La Commission européenne reproche à Amazon de fausser la concurrence
La Commission européenne a accusé mardi la plate-forme de vente en ligne Amazon de fausser la concurrence sur les marchés de détail en ligne.
Elle reproche au géant américain d’utiliser systématiquement les données commerciales non publiques des vendeurs indépendants – souvent des PME – actifs sur sa place de marché au bénéfice de sa propre activité de vente au détail, qui est en concurrence directe avec celle de ces vendeurs.
Amazon doit maintenant répondre à l’exécutif européen, qui avait ouvert son enquête en juillet 2019, avant d’envisager de nouvelles étapes.
“Les données relatives à l’activité des vendeurs tiers ne devraient pas être utilisées au bénéfice d’Amazon lorsque celle-ci agit en tant que concurrente de ces vendeurs. Les conditions de concurrence sur la plateforme d’Amazon doivent également être équitables”, a déclaré la commissaire à la Concurrence Margrethe Vestager.
Cette annonce survient au moment où Amazon est critiqué pour avoir profité de la crise sanitaire qui contraint de nombreux commerces à fermer leurs portes, tandis que la vente en ligne bat des records.
Amazon a annoncé un triplement de son bénéfice net à 6,3 milliards de dollars au troisième trimestre, une envolée des recettes tirées de ses articles vendus en ligne de 38%, tandis que les ventes d’entreprises tiers utilisant sa plateforme ont augmenté de 55%.
La Commission a également ouvert mardi une seconde enquête formelle en matière de pratiques anticoncurrentielles, sur un possible traitement préférentiel des offres de détail d’Amazon et de celles des vendeurs de sa place de marché qui utilisent les services logistiques et de livraison d’Amazon.
Plus particulièrement, elle examinera si les critères fixés par Amazon pour sélectionner le vainqueur de sa “boîte d’achat” (Buy Box) et ainsi permettre aux vendeurs de proposer des produits à des utilisateurs “Prime”, dans le cadre d’un programme de fidélisation, conduisent à un traitement préférentiel de l’activité de détail d’Amazon ou des vendeurs qui utilisent les services logistiques et de livraison d’Amazon.
La Commission doit par ailleurs annoncer en décembre de nouvelles législations pour mieux encadrer et rendre plus transparentes les grandes plateformes d’internet, en mettant notamment à jour sa directive e-commerce vieille de 20 ans, quand les nouveaux acteurs du numérique n’étaient pas encore nés ou faisaient leurs premiers pas.