Notre smartphone peut-il nous prévenir d’un tremblement de terre?

© AFP

La plupart des smartphones semblent suffisamment sensibles pour ‘ressentir’ les premiers signes d’un tremblement de terre. Il serait donc possible que le smartphone puisse ainsi mettre son utilisateur en garde.

Nos smartphones peuvent déjà servir d’appareil photo, de calculette et de lampe de poche. Selon une étude scientifique, à laquelle The LA Times consacre un article, le smartphone pourrait aussi aider à détecter des séismes imminents et donc aussi à prévenir.

Les capteurs GPS équipant la plupart des smartphones semblent suffisamment sensibles pour enregistrer les premiers signes d’un tremblement de terre d’une magnitude de 7 et plus. Les données collectées par les smartphones pourraient donc être transférées en vue d’alerter les gens de l’imminence de secousses sismiques.

‘Le système GPS d’un smartphone est étonnamment efficient’, déclare la responsable de l’étude et géologue Sarah Minson (U.S. Geological Survey) à The LA Times. ‘Si vous déplacez votre téléphone de 15 centimètres vers la droite, il sait pertinemment qu’il a été ainsi déplacé. C’est précisément l’information dont nous avons besoin pour étudier les séismes.’

Combiner les données des accéléromètres à celles du GPS

Ce n’est pas la première fois que la piste des smartphones est suivie dans l’étude sismologique. L’on savait déjà que les accéléromètres incorporés d’origine aux smartphones sont suffisamment efficaces que pour détecter les premiers signaux d’un tremblement de terre. C’est l’accéléromètre qui vérifie si l’utilisateur tient son smartphone à l’horizontale ou à la verticale.

Cette étude va cependant plus loin et examine la manière dont les données du GPS du smartphone peuvent aider. Elle compare un ensemble de données hypothétiques comme celles qu’un smartphone collecterait durant un séisme d’une magnitude de 7 avec les données GPS détaillées que des capteurs au Japon ont enregistré durant le tremblement de terre (magnitude 9) qui eut lieu à Tohoku en 2011.

Les chercheurs ont vérifié si le smartphone pouvait détecter les séismes en cours, ou déterminer leur emplacement et/ou calculer leur amplitude. Les données du GPS étaient évidemment nettement plus précises, mais celles du smartphone semblèrent néanmoins décisives.

‘Comment mesurer la différence entre un tremblement de terre et de nombreux smartphones qui passent sur un casse-vitesse?’

Un obstacle est constitué par le fait que les téléphones mobiles sont souvent en mouvement: nous nous déplaçons avec eux, nous roulons sur des nids de poule et ou nous franchissons des escaliers. Douglas Given coordonne ShakeAlert, un système qui détecte rapidement les tremblements de terre, au U.S. Geological Survey: ‘Nombre de téléphones mobiles sont bringuebalés de-ci de-là, et nous essayons ainsi de mesurer les réactions au sol. Comment mesurer la différence?’

Une solution à ce problème est ce qu’on appelle en anglais un trigger: quelques critères susceptibles d’établir la différence entre un séisme et toute une série de smartphones qui sont secoués lorsqu’ils passent sur un casse-vitesse. Le trigger pour le séisme hypothétique de l’étude était le suivant: si un smartphone et ses quatre plus proches voisins ont enregistré le même déplacement au même moment et que l’on peut dire pareil de 100 autres téléphones dans les environs, alors et alors seulement, le système indiquerait qu’il y a tremblement de terre et enverrait une mise en garde.

Les données du séisme de Tohoku ont ensuite été utilisées pour vérifier si le nombre de fausses alarmes a pu être maintenu sous le seul d’1 sur 2 millions. C’était possible, aussi longtemps que 103 téléphones satisfaisaient aux critères trigger­.

‘Je pense qu’il y aura davantage de fausses alarmes que ce qu’affirme l’étude’

Yehuda Bock, géomètre à l’UC San Diego, étudie l’utilisation du GPS en matière de détection des séismes et d’autres catastrophes naturelles. Même si l’étude est théoriquement étayée, il doute de l’utilité pratique du réseau téléphonique: ‘Je pense qu’il y aura davantage de fausses alarmes que ce qu’affirme l’étude.’

Minson reconnaît que le système ne pourra pas être aussi précis dans le monde réel que décrit dans l’étude. Des tests doivent à présent le démontrer. Minson les effectuera l’année prochaine au Chili avec quelques centaines de smartphones: ‘L’on espère que ce sera une expérience enrichissante.’

Economique

Quoi qu’il en soit, l’avantage de ce genre de crowd-sourcing earthquake detection, c’est son côté économique, étant donné que les smartphones sont déjà achetés. La seule chose que les experts doivent faire, c’est programmer une appli qui relie les smartphones entre eux, ainsi qu’à un ordinateur central où les données seront collectées. ‘Le coût est en fait nul’, affirme Minson. ‘Surtout depuis que les gens s’achètent un nouveau téléphone tous les deux ans pour avoir le dernier modèle et le plus sophistiqué.’

Pas encore dans l’immédiat

Quiconque souhaite utiliser directement cette technologie, doit cependant prendre patience. Il y a en effet encore un grand pas à franchir entre la théorie et la pratique, selon Thomas Heaton, professeur de géologie et co-auteur de l’étude. ‘L’étude démontre que les mesures d’un smartphone ont le potentiel pour être utilisables, mais pour les exploiter vraiment, il faut encore pas mal progresser.’

Quoi qu’il en soit, l’on n’est pas vraiment pressé non plus de travailler avec les smartphones en Californie. L’on y prépare un système qui pourrait être opérationnel d’ici deux ans à condition de trouver le budget requis. Il repose sur des centaines de capteurs, dont certains sont si sensibles qu’ils peuvent mesurer la force d’attraction de la lune.

Chaque seconde compte

Un prototype du système a averti San Francisco huit secondes avant le tremblement de terre Napa de 2014. Cela peut paraître peu, mais lorsqu’il est question de séisme, chaque seconde compte, insiste Minson: ‘Si vous êtes en train de rouler, vous pouvez vous ranger sur le côté. Si vous êtes au travail, vous pouvez plonger sous votre bureau. Un chirurgien peut retirer son scalpel.’

Un réseau de smartphones peut compléter le système officiel ou être utilisé dans des endroits sans autre alternative, prétendent encore les chercheurs. ‘Si nous pouvons la faire fonctionner correctement, la prochaine étape sera d’exporter cette technologie dans le reste du monde’, conclut Heaton.

(SD)

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