Les opérateurs préparent des cartes SIM numériques

Les cartes SIM ne servent pas uniquement au téléphones portables. © iStock Photos

Les cartes SIM numériques simplifieraient la distribution des cartes SIM et en réduiraient le coût. Elles seraient aussi tout simplement nécessaires pour l’internet des choses.

Les ‘wearables’ et les voitures connectées démontrent combien l’actuel modèle de distribution des cartes SIM s’avère peu pratique. C’est l’opérateur qui achète la carte SIM auprès du fabricant et qui la fournit à l’utilisateur pour activation. Pour diverses raisons, c’est une situation intenable, s’il s’agit de cartes SIM pour de très petits appareils ou des appareils fermés, comme c’est souvent le cas des ‘wearables’. Il va de soi que l’opérateur pourrait fournir directement la carte SIM au fabricant, mais dans ce cas, les lignes d’approvisionnement devraient être tenues à jour chez l’opérateur. La solution était pourtant évidente: incorporer une carte SIM virtuelle couplée par voie logicielle à l’opérateur et au client.

Deux ans et dix-sept mille heures de développement plus tard, un groupe de travail regroupant des fabricants de cartes SIM et des opérateurs a préparé une première version de la nouvelle norme SIM, qui s’appellera “embedded SIM” ou eSIM.

Plus de 40 opérateurs, fabricants SIM et producteurs de matériel et de logiciels supportent la spécification. Même Apple, bien que le groupe de travail GSMA admette ne pas conditionner le développement des produits d’Apple.

“Aujourd’hui, l’on peut choisir son appareil. De même que son opérateur. Cette liberté, nous entendons la conserver dans le nouveau monde. Nous voulons que l’utilisateur conserve le contrôle de ce qu’il emploie et avec quel abonnement”, déclare Jean-Christophe Tisseuil, en charge de la technologie SIM au sein du GSMA.

Selon Philippe Lucas d’Orange, l’eSIM s’apparentera à une révolution dans la fourniture des cartes SIM aux clients: “Aujourd’hui, on commande une SIM en ligne en 5 minutes, puis on attend 5 jours avant qu’elle soit délivrée dans la boîte aux lettres par la poste.” Avec l’eSIM, tout pourra se faire entièrement numériquement.

Il en ira de même pour le changement d’opérateur. Il ne faudra plus envoyer et échanger de cartes SIM. Medialaan espère que cela sera déjà possible lorsqu’elle reprendra les clients Jim Mobile de Base, comme stipulé par l’accord de rachat.

Le composant hardware toujours présent

En même temps, les opérateurs veulent rester les maîtres de leur SIM. La SIM est l’un des éléments cruciaux qui les distingue des Google et autres Facebook. Ce ne sera pas non plus une SIM virtuelle au sens où elle ne serait composée que de software. “Ce sera un composant hardware sûr et anti-intrusions. La sécurité est super-importante”, explique Carsten Ahrens de Giesecke & Devrient, l’un des principaux fournisseurs SIM. Les opérateurs associeront alors un profil propre à cette eSIM.

Le groupe de travail GSMA a présenté un premier ‘user case’ avec l’aide du Gear S2 de Samsung, le premier appareil à la consommation incorporant une eSIM. Le GSMA a démontré un exemple d’utilisation fonctionnant avec un voucher. Ce bon, qui peut être du simple papier, contient le numéro de série et le code pin de la carte SIM, comme c’est le cas à présent. La nouveauté, c’est le code QR sur le voucher, qui représente le lien avec le profil que l’opérateur entend installer sur l’eSIM dans le Gear S2.

On scanne le code QR avec son smartphone, puis on envoie le profil via l’appli Gear Manager vers le Gear. On redémarre ensuite le Gear, on saisit le code pin et on dispose d’un Gear S2 capable de téléphoner en mobile.

Selon le GSMA, d’autres procédures sont également examinées.

Encore quelques détails

La première version de la nouvelle norme, destinée à des applications à la consommation, date de fin décembre. Une deuxième version est attendue en juin. Mais il subsiste quelques détails à régler. Il y a ainsi la question de savoir dans quelle mesure les opérateurs devront adapter leur informatique ‘backend’ et si le système pourra aussi être utilisé pour les cartes SIM actuelles. Vijay Perumbeti, de l’organisation de standardisation d’AT&T, admet qu’il n’y a pas encore de réponse non plus à la question de savoir ce qui se passera en cas de problème au niveau du profil sur la carte SIM dans l’appareil. L’utilisateur devra-t-il dans ce cas mettre l’appareil au rebut ou le profil pourra-t-il être restauré?

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