Oracle réagit par un procès, après qu’une autorité américaine se soit plainte de discrimination salariale

Pieterjan Van Leemputten

Oracle estime que le gouvernement américain n’a pas son mot à dire sur le fait que l’entreprise rétribue moins les femmes et les minorités au sein de son personnel. Voilà pourquoi elle intente elle-même un procès au département américain du travail.

Oracle est accusée depuis des années déjà sur base d’une enquête étayée qu’elle rétribue moins son personnel féminin que masculin, même si ces femmes occupent la même fonction et possèdent la même expérience. En moyenne, il s’agit d’une différence de 13.000 dollars par an. C’est surtout au niveau des primes et des options d’action que l’écart est sensible. Début de cette année, plusieurs femmes ont par conséquent intenté un procès de groupe contre l’entreprise et ce, sur base d’une enquête sur les salaires versés.

L’affaire remonte à 2013 déjà et va plus loin que le simple rapport femmes/hommes. En 2017, le Department of Labor américain intenta un procès, parce qu’il avait aussi constaté que les minorités gagnaient moins que le personnel masculin blanc. En même temps, il y aurait eu au niveau du recrutement de techniciens par exemple, une préférence évidente pour des hommes d’origine asiatique. Les candidats noirs ou latinos n’étaient pas retenus, même à compétences égales.

Oracle ne dément pas ces pratiques, mais réagit à présent en intentant à son tour un procès au Department of Labor américain. Elle évoque pour ce faire une immixtion inadmissible de la part d’une agence gouvernementale et prétend que le département en question n’a pas autorité ni à refuser à Oracle des commandes publiques à cause de pratiques discriminatoires, ni à porter plainte pour une rétribution moindre de certains membres de son personnel.

L’histoire du discriminateur qui ne veut pas être discriminé

Ce dernier point semble être très probablement le coeur même de l’affaire. Il semble qu’Oracle, qui est portant dirigée par une femme, Safra Katz, ne s’en fasse guère de mieux traiter ses employés masculins blancs que les autres. Mais si l’entreprise ne peut plus espérer ainsi concourir pour décrocher des contrats publics, elle risque de perdre une importante source de revenus.

C’est d’ailleurs ce qui rend cette affaire quelque peu ironique. L’entreprise elle-même ne voit aucun problème dans le fait de discriminer certaines personnes en raison leur origine, mais elle ne veut surtout pas être désavantagée à cause de sa politique discriminatoire démontrée.

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