L’UE entend bannir l’enregistrement anonyme de noms de domaine

Els Bellens

L’Union européenne prépare une proposition de loi destinée à mettre des bâtons dans les roues des criminels, mais des activistes de la confidentialité constatent qu’elle pourrait également perturber les lanceurs d’alerte.

L’UE est en train d’élaborer une loi qui obligera bientôt de décliner des données personnelles lors de l’enregistrement d’un nom de domaine. Quiconque enregistre actuellement un nom de domaine, doit fournir au registrar (par exemple Combell ou Proximus) un nom, une adresse et un numéro de téléphone, mais dans la pratique, ces données ne sont pas vérifiées. Il est par conséquent assez facile d’enregistrer un nom de domaine au moyen de fausses données. L’UE veut à présent y mettre fin. Selon les nouvelles règles, le demandeur devrait décliner un numéro de téléphone opérationnel, ainsi qu’un nom complet, une adresse mail et une adresse physique.

L’UE assumera la responsabilité de vérifier si ces données sont correctes auprès des registrars mêmes. ‘Les organismes d’enregistrement de domaines de top level et les services proposant l’enregistrement de noms de domaine doivent instaurer des règles et des procédures pour la collecte et la gestion des données d’enregistrement précises, vérifiées et complètes’, peut-on notamment lire dans la proposition de loi.

Pour ou contre

Plusieurs grandes organisations, dont l’ICANN, demandent depuis assez longtemps déjà de compliquer l’enregistrement anonyme de noms de domaine. Lorsqu’un nom de domaine ne peut être lié à quelqu’un, il pourrait en effet être plus souvent utilisé pour propager par exemple du malware ou des films et de la musique illégaux.

Des activistes de la confidentialité y voient cependant un danger pour la liberté d’expression. Ils font observer que la sécurité des lanceurs d’alerte et des activistes politiques réside souvent précisément dans leur anonymat, lorsqu’ils rendent publiques des informations qui présentent par exemple un régime sous un piètre aspect. De cette manière, ils seraient poussés vers le web clandestin (‘dark web’). DENIC, le registrar du nom de domaine de top level allemand .de, indique de son côté que la proposition de loi actuelle manque peut-être son objectif. Elle n’aurait que peu d’impact sur l’abus de DNS, parce qu’elle ne demanderait que les données du ‘registrant’, sans savoir quelle organisation réelle se trouve derrière le nom de domaine.

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