Saskia Van Uffelen
La sécurité dans la solidarité
La semaine dernière, une TV intelligente de Samsung a causé l’émoi, parce qu’elle pouvait enregistrer des conversations dans les habitations et les envoyer à des tiers. La Belgique menace de s’enliser dans d’interminables débats en matière de respect de la vie privée et d’utilisation des données en ligne, alors que l’on aspire vivement à la numérisation, à un monde et à une économie connectés. Résultat? Nous éprouvons du mal à devenir le pays progressiste moderne que nous voulons être. Nous les avons, les applications intelligentes capables de stimuler notre économie et de faire croître notre pays, mais en raison de l’absence d’un cadre législatif adapté et d’actions claires, nous n’avons pas la possibilité de les implémenter.
The Internet of Things, où des objets sont interconnectés numériquement, impacte toujours davantage notre vie quotidienne. Dans des pays comme la Suède et la Norvège, tel est le cas depuis longtemps déjà. La semaine dernière, je me trouvais, en compagnie de la direction d’Ericsson, à Stockholm, une ville qui mise à fond sur les nouvelles technologies et où l’on prépare chaque jour un monde connecté. C’est ainsi que l’on y trouve des garages à vélos, où l’on peut voir avec son smartphone s’il y a encore des bicyclettes disponibles. Ou des poteaux d’éclairage intelligents qui s’illuminent lorsque vous vous en approchez, avant de s’éteindre, quand vous êtes passé.
Je me suis rendu compte qu’à Stockholm, tout un chacun est impliqué dans l’avenir numérique de la ville. Les entreprises y collaborent avec les autorités et avec l’utilisateur. C’est ainsi que Volvo s’associe avec DHL, ce qui fait que le service de colis ne se retrouve plus devant une porte close parce que tout le monde est au travail, mais dépose votre commande dans le coffre de votre voiture sur le parking de votre entreprise.
Qui plus est, Stockholm exploite les données collectées en ligne d’une manière à la fois correcte et éthique. Les entreprises et les pouvoirs publics y communiquent de façon ouverte et transparente avec les différentes parties. C’est ainsi qu’on explique clairement à quoi les données personnelles servent à l’utilisateur d’un frigo connecté, qui émet un signal, si des courses doivent être faites ou si la date de péremption d’un produit risque d’être dépassée. Grâce à une communication transparente, les utilisateurs de ces appareils connectés comprennent mieux la plus-value de l’utilisation des données personnelles.
Nous avons les applications intelligentes, mais en l’absence d’un cadre législatif adapté, nous n’avons pas la possibilité de les implémenter.
Lorsqu’on parle en Belgique de “l’internet des choses”, le ton devient bien vite négatif. L’on évoque à chaque fois l’abus possible des données, le transfert et l’exploitation des données personnelles et les risques du monde numérique. Mais quand donc se rendra-t-on enfin compte que cela pourrait améliorer notre vie? Il existe déjà des applications intelligentes pour les voitures, capables de détecter à temps le verglas sur la route, puis d’envoyer un signal au conducteur, mais en raison de l’absence d’un cadre législatif approprié, nous n’avons pas la possibilité de mettre en oeuvre ce type d’applications dans notre économie. Je plaide pour de meilleures règles de confidentialité, adaptées à une réalité connectée. Et pour que tout un chacun soit conscient que nos données sont nécessaires pour progresser, pour croître vers un monde solidaire positif. Peut-être devrions-nous penser à des labels de qualité pour les organisations qui sont en train de créer avec succès un monde en ligne plus sûr.
Nous devrions en outre miser sur la sensibilisation. Nous devrions mettre nos jeunes en garde contre les dangers en ligne, mais aussi les stimuler à découvrir les avantages du monde numérique. Et si nous rappelons aux gens qui circulent dans les rues commerçantes noires de monde le danger que représentent les pickpockets, pourquoi ne ferions-nous pas la même chose pour la fraude en ligne et d’autres formes d’abus? Il est urgent de mettre en oeuvre une utilisation éthiquement correcte des données, supportée par tous.
Nous tous sommes responsables de l’utilisation correcte des données. Vous et moi, conjointement avec les pouvoirs publics, les entreprises, les banques et les détaillants de demain. Bref, le respect de la vie privée et l’utilisation des données en ligne sont l’affaire de tout le monde. L’on ne peut en vouloir à une entreprise telle Samsung de stocker les données de votre téléviseur, mais on peut lui reprocher de ne pas communiquer de manière suffisamment ouverte et transparente. De plus, le consommateur doit mieux s’informer sur l’utilisation de ses données personnelles. Pour stimuler l’intégration et l’amélioration des solutions de protection des réseaux et des données, toutes les parties doivent tirer à la même corde. Il ne s’agit pas d’une histoire ou-ou, mais et-et.
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