La vérité (et rien que la vérité)

Stefan Grommen Stefan Grommen est rédacteur de Data News.

Quelle bonne idée que d’appeler son entreprise ‘la vérité’. Cela ne peut que susciter la confiance, surtout dans les pays occidentaux, où le développement de logiciels est toujours plus sous-traité à des pays à bas salaires.

Quelle bonne idée que d’appeler son entreprise ‘la vérité’. Cela ne peut que susciter la confiance, surtout dans les pays occidentaux, où le développement de logiciels est toujours plus sous-traité à des pays à bas salaires.

C’est beaucoup plus ennuyeux si vous trafiquez votre comptabilité des années durant, si vous présentez des résultats mensongers supérieurs à 1 milliard $ (quelque 750 millions EUR) et si vous avouez avoir fraudé. Ramalinga Raju, le président de l’entreprise IT indienne Satyam, a écrit cette vérité, le lendemain de l’Epiphanie, dans une lettre adressée à son conseil d’administration. Car Satyam signifie ‘vérité’ en sanscrit…

Le top des autres grands sous-traitants indiens, tels Infosys, se sont empressés de qualifier le cas Satyam d’atypique pour l’industrie de l’Inde. Même pas une semaine plus tard, la Banque mondiale interdisait à une autre entreprise indienne, Wipro, d’encore lancer des offres sur des contrats IT. Jusqu’en 2011. Wipro ne s’était manifestement pas gênée pour offrir des pots-de-vin. Précédemment, la Banque mondiale avait déjà fait de même avec Satyam. Et ce, alors que l’Inde était citée en exemple pour sa corporate governance et son solide management. Les traficotages ne sont donc pas freinés par les frontières, les continents, la couleur de la peau ou la culture. L’argent n’a pas d’odeur, et plus on a, plus on en veut.

Les CIO réfléchiront quand même à deux fois avant d’encore sous-traiter leurs logiciels, voire la gestion de leur réseau. L’externalisation est certes basée sur des contrats en fer, mais aussi fortement sur la confiance. Or la confiance, c’est également une certaine forme de transparence et même une certaine forme de ‘vérité’.

Et le phénomène ne se limite pas à l’Inde, malheureusement. Lorsque Swift sous-traita en 2001 son réseau à Global Crossing pour 300 millions EUR, le patron américain de Global Crossing déclarait en même temps que sa valeur boursière reposait en grande partie sur du vent. Et un peu plus tard, l’entreprise tomba vraiment en faillite. La vérité, il n’y a que çà de vrai…

Les syndicats citent l’exemple de Satyam pour bannir l’externalisation. Je crains malheureusement qu’il n’y ait pas de retour possible, mais il est clair qu’une certaine retenue, des points d’interrogation et des signaux d’alarme doivent être prévus. Car il s’agit en fin de compte d’une question de confiance. Et si la confiance se gagne petit à petit, elle se perd très vite. Ca, c’est la pure vérité!

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