons de l’argent. Si nous pouvons veiller à ce que nos clients vivent collectivement un peu plus longtemps, ce ne sera que tout bénéfice pour notre entreprise.”
Comme la police interactive n’existe que depuis trois ans maintenant, Tingle ne sait pas encore si son entreprise empochera vraiment beaucoup d’argent avec ce système, mais il semble confiant. Selon l’entreprise, les données qu’elle a déjà collectées à propos des titulaires d’une police Vitality, indiquent qu’ils vivent de 13 à 21 ans plus longtemps que le reste des citoyens assurés.
Respect de la vie privée
Indépendamment de la question de savoir si tout cela n’a pas un côté particulièrement ‘dystopique’ (fiction), la nouvelle police interpelle surtout sur le plan du respect de la vie privée. Des activistes ont déjà observé que les assureurs de demain pourraient utiliser ce genre de données pour ne sélectionner que les clients les plus rentables et augmenter les primes pour les personnes qui ne vont pas sagement faire du jogging chaque semaine par exemple. Pour le secteur des assureurs (américain), tel n’est pas le cas car ils sont contraints par la loi de justifier les augmentations de prime.
En outre, il y a aussi la question de savoir comment les compagnies d’assurance vont sécuriser toutes ces données. Le transfert constant de données d’applis engendrera un risque de sécurité supplémentaire, qui devra être géré tant du côté de l’utilisateur que de celui de l’assureur. Il convient encore d’ajouter qu’il y aura suffisamment d’incitants à la tricherie. Même un simple jeu de balade comme Pokemon Go a déjà démontré que les gens sont prêts à fixer leur smartphone une journée durant à leur chien, de sorte que les courses effrénées et autres escapades de ce dernier puissent leur rapporter, tout en faisant autre chose. On pourrait donc imaginer que des clients ayant conclu ce type de police confient leur Fitbit à des amis ou à des membres de leur famille qui fréquentent des salles de fitness, afin de pouvoir bénéficier d’une baisse du montant de leur prime.
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