Online, parce que vous ne pouvez pas sortir…

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Guy Kindermans Rédacteur de Data News

Les jeunes se retrouvent massivement en ligne sur les médias sociaux, parce que leurs parents leur interdisent de sortir, selon une chercheuse chez Microsoft.

Dans son livre ‘It’s complicated: the social life of networked teens’, Danah Boyd, une chercheuse chez Microsoft, relativise la durée démesurée passée en ligne par les jeunes sur les médias sociaux et autres sites de rencontres. Pour elle, ces jeunes ne font rien de plus et rien d’autre que ceux des générations précédentes, mais ils le font à présent online, parce que leurs parents refusent de les voir sortir. Alors qu’ils se voyaient avant en rue, sur des plaines de jeux ou dans des centres commerciaux, tel n’est plus le cas aujourd’hui car ces endroits sont considérés comme trop dangereux par les parents. De ses entretiens avec des jeunes dans le cadre de son étude, elle a observé aussi leur frustration quant à leur comportement en ligne.

La crainte d’un harcèlement croissant doit également être relativisée, selon Boyd. Ce problème semble en effet être de nature plus qualitative que quantitative. Le harcèlement en ligne touche en effet plus rapidement la victime dans un cercle plus large que le harcèlement dans des situations spécifiques en groupe plus restreint. Alors que le problème concernait avant un groupuscule de harceleurs, il peut à présent vite s’étendre à un cercle plus vaste et ainsi avoir un impact nettement plus intense, ce qui fait qu’il est assurément plus malaisément gérable et qu’il est plus difficile de s’en défendre. “Etre online accroît la visibilité”, affirme Danah Boyd dans une interview accordée à la MIT Technology Review. Plutôt que d’accuser la technologie, il faudrait accorder davantage d’attention aux problèmes de santé mentale (dont le harcèlement et le comportement asocial sont des manifestations). Il convient aussi que les jeunes apprennent davantage et mieux à se conduire les uns avec les autres.

Danah Boyd prétend également que les jeunes n’accordent pas moins d’intérêt au respect de la vie privée et ce, malgré leur comportement online. Ils veulent se mêler au public, mais pas être eux-mêmes des personnes publiques (‘to be in public, but not be public’).

Même si cette étude se base sur des entretiens avec de jeunes Américains, l’on ne peut nier qu’en Belgique aussi, il y a une évolution visant à éviter que les jeunes se retrouvent en rue et ce, tant pour des raisons de sécurité qu’à cause d’un comportement (supposé) gênant. Il serait à coup sûr intéressant d’examiner le comportement online de jeunes qui se rencontrent régulièrement en ‘live’ (moins parce qu’ils se voient souvent ou plus parce qu’ils partagent davantage entre eux, voire un mix?).

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