Manque de concurrence sur le marché télécom professionnel

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Pieterjan Van Leemputten

Seize années après la libéralisation du marché télécom, les entreprises de plus de 200 collaborateurs n’observent guère de différence. Le choix se résume souvent à Belgacom et encore Belgacom.

Seize années après la libéralisation du marché télécom, les entreprises de plus de 200 collaborateurs n’observent guère de différence. Le choix se résume souvent à Belgacom et encore Belgacom. Pour la voix fixe, Belgacom est le seul fournisseur pour 64,4 pour cent des entreprises interrogées. Pour les connexions internet fixes, l’on en est à 45,9 pour cent et pour la communication mobile (voix + données), l’on atteint 64,6 pour cent. Un contrat dure généralement trois ans pour les services de ligne fixe et internet, et entre deux et trois ans pour les services mobiles. Souvent, il s’agit de contrats de trois ans qui sont prolongés jusqu’à deux fois d’un an, ou de cinq ans avec deux prolongements d’un an.

Toutes ces données proviennent d’une enquête réalisée par le groupement d’utilisateurs télécoms Beltug que Data News a pu consulter. L’étude a été effectuée auprès de deux cents entreprises clientes comptant plus de deux cents collaborateurs.

Où est la concurrence? Ce qui frappe, c’est que seuls six entreprises sur dix ont procédé ces deux dernières années à une comparaison entre plusieurs opérateurs. Mais dans la pratique, les entreprises ne reçoivent généralement que deux offres et ce, tant pour la voix, internet que pour les services mobiles. Il n’y a que dans 15-20% des cas qu’un troisième acteur intervient et dans moins de cinq pour cent des cas un quatrième acteur.

Cela signifie que ce sont surtout Belgacom et Mobistar qui occupent le marché professionnel. “Sur le marché professionnel plus vaste, les autres opérateurs ne jouent aucun rôle et ce, même s’ils sont connus sur le marché à la consommation”, peut-on lire dans le rapport de Beltug. L’organisation vise ainsi notamment Base et Telenet. C’est ainsi que si Base possède bien une offre mobile professionnelle, elle cible moins les clients professionnels en vue. Il en va de même pour Telenet qui peut certes présenter quelques clients importants en téléphonie fixe et internet, mais qui, pour le mobile sur le marché professionnel, préfère se concentrer sur les indépendants et les PME.

Beltug conclut donc qu’il y a trop peu de concurrence sur le marché des entreprises moyennes et grandes. C’est d’autant plus vrai en Wallonie, où Telenet n’est pas active. Même les entreprises le reconnaissent. Un tiers des firmes possédant trois sites ou plus déclarent que pour la voix fixe, elles ne font pas de réelle comparaison. Pour les connexions internet fixes, c’est une sur quatre, alors que pour le mobile, c’est une entreprise sur cinq qui ne compare pas.

“Via Belgacom? Pas de business case”Ce marché figé a d’autres causes encore. Comme il est complexe, changer d’opérateur prend du temps, coûte de l’argent et nécessite la connaissance. Or quiconque n’a guère de connaissance technique en interne, préfère tout acheter chez un seul et même opérateur. Mais la présence historique de Belgacom joue aussi un rôle. Voilà pourquoi Belgacom est souvent incontournable. Beltug cite dans son rapport une source télécom anonyme qui affirme sans ambages: “Si l’on doit relier 20-30 pour cent des sites via Belgacom, il est encore utile de rivaliser, mais dans le cas de pourcentages supérieurs, il n’y a pas de business case.” Selon le groupement des utilisateurs télécoms, il est ardu pour les entreprises télécom alternatives de décrocher des ‘service level agreements’, lorsqu’elles doivent travailler via Belgacom.

Pour accroître la concurrence sur le marché, Beltug invite donc dans son étude les autorités (fédérales et européennes), de même que les régulateurs IBPT et BEREC (le régulateur européen) à offrir les mêmes chances à tous les acteurs.

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