Les systèmes d’exploitation mobiles ‘indépendants’ sont-ils en déclin?

Frederik Tibau est rédacteur chez Data News.

Si le rachat de Nokia par Microsoft ne mettait qu’une seule chose en évidence, c’est bien que le modèle Apple, où chaque pièce est contrôlée de très près dans la chaîne de production, a du vent dans les voiles.

Si le rachat de Nokia par Microsoft ne mettait qu’une seule chose en évidence, c’est bien que le modèle Apple, où chaque pièce est contrôlée de très près dans la chaîne de production, a du vent dans les voiles. Apple ne jure depuis belle lurette que par l’intégration verticale du software et du hardware. Les troupes de Tim Cook prennent en charge tant le design de tout iPhone que le système d’exploitation (iOS) et le jeu de puces. Elles s’occupent autrement dit de tout ce qui fait l’expérience de l’utilisateur.

Tel n’est pas le cas chez Google et Microsoft. Ces géants technologiques ont mis sur les fonts baptismaux des systèmes d’exploitation relativement ouverts et indépendants pour appareils mobiles, avec l’idée que leurs plates-formes atterriraient ainsi plus rapidement sur les appareils de divers partenaires en hardware.

Comme Google a repris il y a quelque temps Motorola Mobility et lance des smartphones maison sur le marché (comme le Moto X), et comme Microsoft s’empare de Nokia pour se positionner plus nettement dans un secteur où les smartphones mettent à mal les PC, l’on dirait de plus en plus que le modèle ‘end-to-end’ fermé d’Apple est le grand gagnant. Les plates-formes indépendants ont-elles connu leur apogée? Le concept des partenaires en hardware est-il remis en question?

Il existe quelques bonnes raisons pour affirmer qu’un modèle verticalement intégré peut s’avérer intéressant. C’est ainsi que Samsung n’a commencé à vendre plus de smartphones qu’Apple qu’au moment où l’entreprise a dépouillé et adapté Android pour le rendre à peine reconnaissable (et ressemblant donc davantage à un Samsung-OS qu’à un Google-OS). Consistance, différentiation et reconnaissance, tels sont les atouts importants dans le petit monde mobile.

Tout semble du reste toujours plus indiquer que Samsung veut complètement se débarrasser d’Android. Le géant technologique paraît, pour ses appareils mobiles, mettre ses espoirs dans le système d’exploitation Tizen développé en partie par lui.

Google elle-même est consciente du besoin qu’elle a d’utiliser de véritables panneaux d’affichage pour démontrer tout ce dont Android est capable. L’offre toujours croissante de smartphones Android bon marché et bas de gamme de toute une série de partenaires douteux fait en tout cas plus de tort que de bien au système d’exploitation.

De son côté, Microsoft insiste depuis quelque temps déjà sur le fait qu’elle est devenue une entreprise de services et d’appareils. La société du CEO en partance Steve Ballmer a aussi échangé l’approche ouverte de sa plate-forme Windows Mobile contre un environnement plus fermé et mieux contrôlable dans Windows Phone, un peu à la iOS donc. Cela devrait se traduire par une plus grande stabilité et donc par une meilleure expérience au niveau de l’utilisateur.

Le rachat de Nokia est l’étape suivante dans cette stratégie. A présent, Microsoft pourra aussi surveiller de près toute la chaîne de production, ce qui ne devrait que profiter au consommateur.

Indépendants La conséquence, c’est que ne subsisteront que quelques fournisseurs ‘ouverts’ et ‘indépendants’ de systèmes d’exploitation mobiles (et qui ne sont pas liés à une grande entreprise de hardware). Il devrait s’agir de Firefox et d’Ubuntu (qui ont mis tous deux sur le marché une alternative open source à iOS, Android, Tizen et Windows Phone).

Bien que tout cela soit évidemment moins évident qu’il n’y paraît à première vue. Même iOS n’est pas complètement fermé. Ce système d’exploitation est en fait devenu populaire grâce aux applis de développeurs externes.

Mais il semble y avoir toujours davantage un consensus parmi les géants technologiques pour faire des systèmes entièrement ouverts comme Android des produits inconsistants et déconcertants qui ne conviennent non seulement pas pour le consommateur, mais pas non plus pour le partenaire en hardware et le développeur. Le complètement fermé est hors de question aussi pour ne pas étouffer l’innovation.

Le juste milieu s’apparente-t-il au ‘walled garden’ à la Apple, Microsoft et bientôt peut-être aussi Samsung, voire Google, comme étant la meilleure solution? L’avenir nous l’apprendra.

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