Nokia et Proximus vont doubler la vitesse internet sur le réseau en cuivre

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Pieterjan Van Leemputten

Nokia et Proximus introduisent une primeur mondiale développée à Anvers. Grâce à ce qu’on appelle l”ultra dense vectoring’ (vectorisation ultra-dense), les armoires en rue pourront désormais connecter deux fois plus d’habitations à une vitesse supérieure. Une solution pour permettre une meilleure connectivité dans les zones dépourvues de la fibre optique.

Sous la dénomination ‘ultra dense vectoring’, Nokia, en collaboration avec Proximus, a mis au point une technologie qui va à terme doubler la capacité des armoires en rue. Aujourd’hui, elle est fixée à deux cents connexions, mais avec la nouvelle technologie, elle en autorisera trois cents, voire quatre cents à terme.

Pas besoin d’une seconde armoire en rue

Il s’agit là avant tout d’une bonne nouvelle pour Proximus même. En tant qu’exploitant de 28.000 ROP (armoires en rue) dans tout le pays, cela signifie qu’il ne faudra plus prévoir de seconde armoire, lorsqu’un ROP existant sera saturé. La consommation électrique sera en outre nettement réduite.

Mais c’est aussi une bonne nouvelle pour les clients, car leur vitesse maximale sera beaucoup accrue. ‘Nous passerons de 17 à 35 MHz, soit un doublement de la bande passante’, explique Patrick Delcoigne, Director Network Engineering & Operations chez Proximus. ‘Du coup, nous pourrons desservir nettement plus de clients avec la même infrastructure.’

Nokia et Proximus vont doubler la vitesse internet sur le réseau en cuivre
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Internet plus rapide via des paires cuivrées

Proximus a depuis 2004 déployé la fibre optique jusqu’aux armoires en rue. Pour rejoindre les habitations, il existe deux types de réseau. Il y a d’une part le nouveau réseau à fibre optique, destiné à desservir septante pour cent des ménages d’ici 2028. L’autre est le réseau en cuivre, à savoir le câble téléphonique classique par lequel Proximus fait aussi passer sa connexion internet.

Or ces paires cuivrées présentent des limites technologiques. Plus votre maison est éloignée de l’armoire en rue, plus la vitesse internet diminue. Ces 25 dernières années, Proximus a pu y faire solidement face grâce notamment à la qualité du réseau cuivré belge. L’entreprise est aussi passée de l’ADSL à l’ADSL2, ADSL2+, VDSL, VDSL2 pour migrer en 2013 vers la vectorisation, une technologie permettant d’atteindre des vitesses jusqu’à 100 Mbps.

L”ultra dense vectoring’ y capitalise pour arriver ainsi à la vitesse maximale et accroître le nombre d’habitations connectables. Voilà une nouvelle particulièrement intéressante pour toutes les personnes vivant dans des coins reculés, où la connexion n’atteint souvent pas la vitesse maximale annoncée au départ.

C’est ainsi que selon les chiffres les plus récents de l’IBPT, 2,8 pour cent de la population, soit quelque 137.569 ménages, n’ont pas accès à 100 Mbps. 0,9 pour cent (46.535 ménages) n’atteint même pas 30 Mbps. Si Proximus déploie l’ultra dense vectoring dans ces zones, ces chiffres s’amélioreront radicalement. Une ambition qui est partagée aussi par le gouvernement fédéral. C’est ainsi que la ministre Petra De Sutter souhaite éliminer les zones blanches, où on n’atteint pas 100 Mbps.

Made in Antwerp

Proximus utilisera la technologie surtout dans les régions, où l’entreprise ne prévoit pas le déploiement à grande échelle de la fibre optique dans l’immédiat. C’est ainsi qu’elle a procédé à une démonstration dans une armoire en rue à Andenne (Namur). L’innovation en tant que telle émane de Nokia, plus spécifiquement de la branche anversoise d’Alcatel-Lucent, en étroite collaboration avec Proximus.

‘Nokia Belgique se distingue en matière d’accès pour la fibre et le cuivre. Dans notre siège central, nous disposons d’une grande expertise en IP et en routage’, explique Geert Heyninck, general manager Broadband Access Business Unit de Nokia. ‘Mais Proximus nous a assistés au niveau opérationnel. Nous avons reçu des informations sur le fonctionnement, sur les améliorations possibles, ce qui s’avère une aide précieuse pour convertir la technologie en un solide produit.’

‘Développer un tel produit avec un jeu de puces propre est un processus pluriannuel. Il convient donc de contrôler en permanence s’il correspond toujours à ce qu’attend le marché. Si on peut obtenir d’un opérateur comme Proximus des réactions avant même de sortir un ASIC (Application-Specific Integrated Circuit, ndlr), il est alors encore et toujours possible d’améliorer certaines choses. Revenir ultérieurement en arrière s’avère plus compliqué.’

‘C’est là la qualité que nous voulons en Belgique’, ajoute Delcoigne. ‘Nous devons pouvoir être compétitifs et voulons donc une solution stable, même sur les réseaux cuivrés plus anciens.’

Filtrer 1 ligne à 199 reprises, fois 200

Même si une armoire en rue semble être à première vue un banal élément de mobilier urbain, Delcoigne et Heyninck aiment insister sur tout ce qu’elle contient comme technologie. Delcoigne: ‘La puissance de traitement y équivaut à quelques PlayStation.’

Patrick Delcoigne (Proximus) et Geert Heyninck (Nokia)
Patrick Delcoigne (Proximus) et Geert Heyninck (Nokia)© PVL

‘Pour le vectoring, nous disposons de deux cents paires cuivrées dans une même armoire, mais toutes ces paires provoquent des interférences sur d’autres paires (ce qui limite la vitesse, ndlr). Avec le vectoring, on entend en temps réel le bruitage des 199 autres paires pour le filtrer en temps réel, une opération qui se répète ensuite à l’ensemble des 200 connexions. Cela nécessite une énorme puissance de calcul. En réalité, l’armoire de rue est de la high-tech pure.’

Proposé au niveau mondial

Proximus sera la première firme à utiliser la technologie, alors que Nokia proposera l’ultra dense vectoring au niveau mondial. Mais au fait, une telle technologie a-t-elle encore beaucoup d’utilité à présent que les entreprises télécoms misent partout sur la fibre optique?

‘Il est évident que le monde entier migre vers la Fibre-To-The-Home (FTTH). Mais dans certaines régions, ce n’est pas encore pour tout de suite. Il arrive aussi que ce genre de déploiement s’avère trop coûteux compte tenu du nombre de clients à connecter’, précise Heyninck.

‘L’opérateur que vous êtes, a alors le choix. Soit vous maintenez vos clients à 60 Mbps, même si en Belgique, Proximus parvient à proposer jusqu’à 100 Mbps. Soit vous optez pour une solution intermédiaire comme celle-ci. Il y a donc bien un vaste marché pour cette technologie.’

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