Lancement d’un robot AI prodiguant des conseils juridiques
TheJurists Europe lance le tout premier bot européen faisant appel à l’intelligence artificielle pour prodiguer des conseils juridiques aux entreprises. Il est à présent disponible dans une version bêta pour le marché flamand.
“Nous en rêvions depuis sept années déjà”, affirme Matthias Dobbelaere-Welvaert, managing partner de LesJuristes. “Le marché juridique classique n’a pas évolué depuis des décennies. Aujourd’hui, la technologie y fait enfin son apparition, ce qui devrait provoquer une véritable onde de choc dans le paysage juridique.”
Le robot juridique virtuel, baptisé Lee & Ally, est proposé dès à présent en version bêta sur le marché b2b flamand et cible comme public-test surtout les jeunes entreprises technologiques. La version bêta peut être testée gratuitement un mois durant, après quoi les testeurs paieront 35 euros par mois. Pour ce montant, ils pourront solliciter des réponses et documents juridiques au robot ou en revenir au helpdesk humain de LesJuristes à Gand. Le bot est spécialisé actuellement dans un nombre restreint de domaines juridiques: propriété intellectuelle, respect de la vie privée, e-commerce et droit d’entreprise. La version finale devrait être lancée au premier trimestre de 2018 dans quatre à cinq pays. Son utilisation reviendrait à 99 euros par mois.
Siri juridique
Il ne s’agit pas là de la seule initiative en ligne dans notre pays. Une start-up gantoise a en effet lancé en mai Jureca.be, combinant la technologie de matchmaking (rapprochement/liaison) à la base de données des juristes de l’ex-Zoekadvocaat.be. Et aux Etats-Unis, ‘legaltech’, le nom collectif de l’innovation dans le secteur juridique, effectue depuis assez longtemps déjà une véritable marche en avant. Récemment, un robot juridique gratuit pour particuliers y a encore été lancé.
Selon l’organisation mondiale de la propriété intellectuelle, 579 brevets ont été agréés l’année dernière, lesquels associent la technologie à de nouveaux services juridiques. Il y a cinq ans, il n’y en avait encore que 99.
Outre des plates-formes web, où les clients reçoivent des conseils prodigués par des fournisseurs de services juridiques (soit des humains, soit des bots), il s’agit aussi de logiciels qui assistent les juristes mêmes. Des programmes, tels ROSS, l’application juridique du superordinateur Watson d’IBM, sont en effet capables d’automatiser une partie de leur processus de travail. Au lieu de devoir eux-mêmes compulser des livres de loi, les avocats peuvent poser leurs questions à ROSS. Le ‘Siri juridique’ effectue alors directement des recherches dans une base de données juridique et indique aussi le degré de certitude de sa réponse. Si celle-ci ne convient pas, l’avocat peut le signaler, et ROSS continue ses recherches. Grâce à ce feedback, le robot peut continuellement optimaliser ses services.
Lee & Ally, le bot virtuel de LesJuristes, fonctionne de manière similaire. Après chaque question, vous pouvez indiquer si la réponse est mauvaise, moyenne ou bonne et pourquoi, afin que le bot devienne toujours plus intelligent.
Selon Dobbelaere-Welvaert, le droit deviendra ainsi automatisable à 99 pour cent. “La combinaison de la loi écrite (le code), le droit oral (la jurisprudence) et l’étude des deux (la théorie du droit) peut parfaitement être interprétée par un bot intelligent et être traduite en langage humain”, écrit-il sur un blog de Medium.
Coût: un million d’euros
TheJurists Europe avait recueilli précédemment un million d’euros pour le déploiement de sa plate-forme AI juridique. Ce montant provenait du Groupe Cronos, qui avait déjà investi dans l’entreprise gantoise. Celle-ci est actuellement en négociations en vue d’un investissement de série A, afin de développer plus avant la plate-forme sur le plan international.
“Nous n’allons pas nous arrêter là. Ce n’est que le début de l’histoire”, ajoute Dobbelaere-Welvaert. “TheJurists Europe et ses filiales ont plus tôt cette année déjà connu un changement d’image en catimini, afin de répondre à l’objectif de devenir à 80 pour cent une entreprise de software et à 20 pour cent un acteur de niche juridique. Toutes les entreprises deviendront à l’avenir des firmes technologiques, et LesJuristes n’y fait pas exception. Chaque année, la technologie AI s’améliorera incroyablement vite, et Lee & Ally suivra cette évolution jusqu’à devenir finalement la référence pour le droit automatisable”, conclut un ambitieux Dobbelaere-Welvaert.
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