Les données de navigation des Européens partagées des centaines de fois par jour

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Els Bellens

Les données de navigation des Européens sont en moyenne partagées 376 fois par jour par des services publicitaires. Chez les Américain, on en est même à 747 fois.

Ces chiffres proviennent d’une étude du groupe de protection de la vie privée Irish Council for Civil Liberties (ICLL), portant sur le trafic du secteur des enchères publicitaires en temps réel (real time bidding alias RTB). Pour vendre des annonces très ciblées, ce secteur utilise des traceurs. Quiconque recherche par exemple une nouvelle crème solaire, parce que l’été se manifeste soudainement, se voit rapidement proposer des publicités vantant toutes sortes de ces produits spécifiques. A l’arrière de ces publicités se dissimule une guerre d’enchères automatique entre courtiers, en vue de rechercher le publicitaire le plus pertinent sur base de votre comportement de navigation et de votre localisation.

Selon l’étude, les données de ce que de très nombreuses personnes regardent, y compris leur localisation, sont ainsi partagées chaque jour: en Europe quelque 197 milliards de fois par jour et aux Etats-Unis même 294 milliards de fois. Si on considère les estimations individuelles, les données d’un Européen seraient partagées automatiquement en moyenne 376 fois par jour dans ces systèmes, alors que celles d’un Américain le seraient jusqu’à 747 fois par jour. Pour son étude, l’ICLL se base sur un flux de Google, le principal courtier publicitaire au monde. Ce flux est disponible pour les firmes de marketing, mais pas pour le grand public.

Fuite de données

Selon le groupe irlandais de protection de la vie privée, tous ces utilisateurs n’ont pourtant pas donné leur autorisation à tant de trafic et à un tel comportement de partage. Il est donc question ici de la plus importante fuite de données de l’histoire. L’ICLL est depuis un certain temps déjà en procès avec IAB Europe, l’association sectorielle publicitaire européenne, à propos de la structure des cookies rendant possible les traceurs.

Le groupe de protection de la vie privée signale que les informations sont partagées via le RTB au niveau mondial avec des milliers d’entreprises, et qu’il n’existe aucun moyen de protéger les données sensibles. Les données RTB ont dans le passé déjà été exploitées par exemple pour révéler la présence d’un prêtre catholique sur l’appli de rencontres pour homosexuels Grindr et pour profiler des participants à des manifestations Black Lives Matter.

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