Orange lance un double réseau IoT
Un an après l’avoir annoncé, Orange en a terminé avec son réseau IoT ou plutôt ses réseaux car, selon l’opérateur, deux couches réseautiques sont mieux normalisées que les technologies IoT concurrentes.
NarrowBand IoT (NB-IoT) et LTE-M sont désormais disponibles à l’échelle nationale. Il s’agit en l’occurrence de deux couches qui diffèrent légèrement l’une de l’autre et qui reposent sur l’actuelle norme 4G. Voilà aussi pourquoi le déploiement peut se faire par voie logicielle, sans matériel supplémentaire à installer sur les pylônes d’antennes.
“Nous intégrons l’ensemble à la plate-forme de connexion des appareils IoT, à savoir le portail et les API que les clients peuvent utiliser, comme cela se fait aujourd’hui déjà pour la 2G/3G/4G. Nous pouvons proposer également le portail IoT en tant que ‘whitelabel (étiquette blanche) ou ‘branded’ (de marque) aux autres fournisseurs de services, notamment de solutions ‘track & trace'”, explique Frank De Weser, director B2B Strategy et director de l’IoT Business Unit, à Data News.
Le réseau atteint 100% de la population et couvre plus de 99% du territoire belge. “Nous sommes là où se trouve la 4G d’Orange, mais avec 20 décibels en plus. Cela signifie que nous pouvons être présents aussi à l’intérieur, voire en profondeur dans le sol. Le réseau est en outre bidirectionnel”, affirme Gabriel Flichy, Chief Network Officer d’Orange. Voilà qui rend la technologie également intéressante pour, disons, les compteurs intelligents placés dans les caves.
Tardif certes, mais paré pour le futur
Dans l’annonce faite par Orange l’année dernière, l’opérateur évoquait dans un premier temps un déploiement et un lancement commercial dans le courant de 2017. On est donc un peu en retard sur le planning. Flichy: “Nous avons testé la technologie l’année passée, notamment entre le réseau de base et le RAN (Radio Access Network), avant de le déployer entièrement. Même s’il ‘ne s’agit que de software’, il faut quand même contrôler le déploiement et s’assurer que la nouvelle technologie n’impacte pas négativement l’infrastructure existante. Même par voie logicielle, cela reste un processus complexe.”
Nous sommes là où se trouve la 4G d’Orange, mais avec 20 décibels en plus. Cela signifie que nous pouvons être présents aussi à l’intérieur, voire profondément dans le sol.
Avec un lancement et un déploiement en 2017, Orange accuse du retard. Proximus avait en effet préparé son réseau LoRa en 2015 déjà. De son côté, Engie a débuté un peu plus tard et dispose depuis la fin de l’année dernière d’une couverture nationale avec Sigfox. Quant à Orange, elle voit les choses autrement: “LoRa n’est certainement pas une mauvaise technologie, mais c’était plutôt une sorte de technologie temporaire dans l’attente que la 3GPP (une collaboration d’opérateurs en matière de normes télécoms, ndlr) soit prête. L’avantage avec NB-IoT et LTE-M, c’est que les deux couches sont normalisées et peuvent donc être suivies plus étroitement. La 5G sera du reste développée sur base de cette technologie. Nous pensons donc qu’elle s’avérera plus intéressante à long terme”, selon Flichy.
De Weser: “Nous pensons qu’il y a à coup sûr encore des perspectives. Nous offrons directement une couverture complète. Chez LoRa ou Sigfox, on voit aujourd’hui des POC (Proofs Of Concept) nettement plus réduites, mais chez les RFP (demandes d’offre, ndlr), les acteur optent assez souvent explicitement pour NB IoT plutôt que pour d’autres technologies.”
Cela explique aussi, selon Orange, la présence de modules IoT incorporés dans les appareils. De Weser: “Sigfox et LoRa sont lancés depuis quelque temps déjà dans notre pays. Mais on observe que les gros vendeurs sont extrêmement intéressés par NB IoT. On voit que le prix des modules rien que pour cette technologie a diminué de 50 pour cent durant le dernier semestre. On peut déjà acheter un jeu de puces à partir de 20 euros à intégrer dans un produit.” “Et ce prix ne fera que se réduire au fur et à mesure que le volume d’appareils augmentera”, ajoute Flichy.
Aucun prix fixe n’a encore été communiqué pour l’utilisation des réseaux IoT. De Weser: Pour M2M (Machine to Machine, ndlr), cela dépendra de l’usage, et le prix sera calculé sur mesure pour le client ou le fournisseur de services concerné. Il pourra être basé sur les messages (nombre de communications d’un appareil) ou sur l’utilisation (quantité de données expédiées).”
Aujourd’hui déjà, Orange teste la technologie avec des partenaires. Il existe ainsi un projet de vélos connectés conjointement avec Huawei et Sensinxs. L’Imec effectue également des tests, spécifiquement sur base d’une fiche intelligente (smart plug) dans la City of Things anversoise. Enfin, Orange a aussi conclu un partenariat avec CommuniThings à propos de places de parking connectées.
Petite et grande échelle
Orange entend proposer ses réseaux IoT en sus de l’actuelle gamme M2M recourant surtout à la 2G/3G/4G. De Weser: “NB IoT cible de nouvelles applications comme les compteurs intelligents ou les bâtiments connectés. Il s’agit d’applications n’exigeant pas énormément de bande passante. La diffusion vidéo ne sera par exemple pas possible.”
LTE-M pourra certes remplacer à terme les applications 2G actuelles, mais il s’agit pour nous momentanément d’une histoire et/et.
En pratique, cela représente 100 octets à 100 kilooctets par seconde, même si l’entreprise considère la plage 30-70 Kbps dans les deux sens comme un ‘use case’ réaliste. “A cette différence près que NB-IoT est optimalisé pour tenir le coup dans certains cas jusqu’à 10 ans sur une seule et même batterie”, intervient Flichy. De Weser: “LTE-M pourra certes remplacer à terme les applications 2G actuelles, mais il s’agit pour nous momentanément d’une histoire et/et.”
Orange entend desservir tant les gros clients professionnels que les plus petits. De Weser: “D’une part, il y a les fournisseurs de services pour, disons, les paiements mobiles utilisant nos API ou notre portail. Ils proposeront ensuite eux-mêmes leurs services avec le support de notre réseau dans un environnement B2B2C ou B2B2B. Mais on recherche aussi la longue traîne (long tail): de petites entreprises ou équipes dans un environnement B2B, qui veulent automatiser ou tester quelque chose. Elles pourront acheter non seulement par voie ‘postpaid’, mais aussi ‘prepaid’. Nous voulons qu’elles nous rejoignent de la manière la plus aisée possible. S’il est question de moins de cent appareils, cela ne devra pas nécessairement passer par un gestionnaire de comptes, mais cela devrait pouvoir se faire aussi via un processus numérique.”
Nous n’allons pas développer nous-mêmes des applications pour les clients, mais nous voulons les aider là où nous pouvons le faire.
Fourniture de données
Orange envisage en outre d’autres services encore. “Nous voulons être un fournisseur de données pour le ‘long tail’, où nous mettrons à disposition du client par exemple dans le nuage les données d’un capteur thermique et ce, de manière sûre, afin que le client puisse sur cette base créer une appli”, explique encore De Weser. “Nous disposons d’un catalogue d’appareils que nous avons testés nous-mêmes et proposons la gestion de ces derniers, si le client le désire. Nous n’allons pas développer nous-mêmes des applications pour les clients, mais nous voulons les aider là où nous pouvons le faire.”
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