La nervosité gagne les acteurs technologiques avant le ‘Y2K japonais’

L'empereur Akihito et son épouse l'impératrice Michiko. © AFP
Els Bellens

Le couronnement du nouvel empereur Naruhito pourrait engendrer un phénomène ‘Y2K’ au Japon. Le coupable n’est autre que le calendrier japonais, qui se réinitialise, lorsqu’un nouveau souverain accède au trône.

Le 30 avril de l’année prochaine, l’empereur Akihito du Japon cèdera sa place sur le trône à son fils. On le sait depuis quelque temps déjà, afin que la succession se passe de la meilleure manière qui soit. Or quelques développeurs de grandes entreprises technologiques lancent à présent une mise en garde contre une version nippone du bug ‘Y2K’. Le calendrier japonais se réinitialise en effet lors du couronnement d’un nouvel empereur. Chaque intronisation marque le début d’une nouvelle ère, mais le nouveau nom de la prochaine ère n’a pas encore été dévoilé.

Pour l’empereur Akihito par exemple, il s’agit de l’ère Heisei, qui débuta en janvier 1989, lorsqu’il monta sur le trône. Vous aurez donc compris qu’Akihito est empereur depuis le début de l’ère de l’information, et que l’ensemble des logiciels et du matériel IT modernes, largement utilisés n’a donc jamais encore dû s’adapter à une nouvelle ère au Japon. Tel sera donc probablement le cas au 1er mai 2019, date à laquelle la 30ème année Heisei se changera en 1ère année de la nouvelle ère.

Y2K

Dans ce sens, cette accession au trône fait un peu penser au bug Y2K de l’an deux mille de notre calendrier grégorien. A l’époque, les systèmes informatiques, qui n’avaient parfois que deux chiffres pour les années (après 19-), durent être adaptés au nouveau siècle. “Pour Y2K, on avait reconnu au niveau mondial que le changement pourrait provoquer des problèmes, et les autorités, ainsi que les éditeurs de logiciels envisagèrent des adaptations des années à l’avance. Mais même ainsi, quelques organisations connurent des problèmes au changement de siècle”, signale Shawn Steele sur le blog de Microsoft.

Comme après l’inauguration d’une ère nouvelle, on n’a pas le temps d’effectuer des tests de compatibilité, selon Steele, Microsoft a intégré dès la mise à jour printanière de Windows 10 un espace réservé dans le registre pour l’ère nouvelle, qui devrait donc démarrer le 1er mai 2019. “Cela devrait aider les utilisateurs à déceler les problèmes de logiciels”, ajoute Steele. “Nous encourageons les utilisateurs à s’assurer que leurs applications soient prêtes, avant le changement d’ère réel.”

Unicode

Microsoft n’est toutefois pas le seul acteur technologique à se faire du souci. Unicode, l’organisation internationale en charge des normes informatiques, est non seulement responsable des émoticônes, mais aussi – dans ce cas précis – des années. Or les ordinateurs japonais utilisent un seul caractère pour indiquer l’ère, et c’est Unicode qui se charge de cette norme.

Pour cela, l’organisation doit savoir comment la nouvelle ère s’appellera, mais le fait est que la monarchie japonaise ne s’est pas encore mise d’accord sur ce nom. L’on s’attend à ce qu’il soit divulgué au plus tôt fin février 2019. La nouvelle version d’Unicode sortira début mars. “L’UTC devra par conséquent faire preuve de créativité quant à la façon de s’y prendre, et examiner comment ajouter une version réduite d’Unicode à la structure, version qui soit suffisamment légère et rapide pour répondre aux exigences”, indique Ken Whistler dans un courrier adressé à l’UTC.

Anciens systèmes hérités

Pour ce qui est des ordinateurs vraiment anciens, le problème est entre-temps reporté à 2025. Nombre d’anciens systèmes tournent en effet encore sous l’ère Showa du prédécesseur de l’empereur Akihito. Pour ces ordinateurs, on en est encore à la 93ème année de Showa. Et dans sept ans, ils en seront donc à 100 ans de Showa et donc à un système à 3 chiffres auquel ils ne sont peut-être pas prêts.

Le service japonais des impôts annonce entre-temps qu’il continuera peut-être d’utiliser simplement les données Heisei, afin d’éviter toute confusion au niveau des déclarations fiscales, selon le journal The Guardian.

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