Quelles conséquences l’espionnage internet exerce-t-il sur le surfeur que vous êtes?

Michael Ilegems Responsable musique Knack Focus

Les services de renseignements américains ont dans le monde entier accès à tout le trafic internet et téléphonique des utilisateurs. Nous avons rencontré le sociologue et spécialiste internet Ben Caudron à propos des implications au niveau de l’internaute moyen.

Dans le cadre du programme d’espionnage PRISM, les services de renseignements américains NSA et FBI mettent sur écoute le trafic internet et téléphonique tant des utilisateurs nationaux qu’étrangers. La sécurité de l’Etat belge a également accès à ces informations, mais indirectement. Quel danger l’internaute moyen court-il donc? Le sociologue et spécialiste internet Ben Caudron nous répond: ‘Ne devenons surtout pas paranoïaques.’

‘C’est peut-être résumer les choses de façon un peu trop sommaire, mais le fait est qu’il y a grosso modo deux parties qui s’intéressent aux données personnelles des internautes: les autorités d’un point de vue de contrôle, et les entreprise d’un point de vue commercial’, selon Caudron.

Pas problématique ‘Strictement parlant, les entreprises ne font guère autre chose que capter et stocker vos données, ce qui se fait en réalité depuis des années déjà et ce qui n’est pas non plus problématique pour l’internaute moyen. Un acteur tel Google peut vendre des données d’utilisateurs et en tirer un profit commercial, mais le géant des recherches ne s’intéresse pas à l’espionnage au niveau politique. Il en va tout autrement des pouvoirs publics. Ils ont tout intérêt à pouvoir procéder à de la mise sur écoute car ils affirment que cela leur permet – par exemple en matière de terrorisme – de mieux protéger leurs citoyens. Ce sont eux qui le disent, même si l’on peut se demander alors pourquoi le Congrès américain a aussi massivement menti dans l’affaire PRISM. Mais ne tombons surtout pas dans la paranoïa. Nous vivons provisoirement dans un régime politique faisant la part belle à la démocratie, surtout en Belgique.’

‘Soyez simplement conscient que votre trafic numérique peut être mis sur écoute et évitez donc de jeter sans sourciller des informations confidentielles en pâture sur internet’, conseille le sociologue. ‘Il est techniquement possible pour des tiers de tracer les données des utilisateurs. Et cela arrive, c’est aussi simple que cela. Nous ne devons surtout pas être trop naïfs. Mais cela ne signifie pas non plus que quelqu’un écoute en permanence vos communications téléphoniques. Pas mal d’argent circule il est vrai dans l’industrie de la sécurité américaine, mais cela ne les autorise encore et toujours pas à faire écouter chaque communication en temps réel par un collaborateur chargé aussi de l’interpréter

directement. De plus, elle n’a en général aucune raison d’agir de la sorte.’

Datamining Caudron évoque toutefois le problème du ‘datamining’: ‘Le problème se manifeste, lorsque toutes les traces numériques que vous laissez, sont couplées les unes aux autres. Un exemple: votre GSM signale à votre opérateur que vous vous trouvez à un endroit déterminé, là où à ce moment précis se passe un événement d’une organisation qui, Dieu sait pourquoi, est tombée en disgrâce auprès des autorités. Ce fait est ensuite lié au groupe Facebook de cette organisation dont vous êtes membre, ainsi qu’aux tweets que vous avez envoyés à propos de cet événement. Avant même que vous vous en rendiez compte, l’on vous colle ainsi une étiquette sur le dos, ce qui peut évidemment s’avérer problématique pour vous.’

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