L’OCDE plaide pour utiliser du spectre supplémentaire en vue de délester les réseaux mobiles

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Pieterjan Van Leemputten

L’OCDE y va de quelques recommandations qui devraient faire en sorte que les réseaux tant fixes que mobiles restent opérationnels durant la crise du corona. Une mesure étonnante consiste à utiliser du spectre inutilisé pour alléger les réseaux mobiles.

La propagation du covid-19 fait en sorte que de très nombreuses personnes soit travaillent à domicile, soit sont confinées chez elles au chômage. Depuis quelques semaines, cela génère une hausse du trafic sur les réseaux fixes et mobiles.

On n’a pas encore observé de gros problèmes, car beaucoup de réseaux peuvent faire face à une telle croissance au fil du temps, mais cela n’empêche pas l’OCDE de faire quelques recommandations pour que la situation ne se détériore pas.

C’est ainsi qu’elle plaide pour l’utilisation d’un spectre inutilisé par les opérateurs mobiles. La capacité des réseaux 3G et 4G dépend en effet étroitement des fréquences par lesquelles le trafic de données peut circuler. En rendant temporairement disponible le spectre non utilisé, un opérateur peut répartir la charge des réseaux mobiles.

Selon l’OCDE, AT&T, Verizon et T-Mobile ont ainsi obtenu aux Etats-Unis l’autorisation d’utiliser le spectre inutilisé du fournisseur par satellites Dish, plus spécifiquement la bande de 5,9 GHz. Et en Irlande, ce sont les spectres de 700 MHz et de 2,6 GHz qui sont invoqués pour ce faire.

Noeuds internet

Autre point abordé: les noeuds internet, alias les internet exchanges (IXP). L’OCDE évoque le besoin de connexions directes entre les réseaux nationaux. Sinon, la gestion réseautique d’un opérateur doit toujours passer par ce genre de noeud, ce qui génère une sollicitation inutile.

Comme exemple, l’organisation cite deux acteurs télécoms au Canada, qui ne s’envoient pas directement le trafic de leurs utilisateurs, mais bien via un noeud internet aux Etats-Unis. De ce fait, 64 pour cent du trafic réseautique local canadien transite d’abord par l’étranger. “Cela amplifie les coûts et l’instabilité réseautique des clients canadiens. Une absence d’interconnexion directe impacte négativement les performances internet globales d’un pays, tout en faisant grimper les coûts et les risques”, affirme-t-on au sein de l’OCDE.

Centres de données et ingénieurs télécoms

Les centres de données s’avèrent également cruciaux. L’organisation appelle par conséquent à ne pas fermer les frontières pour ne pas compliquer la commande et la livraison de matériel notamment. Les centres de données doivent pouvoir assurer la maintenance, la réparation et la mise à niveau de leur équipement, parce qu’ils sont cruciaux pour les services numériques.

En même temps, l’OCDE prétend que les autorités doivent classifier les ingénieurs en communication comme du personnel essentiel, afin qu’ils puissent continuer de travailler au niveau des centres de données, pylônes d’antennes ou réseaux câblés.

A long terme, l’OCDE plaide pour que les opérateurs investissent davantage dans la fibre optique et suppriment progressivement les connexions DSL et ce, même si c’est là un travail qui peut durer une décennie, voire plus. C’est ainsi que Proximus est occupée à déployer chez nous la fibre optique depuis quelques années déjà.

Il nous faut ici apporter la nuance, selon laquelle la plupart de ces recommandations ne semblent pas viser la Belgique. Les réseaux mobiles n’ont chez nous pas encore connu de pannes à grande échelle ou de longue durée en raison de la crise du corona, et les opérateurs ont fait savoir au début du confinement déjà qu’ils étaient prêts à faire face à des pics supplémentaires. BNIX, le noeud internet belge, a en mars annoncé également ne pas enregistrer de pics inédits à cause de la crise du corona, mais qu’il serait de toute façon prêt à les absorber.

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