La Belgique encore à la traîne au classement européen de la fibre optique malgré une croissance rapide

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Pieterjan Van Leemputten

Le déploiement de la fibre optique en Belgique a triplé en l’espace d’un an. Notre pays est ainsi celui qui a crû le plus vite en Europe. Mais en comparaison avec d’autres états, notre pays n’est encore nulle part.

Entre septembre 2018 et septembre 2019, quelque 78.000 habitations et bâtiments en plus ont été connectés à un réseau à fibre optique, ce qui représente une hausse de 307 pour cent. Voilà ce qu’a déterminé l’agence de consultance IDATE à la demande du FTTH Council Europe, en quelque sorte le lobby de la fibre optique.

Notre pays est ainsi celui qui a progressé le plus en Europe. On trouve ensuite l’Italie (+72,9 pour cent), l’Irlande (+70,4 pour cent), la Suisse (+69,1 pour cent) et la Grande-Bretagne (+50,8 pour cent).

Cette croissance est partiellement due au projet FTTH de Proximus qui investit depuis quelques années pleinement dans la fibre optique et qui veut encore accélérer cet investissement dans les années à venir. Mais ces chiffres ne signifient cependant pas que notre pays mène subitement la danse sur le plan du déploiement de la fibre optique. Au classement, la Belgique n’apparaît même pas, étant donné que le nombre de maisons et bâtiments connectés est encore trop bas. Il n’y a que l’Autriche avec ses 1,9 pour cent de taux de pénétration qui fait moins bien que nous.

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.© FTTH Council Europe / IDATE

Le FTTH Council établit chaque année un classement des pays qui investissent dans la fibre optique. Il prend pour cela en compte l’Europe géographique, soit 39 pays en tout. En nombres absolus, c’est la Russie qui domine largement, suivie par la France et l’Espagne.

Si l’on considère le pourcentage des connexions à la fibre optique, ce qui est plus pertinent pour le degré de couverture, surtout dans les plus petits pays, c’est l’Islande qui, avec ses 65,8 pour cent de taux de pénétration, est l’état le plus connecté à la fibre optique. Suivent ensuite la Biélorussie (62,8 pour cent), la Suède (56,8 pour cent), l’Espagne (54,3 pour cent) et la Lettonie (53,9 pour cent).

Qualité du réseau

Le classement mérite cependant d’être nuancé: beaucoup de pays qui sont aujourd’hui plus avancés sur le plan de la fibre optique, disposaient d’un réseau téléphonique nettement moins adapté à l’internet à haut débit que le nôtre.

En Belgique, un acteur tel Proximus a pu nettement plus longtemps capitaliser sur cette infrastructure, ce qui fait que le besoin de fibre optique était moins urgent. L’infrastructure par câble de Telenet autorise aujourd’hui aussi des vitesses jusqu’à 1 Gbps, mais comme ici, la connexion aux habitations s’effectue coaxialement et pas par la fibre optique, elle n’est pas reprise comme FTTH.

172 millions de connexions

Pour les 39 pays examinés, l’organisation comptabilise à présent 172 millions de maisons ou de bâtiments connectés et 70,4 millions d’abonnés à la fibre optique. Cela revient à un taux de couverture de 49,9 pour cent. Dans l’UE à 28, il est question de 39,4 pour cent.

Une tendance intéressante: aujourd’hui, 41 pour cent du déploiement de la fibre optique est à mettre au compte du monopoliste national historique, ce qu’on appelle en jargon l’incumbent. En 2011, ce n’était encore que 21 pour cent. Dans 55 pour cent des cas, le déploiement est l’affaire de fournisseurs internet alternatifs, contre 71 pour cent en 2011. Le reste du déploiement est surtout assumé par les entreprises d’utilité publique ou les autorités locales. Voilà qui indique que les grands opérateurs misent actuellement nettement plus sur la fibre optique qu’avant.

La 5G pas favorable

Le FTTH Council Europe signale que davantage d’opérateurs échangent les connexions cuivrées (lignes téléphoniques classiques) contre la fibre optique et que des éléments comme les réseaux communautaires et les collaborations entre opérateurs et pouvoirs publics favorisent l’adoption de FTTH.

Mais il y a aussi l’une ou l’autre technologie qui veille précisément à réduire la demande d’un déploiement de la fibre optique. Tel est le cas notamment de G.fast et de Docsis 3.1. Cette dernière est une technologie réseautique d’entreprises du câble comme Telenet, qui assurent via coax la connexion jusqu’au living. Le déploiement de la 5G ralentit également l’investissement dans la fibre optique, selon l’organisation.

Est-ce néfaste pour la vitesse de notre internet? Pas nécessairement. L’étude du FTTH Council porte spécifiquement sur les investissements dans la fibre optique. Mais il se peut tout aussi bien que les opérateurs puissent pendant quelques années encore proposer des vitesses (quasi)gigabits sur base de leur réseau mobile (5G) ou d’une autre technologie par le biais de réseaux fixes.

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