Pieterjan Van Leemputten

Microsoft serait-elle de nouveau cool?

Tout un chargement d’appareils, des démos impressionnantes et – ah oui! – ‘Windows 10 marche du tonnerre’. Microsoft était aux anges mardi dernier. Alors, hasard heureux ou l’entreprise est-elle prête à vivre de nouvelles années glorieuses? Analyse!

Pourquoi une entreprise si dépendante des fabricants de PC conçoit-elle soudainement un ordinateur portable propre?

Avec le Surface Book, Microsoft présente une bien belle innovation. Magnifique design, nouvelle manière de combiner ou de dissocier l’écran et le clavier, léger mais en même temps puissant, voire (dans version la plus lourde) doté d’un processeur graphique Nvidia lui permettant d’égaler le Macbook Pro.

Surface Book
Surface Book© .
Microsoft serait-elle de nouveau cool?

Microsoft a donc tout intérêt à démontrer que l’ordinateur portable est encore et toujours bien vivant.

Microsoft veut-elle ainsi concurrencer ses propres partenaires? Non. Tout comme avec la première Surface, l’entreprise entend montrer ce qu’elle peut faire. Alors que jusqu’à dix ans passés, l’on ne parlait que du nombre de coeurs et de la quantité de RAM, il est surtout question aujourd’hui de trouver l’équilibre idéal entre le design (mince, compact, racé), le confort (utilisation, fonctionnalité, batterie) et la puissance de calcul. Microsoft veut démontrer où se situe cet équilibre et espère secrètement que d’autres suivront avec des appareils encore meilleurs tournant sur… Windows 10.

Quelle est l’alternative? Les iPad branchés, les Transformer Books dingues d’Asus ou les tablettes strictes de Samsung. Des appareils agréables ayant repris à leur compte les fonctions d’ordinateurs portables, mais qui ne tournent pas sur… Windows. Microsoft a donc tout intérêt à démontrer que l’ordinateur portable est encore et toujours bien vivant.

Ce n’est du reste pas un hasard si Microsoft compare son Surface Book au MacBook Pro. HP, Dell, Acer et Toshiba disposent aussi d’appareils du genre, mais il est plus diplomatique de comparer son appareil à celui d’un ancien rival qu’à celui d’un partenaire avec qui l’on discutera bientôt de licences OEM.

L’avenir appartient-il à l’Hololens?

La plus grande partie du hardware de l'HoloLens se trouve à l'avant de l'appareil. Quelques caméras ont pour but d'adapter les hologrammes à vos mouvements et aux objets dans le monde réel.
La plus grande partie du hardware de l’HoloLens se trouve à l’avant de l’appareil. Quelques caméras ont pour but d’adapter les hologrammes à vos mouvements et aux objets dans le monde réel.© Microsoft

Tout comme l’internet des choses, la réalité virtuelle introduit une nouvelle manière de voir les choses et avec l’Hololens, Microsoft montre son désir d’y mener la danse. Nous ne nous prononcerons cependant pas sur ses chances de succès. Si Microsoft peut convaincre les développeurs, l’on pourra alors en attendre beaucoup. Le principal inconvénient reste, comme nous l’avions précédememnt déjà mentionné, le champ de vision. Les démos de l’Hololens sont certes formidables, mais le fait est que l’appareil n’est pas tellement immersif. Son porteur visionne en fait un écran projeté, ce qui pourrait décevoir pas mal d’amateurs du genre.

Pourtant, l’Hololens est plus qu’un gadget. Alors que l’ordinateur portable doit être remis au goût du jour, l’entreprise entend aussi démontrer que son coeur de métier ne se situe plus à la seule combinaison écran-souris-clavier. Et que la réalité virtuelle est à présent un domaine où la lutte pour conquérir le consommateur est encore loin d’être finie.

Et maintenant un autre Windows Phone

Malheureusement pour l’entreprise, l’on ne peut pas en dire autant des smartphones. La division smartphones de Microsoft apparaît aujourd’hui comme un petit bateau finnois échoué et remorqué par le tanker appelé Windows 10. Malgré pas mal d’appareils et d’actions de marketing connexes, le consommateur opte pour Android ou iOS. L’histoire de l’oeuf et de la poule en quelque sorte. L’ado moyen ne veut pas d’un téléphone sans Snapchat et le développeur moyen ne veut pas développer pour la troisième plate-forme dans la file. Demandez-le donc à BlackBerry.

La division smartphones de Microsoft apparaît aujourd’hui comme un petit bateau finnois échoué

Mais il reste encore un obstacle. Les Lumia 950 et 950 XL passent inaperçus au niveau du look. Placez-les à côté de leurs prédécesseurs ou concurrents, et personne ne les remarquera. Alors que Microsoft parvient à rendre l’ordinateur portable plus sexy, tel n’est absolument pas le cas du design de ses smartphones.

Lumia 950
Lumia 950© Microsoft

Il est vrai qu’Apple, Samsung, Huawei et d’autres souffrent du même mal. Ces deux dernières années, je n’ai découvert pas le moindre appareil pour lequel j’ai eu un coup de foudre. Même pas un téléphone qui apprend à reconnaître la pression qu’on exerce sur son écran! Je préférerais plutôt un accu qui tient quatre jours…

Alors, n’y a-t-il là pas la moindre innovation? Si fait! Chaque appli Windows 10 tourne aussi sur les Lumia. Et chaque Lumia peut être convertir en substitut de desktop. Des choses dont les fans de Windows vont se régaler. Mais tout un chacun va-t-il pour autant acheter un Windows Phone? Samsung ou Huawei vont-elles renoncer à Android pour Windows? Probablement pas.

Pas unanime, mais omniprésent

Mais que le succès mitigé sur le marché des smartphones n’empêche pas Microsoft d’appliquer sa nouvelle stratégie forte. Sous Ballmer, Microsoft était un vieux géant. ‘Nerdy’, lent et surtout pas cool du tout. Le passage du software vers les appareils & services semble modifier cette image et c’est à présent ce que Nadella entend consolider.

Microsoft entend être présente sur chaque appareil possible, et si les appareils sur le marché ne sont pas satisfaisants, elle en crée elle-même.

Le coeur de métier de Microsoft, c’est Windows, mais avec tout autour des ordinateurs portables, tablettes, smartphones, contrôleurs d’activité, capteurs, consoles de jeu et casques holographiques. Des appareils couplés aux services du nuage Azure. Microsoft entend être présente sur chaque appareil possible, et si les appareils sur le marché ne sont pas satisfaisants, elle en crée elle-même.

Voilà qui démontre que Microsoft ne recherche plus le plus grand diviseur commun, mais préfère se lancer sur de nouveaux terrains. Sur pas mal de plans, l’entreprise a trouvé le point sensible du consommateur et réussit ainsi à rendre de nouveau attractifs des produits depuis longtemps matures tels les ordinateurs portables et ce, d’une façon dont on ne la jugeait pas capable, il y a encore quatre ans. Cela mérite des applaudissements.

L’on peut être pour ou contre Microsoft, mais l’on ne peut nier qu’à Redmond, l’on présente aujourd’hui de bien beaux produits qui démontrent que l’entreprise sait diantrement bien ce qu’elle est en train de faire.

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