Le stockage des données pour 1 million d’années

Guy Kindermans Rédacteur de Data News

Un support de stockage qui conserve les donnes pendant 1 million d’années a été mis au point et testé à l’Université de Twente aux Pays-Bas.

Ce n’est pas précisément un produit qui sera commercialisé dans l’immédiat ou qui sera intégré directement dans une machine, mais il n’empêche que des chercheurs du Nanotechnologie Instituut de l’Universiteit van Twente (NL) ont inventé un système de stockage capable de conserver les données pendant 1 million d’années. Concrètement, ils ont développé un modèle-pilote composé d’un disque métallique en tungstène sur lequel les données sont gravées sous la forme de codes QR, puis recouvert d’une couche de nitrure de silicium. Les données proprement dites sont appliquées selon un procédé lithographique optique (comparable à l’éclairage de disques de silicium lors de la production de puces) et sont lisibles au moyen d’un microscope optique dans le modèle-pilote.

1 million d’années

Il s’agit en fait d’un système ‘worm’ (write once, read many times) optique avec un support de stockage particulièrement résistant aux modifications. Le tungstène présente un point de fusion très élevé et un coefficient de dilatation thermique extrêmement faible, alors que la couche de nitrure de silicium est très résistante (et offre aussi un faible coefficient de dilatation). Les changements dans le support de stockage, qui provoquent des pertes de données, sont ainsi extrêmement réduits. Les chercheurs ont testé le système en le chauffant notamment à 174 degrés Celsius (voire plus) et revendiquent le potentiel de stockage d”1 million d’années’ sur base des résultats obtenus. En ajustant encore mieux entre eux les coefficients de dilatation des différentes couches, ainsi qu’en améliorant le stockage physique des données mêmes et en prévoyant davantage d’informations de correction d’erreur, l’on pourrait encore enregistrer pas mal de progrès dans le domaine, selon les développeurs.

Avec le système de test actuel, les développeurs de Twente font déjà nettement mieux que le disque du projet Rosetta. Cette initiative de la Long Now Foundation concerne un disque contenant quelque 13.000 pages d’informations sur plus de 1.500 langues, mais dont la longue durée de conservation (grâce à l’utilisation de nickel) va de pair avec une fragilité de la couche de stockage. La Long Now Foundation vise des projets qui incitent à penser à très long terme (comme 10.000 années d’horloge, à savoir une horloge capable de fonctionner 10.000 années sans entretien).

L’expérience réalisée à l’Universiteit van Twente permet en tout d’espérer que finalement, la fin du XXème/le début du XXIème siècle ne passera pas comme un ‘trou dans l’histoire’. En effet, aujourd’hui, l’on peut craindre que l’actuelle quantité gigantesque de données numériques connaisse une vie aussi brève que celle des supports de stockage et/ou soit liée à la volonté incertaine de chaque fois réinstaller les fichiers de données sur de nouveaux supports. Tout cela en présupposant que le software nécessaire reste disponible pour interpréter correctement les données et que les utilisateurs n’effacent tout simplement pas les données après usage. C’est ainsi que nous disposons aujourd’hui encore d’informations sur la vie quotidienne des siècles précédents grâce, notamment, aux notes (sur parchemin) des abbayes moyenâgeuses et aux livres de comptes du XIXème siècle…, mais il est certain qu’aucune liste de courses telle qu’elle se trouve à présent sur nos smartphones, ne passera à la postériorité.

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