QDOS n’a rien chipé à CP/M… quoique!

Guy Kindermans Rédacteur de Data News

Le prédécesseur de MS-Dos aurait copié des éléments du numéro un du marché de l’époque CP/M, a-t-on suggéré des années durant. Pas du tout, à en croire un article d’IEEE.

Le prédécesseur de MS-Dos aurait copié des éléments du numéro un du marché de l’époque CP/M, a-t-on suggéré des années durant. Pas du tout, à en croire un article d’IEEE.

Dans la lettre de nouvelles technologiques de Spectrum du réputé IEEE (l’Institute of Electrical and Electronics Engineers), un article tente de démontrer de manière définitive que QDOS – le prédécesseur direct de MS-Dos – n’a pas adopté le code du système d’exploitation CP/M de Digital Research. Son auteur, Bob Zeidman, a comparé pour cela avec l’aide de CodeSuite (un produit de SAFE, l’entreprise dont il est le président) le code de 86-Dos (la nouvelle appellation donnée par Gates à QDOS, après qu’il ait acheté le produit) et d’une version précédente de MS-Dos avec le code de CP/M. Sa conclusion est très claire: “QDOS n’est absolument pas copié de CP/M, et MS-Dos n’affiche pas non plus de signes de copiage. Les accusations de Gary Kildall (le fondateur et patron de Digital Research, ndlr) à l’adresse de Bill Gates sont donc totalement non fondées.” L’auteur de QDOS, Tim Paterson, affirme de reste explicitement qu’il n’a jamais examiné le code de CP/M, mais qu’il n’en a étudié que le manuel de programmation (et a aussi exploré la structure de CP/M avec un debugger).

Quoique! Comme souvent, un article qui veut mettre fin à une solide brouille ancestrale, semble ne pas y arriver complètement. C’est ainsi que Zeidman s’attire des critiques non seulement pour son approche, mais aussi pour le sujet de ses recherches. L’accusation de ‘vol’ ne portait en effet pas sur le code même, mais sur l’adoption des API de CP/M de Digital Research. Il apparaît ainsi que les 26 premiers ‘system calls’ de MS-Dos 1.0 sont identiques à ceux de CP/M. Cela a du reste été décrit déjà dans un livre datant de 2004 (“They made America”), à la suite duquel Paterson a porté plainte pour ‘diffamation’. Cette plainte fut par ailleurs rejetée et ce, sur base des faits publiés. Le livre prétendait aussi que QDOS avait adopté le ‘look & feel’ de CP/M. Ce dernier point constituerait aujourd’hui bien vite le motif d’un procès. La législation en matière de protection du code-programme en était à l’époque encore à ses balbutiements, ce qui aurait empêché Digital Research de porter plainte. L’entreprise aurait cependant forcé IBM à proposer aussi une version x86 de CP/M sur PC.

CP/M n’a jamais pu non plus défendre sa position de numéro un au sein de la première génération de microordinateurs orientés entreprise dans le nouveau monde des machine pilotées Intel x86. Non seulement, Bill Gates la joua finement dans ses rapports avec IBM, mais IBM même donna le coup de grâce à CP/M en raison du prix élevé demandé pour CP/M-86 (240 dollars contre une version gratuite de MS-Dos). La manière dont les choses se sont exactement passées, voilà qui va alimenter encore la recherche des futurs historiens qui vont continuer d’éplucher la période initiale du PC (personal computer).

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